Actualités

Récit d’une trajectoire hors norme

Edition N°23 – 15 juin 2022

Domicilié à Schönbühl depuis 1975, Jean-Jacques Dubois est toujours resté très attaché au village de Corcelles. (photo oo)

Enfant de Corcelles né en 1945, Jean-Jacques Dubois a déménagé à Schönbühl en 1975 pour des raisons professionnelles, mais il revient très régulièrement dans le Cornet pour y retrouver sa famille et ses amis. C’est avec un brin de nostalgie qu’il se remémore les moments forts d’une jeunesse heureuse lui laissant des souvenirs inoubliables. Rencontre avec un homme franc, direct et loyal. 

Loin des yeux, loin du cœur est un adage qui ne colle pas forcément avec le destin de Jean-Jacques Dubois puisque l’éloignement de son village n’a jamais atténué l’amour qu’il lui porte. Signe qu’il est possible de se déraciner sans pour autant perdre son identité. Né à la maternité de Moutier en 1945, il a suivi ses neuf ans de scolarité à l’école primaire de Corcelles avec le même instituteur, Jean Gobat. Le plus passionnant avec Jean-Jacques Dubois, c’est de l’écouter narrer sa trajectoire professionnelle hors norme. En s’engageant aux CFF en tant que commis de gare, il imaginait avoir décroché le jackpot au niveau de la sécurité de l’emploi, mais c’était sans compter sur une amélioration technique du système en vigueur qui a conduit à la suppression de son poste. Son choix s’est alors porté sur la police cantonale bernoise avec une première expérience d’agent au poste de Reuchenette et une deuxième à Delémont où il sillonnait la ville avec une voiture privée pour se charger des accidents et de la petite criminalité, par exemple. L’opportunité de rejoindre la police de sûreté à Berne s’est présentée et l’ami Jacki a franchi le pas sans jamais le regretter. Durant trois ans, il fut détaché à la sûreté de Moutier avec le sulfureux dossier de la Question jurassienne dans le pipeline. Pas triste ! Et surtout une bonne école pour la suite de sa carrière, à Berne, au service spécial de la filature (drogue, cambriolages, prostitution, etc.). Il a occupé la fonction de chef de groupe de 1980 à 1995 : « Pourquoi moi ? J’étais parfaitement bilingue avec de bonnes connaissances en italien. Cela a forcément joué un rôle puisque nous étions en contact étroit avec les polices des pays limitrophes. Les qualités humaines avec les collègues ont probablement pesé dans la balance elles aussi. » 

Du sang-froid dans les moments chauds 

Secret professionnel oblige, il n’est évidemment pas possible de rentrer dans les détails, mais on signalera simplement que son immersion dans les milieux où les délits se tramaient lui a parfois valu de grosses montées d’adrénaline. « Il ne fallait pas perdre les pédales et surtout toujours avoir une bonne explication lorsqu’on me demandait : au fait, pourquoi t’es ici, toi ? C’est ce qu’on appelle la légende dans le jargon de la filature », relève-t-il. La recherche d’informations constituait également une part très importante d’un travail qui exige du flair, de la patience, un grand discernement. Et surtout, du sang-froid dans les moments chauds…

Fils d’un agriculteur-horloger à domicile au train de vie modeste, Jean-Jacques Dubois et ses deux sœurs ont prêté main-forte à leurs parents en s’attelant aux travaux de la ferme avec un degré de pénibilité élevé. A cette époque-là, Corcelles comptait encore une trentaine d’agriculteurs contre trois aujourd’hui. Une poste, une épicerie et le restaurant du Moulin rythmaient la vie sociale. La poste et l’épicerie ont disparu, mais il reste toujours un restaurant, en l’occurrence l’Etrier d’Argent, tenu de main de maître par la famille Ast-Wisard. Niché au cœur d’une nature généreuse, Corcelles est un havre de paix dans lequel il fait bon vivre. Depuis leur domicile de Schönbühl, Jean-Jacques Dubois et son épouse reviennent régulièrement dans le Cornet pour partager des moments de convivialité avec la famille et les amis. Le couple coule également des jours heureux dans une ferme rénovée du sol au plafond par Jean-Jacques située au lieu-dit le Buemen, en direction du col du Béclet. C’est pas beau la retraite ? 

Olivier Odiet 

Domicilié à Schönbühl depuis 1975, Jean-Jacques Dubois est toujours resté très attaché au village de Corcelles. (photo oo)