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Stefanie Klemm : clap de retour !

Edition N°46 - 15 décembre 2021

Stefanie Klemm : « Ce tournage était une période difficile, mais aussi une très belle expérience. » (photo lb)

Deux ans après avoir posé ses caméras dans notre région, la réalisatrice bernoise Stefanie Klemm y retourne pour parler de son premier film, un drame suisse allemand intitulé « Von Fischen und Menschen » ou « Des poissons et des hommes » en français, sorti cette année sur nos écrans. Rencontre à la ferme piscicole d’Elay où s’est déroulée la majorité du tournage.

« J’aime énormément venir ici. Ce tournage était une période difficile mais aussi une très belle expérience », raconte Stefanie Klemm en arpentant les bassins vides de la ferme piscicole. « Quand je revois ce coin, j’aperçois tellement de détails. Nous avons vraiment été gâtés par de magnifiques images, des images dont nous pensions d’abord ne pas avoir besoin », explique la réalisatrice en observant le paysage gelé. Elle et son équipe auront passé quatre semaines de tournage intensif dans ce lieu pittoresque. Une période durant laquelle l’exploitation piscicole de la famille Hebeisen s’est muée en un véritable quartier général pour la production du film. Stefanie Klemm se souvient encore très bien du tournage des scènes aquatiques pour lesquelles ses cameramen ont dû barboter dans une eau glacée malgré la chaleur estivale. Mais là n’était qu’une difficulté parmi tant d’autres. « C’est un endroit extrêmement isolé, nous n’avions au début aucune réception téléphonique, ce qui a parfois occasionné quelques complications », se rappelle la réalisatrice avant d’ajouter que l’absence de téléphones a aussi eu du bon car apportant un certain calme durant le tournage. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas seulement limité à la commune d’Elay puisque l’équipe du film a aussi tourné devant le magasin Au P’tit lait à Grandval, dans les couloirs de l’Hôpital du Jura à Delémont et dans plusieurs décors saugrenus situés dans les alentours de Bienne.

Le décor parfait

Mais pourquoi donc avoir choisi une petite ferme piscicole perdue au fin fond du Jura bernois pour y tourner un projet au budget de près de 2 millions de francs ? « Les autres exploitations piscicoles que j’ai visitées en Suisse étaient toutes trop grandes et ne correspondaient pas à mon histoire », explique Stefanie Klemm. « Quand j’ai découvert il y a quatre ans ce lieu à Elay, j’ai été immédiatement convaincue car il s’agissait d’une exploitation familiale qui n’avait même pas de site internet. Cela collait très bien avec le personnage principal de mon film. » Si ce tournage s’est fait remarquer dans la région, par exemple en bloquant pour les besoins d’une scène la route cantonale traversant Grandval, le film en lui-même s’est relativement fait discret dans nos cinémas locaux.

Histoire inspirée d’une expérience personnelle

Petite piqûre de rappel. On y suivait une mère célibataire, Judith, gérant une ferme piscicole tout en élevant sa fille, Milla. Mais tout s’effondre lorsque la petite meurt accidentellement lors du braquage d’une station-service. Terrassée par le deuil puis ravivée par la colère, Judith se met en tête de retrouver le meurtrier dans l’idée de lui faire regretter ses actes, sans se douter que Gabriel, ancien toxicomane et seul employé de la ferme piscicole, a sa part de responsabilité dans ce drame. Une histoire tragique mais aussi fictionnelle, bien que Stefanie Klemm se soit inspirée d’une expérience personnelle pour rédiger le scénario. « J’ai moi-même vécu un braquage d’une station-service il y a quelques années. Je me suis mise à beaucoup écrire durant cette période et me suis dit par la suite que je pourrais m’inspirer de cette expérience », développe la réalisatrice en abordant la genèse du projet. « Je voulais explorer deux points de vue : celui de la victime, cherchant à faire son deuil tout en évacuant la colère qui la ronge, et celui du criminel qui n’est pas forcément une mauvaise personne. »

De la suite dans les idées

Alors que « Des poissons et des hommes » termine son exploitation en salle, Stefanie Klemm planche déjà sur un nouveau projet auquel elle songeait avant même de tourner son film. « J’ai beaucoup appris de cette première expérience de tournage d’un long-métrage. J’en sais bien plus qu’avant et je me réjouis de mettre cela en pratique pour mon prochain film », explique la réalisatrice avant d’annoncer qu’il s’agira d’une œuvre de science-fiction. « Ne vous attendez pas à vous retrouver en l’an 3000. L’intrigue se déroule en 2045, dans peu de temps donc », précise avec malice Stefanie Klemm. Doit-on alors s’attendre à voir une petite commune de Jura bernois se métamorphoser en une véritable cité du futur ? Réponse dans les salles obscures d’ici quelques années.

Louis Bögli

Stefanie Klemm : « Ce tournage était une période difficile, mais aussi une très belle expérience. » (photo lb)