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Tramelan au diapason de son époque

Edition N°3 – 26 janvier 2022

Florian Châtelain : un mécano tramelot fan d’aviation et surtout du Concorde. (photo rke)

En se remémorant l’histoire de Tramelan, Florian Châtelain s’enthousiasme comme un gamin. Lorsqu’il naît le 23 septembre 1945, juste après la Deuxième Guerre mondiale, le Tramelot y vit toute son existence jusqu’à nos jours et y connaît tous les filons. Pour nous, il jette un œil sage et avisé sur le passé.

Au début du 20e siècle, Tramelan (Tramlingen, en allemand) traverse une période laborieuse. « Pauvreté, alcoolisme, bagarres dans les familles, hygiène catastrophique, cela n’était pas évident de vivre dans ces conditions pour la population », relève Florian Châtelain.

À l’époque, de nombreux paysans vivent grâce à de petits boulots dans l’horlogerie naissante. L’entreprise Kummer Frères SA est fondée dans le village en 1917 et ne cesse de croître dans le domaine mécanique jusqu’au 15 juillet dernier où Precitrame Machines SA (également tramelote) acquiert l’intégralité du capital-actions de Kummer Frères. Une union qui renforce ainsi le savoir-faire des deux sociétés.

La plus grande commune agricole du Jura

En 1952, les deux communes Tramelan-Dessus et Tramelan-Dessous fusionnent. Pourquoi ce rapprochement ? « Lors de la reprise économique d’après-guerre et son boom sociétal, il a fallu construire de nouveaux bâtiments scolaires et le plus rationnel était d’en édifier un seul. D’où l’idée de fusionner également les deux municipalités. On avait cinquante ans d’avance sur tout le monde ! » se félicite-t-il.

Dès lors, la nouvelle municipalité du Jura bernois peut se targuer d’avoir été la plus grande commune agricole du Jura (en superficie, bétail et agriculture), les sept districts compris, bien entendu : « Eh oui, c’était le cas ! »

En 2011, le Mérite culturel tramelot revient à Alain Droz pour son travail d’archiviste, auteur de quatorze tomes de la « Chronique locale », un riche condensé de l’histoire de Tramelan. Florian Châtelain, qui l’a secondé, se remémore : « Lors du 50e anniversaire de la fusion en 2002, on a fondé le FLT, Front de libération des Theurottes (petits crapauds), un groupe humoristique pour se rappeler des deux entités villageoises. On était un peu les séparatistes de Tramelan ! » ironise-t-il.

Après un apprentissage de mécanicien de précision entrepris à la succursale tramelote de Schaublin, Florian Châtelain obtient son CFC et entame le reste de toute sa carrière chez Kummer Frères où il devient chef de fabrication et fondé de pouvoir.

En politique, il officie comme conseiller communal, mais c’est au niveau culturel et sportif qu’il se démène intensément. Tramelan comptait en son temps trois fanfares et trois sociétés de chants, dont le cœur d’hommes de Tramelan-Dessous, la grande chorale de Tramelan-Dessus et la chorale ouvrière. Les deux villages disposaient également chacun de sa société et son stand de tir où Florian Châtelain a été un assidu sportif et président.

En foot, le FC Tramelan, fondé en 1908, disposait d’un terrain aux Reussilles, puis a été déplacé en 1950 à l’actuelle place où des tribunes ont été construites. « À l’époque, c’était un terrain de football avec des installations d’athlétisme à la pointe du progrès », se félicite-t-il.

Du hockey à l’hippisme

Le village de Tramelan est aussi réputé pour son tir à l’arbalète (et non à l’arc), son hornuss (frappe du puck par un fouet) et son hockey. Avant la patinoire actuelle couverte Zurich Arena, Tramelan disposait d’une surface de glace naturelle (entre la gare et les bâtiments Kummer). « Grâce à une digue constituée de bouts de planches, l’eau était captée du ruisseau de la Trame jusque sur le terrain, lequel n’est de nos jours plus occupé », précise Florian Châtelain. Auparavant, le patinage se pratiquait sur des étangs, dont celui bien connu de la Gruère. Autre sport, autre succès : le célèbre concours hippique national de Tramelan, qui s’est déroulé aux Reussilles de 1953 à 2010.

Études au CIP, réparations aux CJ

Aujourd’hui, la commune, qui compte environ 4’700 âmes – en raison de l’augmentation de la présence industrielle –, s’est fait connaître par son Centre interrégional de perfectionnement (CIP), fondé en 1991, réputé en Suisse romande pour ses cours tous azimuts de formation continue pour adultes.

« On l’oublie un peu. Je rappelle quand même que le « Service d’entretien des véhicules routiers » des Chemins de fer du Jura (CJ) reste implanté à Tramelan et non pas à Saignelégier comme cela était envisagé », souligne encore Florian Châtelain.

Un atout économique supplémentaire pour le village.

Roland J. Keller

 

Florian Châtelain : un mécano tramelot fan d’aviation et surtout du Concorde. (photo rke)