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Saype s’offre une récréation

Edition N°26 - 3 juillet 2019

Artiste mondialement connu qui vient de s’illustrer par la réalisation d’une fresque géante sur le Champ de Mars à Paris, Saype a récemment initié 200 élèves de l’école primaire du Clos à Moutier (3H à 6H) à l’art du graffiti dans le contexte d’une semaine hors-cadre. Visiblement très à l’aise sur la terre prévôtoise qu’il connaît très bien pour avoir travaillé à l’hôpital de Moutier, cet artiste autodidacte s’est montré très accessible et sympathique lors de cet exercice d’art très intéressant qui n’aura pas manqué de susciter des vocations. (photo Claude Gigandet)

Quelle belle aubaine pour près de 200 élèves de l’école primaire du Clos à Moutier de s’initier à l’art du graffiti avec un maître en la matière, le mondialement connu Saype. Précisons qu’il n’est pas vraiment un inconnu à Moutier, puisqu’il y a habité six ans, qu’il a épousé une Prévôtoise et a travaillé à l’hôpital. Cet artiste vient d’ailleurs récemment de réaliser une fresque géante de 600 mètres de long par 25 de large, sa spécialité, sur le Champ de Mars, au pied de la tour Eiffel, dans le cadre de son projet «BeyondWalls», représentant des mains entrelacées. Un projet qui se poursuivra dans plus de vingt villes dans le monde durant cinq ans. Son leitmotiv: «Nous vivons dans une période de repli sur soi, et les problèmes se règlent main dans la main».

Artiste autodidacte né en 1989, Saype débute la peinture à l’âge de quatorze ans par le biais du graffiti. Très vite, il travaille entre la rue et son atelier et expose ses premières œuvres en galerie à l’âge de seize ans. Ce Belfortin d’origine se nomme Guillaume Legros et tire son pseudonyme anglais de Say peace (dire la paix). On se souvient d’un de ses premiers travaux gigantesques peint sur herbe, tiré d’un vrai personnage, un mineur qui s’est consacré pendant dix ans à l’autoroute, avec casque, lampe frontale et un pic sur l’épaule, portrait très ressemblant, lors de l’inauguration du tronçon de l’A16 Court-Loveresse. Il a encore peint les graffitis, avec des enfants, des murs du tennis l’Avenir de Moutier. Actuellement, il expose ses œuvres au Popa de Porrentruy, musée international d’art optique. Aujourd’hui, Saype est domicilié à Bulle.

Artiste engagé

Passionné par la philosophie et les questions existentielles, sa peinture explore le plus souvent des problématiques autour de l’être humain. Son travail est pour lui un moyen de partager sa vision du monde et nous invite à nous interroger sur notre nature profonde, notre esprit, notre place sur terre et dans la société. Sa démarche reste la réflexion autour de l’être humain. Ses œuvres ont un retentissement sans frontière. Les médias du monde entier partagent ses exploits, et l’artiste est sollicité de toute part pour réaliser des interventions dont le sujet est cohérent avec sa démarche. Saype entretient le même lien entre toutes ses réflexions, ses réalisations, et ses projets s’inscrivent dans une globalité du questionnement universel. Il est le seul artiste au monde à employer ces techniques.

Œuvres hors format

Depuis 2013, il a passé aux toiles hors format. Pour ce faire, il transpose son travail sur plexiglas qu’il peint sur différents plans ensuite assemblés, ce qui amène ces dimensions géantes à son travail. Pionnier dans le domaine de la peinture sur herbe, son courant artistique s’inscrit entre le land art et le graffiti. Il réalise des visages éphémères dans les paysages, avec de la peinture 100% biodégradable qu’il prépare lui-même. Sa composition: de l’huile de lin, de l’eau et de la farine mélangées à des pigments naturels lui permettent d’obtenir une peinture qui forme, lorsqu’elle sèche, une sorte de colle résistante à la pluie. Il préfère laisser une trace dans les esprits, et non dans la nature, argumente-t-il. Il expose ses travaux dans plusieurs foires d’art internationales et est invité à différentes expositions et projets en France, en Suisse et ailleurs. Il réalise une première mondiale en 2015 dans les Alpes françaises avec une fresque de 1400 m2. Il fait encore plus fort à Leysin avec une œuvre, la plus grande au monde, de plus de 10’000 m2. A Genève, une fillette qui jette un bateau à l’eau a été vue par 120 millions de personnes, en soutien à une ONG qui demandait à la Suisse d’accorder son pavillon pour l’Aqurius, un navire qui venait au secours des migrants en mer.

Ecoliers sous le charme

La semaine dernière, Saype, qui connaît la directrice adjointe d’école Monia Koenig, a initié les enfants de la 3H à la 6H à la technique du graffiti. Sur une grande bâche à l’entrée de l’établissement, Saype, très à l’aise avec cette ribambelle juvénile, leur a expliqué comment composer un paysage spatial sur une feuille de format A3. On marque avec une bombe de spray le contour des planètes avec des caches de formes rondes, on y ajoute des couleurs avec d’autres spays, on tamponne la peinture fraîche avec un journal chiffonné pour des effets galactiques, on ajoute un fond noir des petites taches blanches pour les étoiles, et l’effet est saisissant. Les enfants sont aux anges et chacun repart à la maison avec son œuvre à chaque fois différente, réalisée en compagnie d’un orfèvre en la matière. A voir leurs mines réjouies, on sent bien que chacun y a pris bien du plaisir. En plus, en travaillant en binôme, ils ont aussi associé découverte et coopération grâce à un artiste de renommée mondiale qui s’est montré très accessible et sympathique. Et on risque de le revoir bientôt chez nous puisque sa belle-famille y réside. En attendant, il a laissé une jolie trace chez les enfants d’ici qui pourront crânement affirmer: «J’ai réalisé ce graffe avec Saype!»

Claude Gigandet

Artiste mondialement connu qui vient de s’illustrer par la réalisation d’une fresque géante sur le Champ de Mars à Paris, Saype a récemment initié 200 élèves de l’école primaire du Clos à Moutier (3H à 6H) à l’art du graffiti dans le contexte d’une semaine hors-cadre. Visiblement très à l’aise sur la terre prévôtoise qu’il connaît très bien pour avoir travaillé à l’hôpital de Moutier, cet artiste autodidacte s’est montré très accessible et sympathique lors de cet exercice d’art très intéressant qui n’aura pas manqué de susciter des vocations. (photo Claude Gigandet)