On ne trahira pas un secret en affirmant que le Martinet de Corcelles, dans le Grand Val, exerce auprès des visiteurs une fascination qui ne se dément pas. Le bâtiment qui l’abrite se situe sur ce que l’historien Quiquerez appelle « la route du fer » reliant Erschwil à Crémines (Creux-de-mines). Tout laisse à penser qu’il fut d’abord un moulin à grains et qu’il devint taillanderie en 1791. La grande roue hydraulique mue par l’eau de la Gabiatte actionnait alors trois marteaux. On y façonnait le fer des haches, cisailles, crocs à gentiane, lombards, pioches et piolets destinés aux paysans, bûcherons et artisans de la région. Ainsi la fabrication d’ustensiles agricoles, le cerclage des roues de chars et la confection de barrières se poursuivirent jusqu’en 1945. Sur le territoire communal, on peut encore voir les emplacements de deux anciennes minières. Si l’on ignore à quand remonte le début de l’exploitation de ces minières on sait en revanche que la dernière concession fut demandée par les frères Jeanprêtre en 1874. Leurs recherches s’avérèrent d’ailleurs vaines, puisqu’ils ne purent dépasser le terrain tertiaire pour parvenir au sidérolithique. L’entrée des galeries fut obturée en 1915 par les agriculteurs puis la nature détruisit la première partie de la mine. Le matériau puisé au flanc du Maljeon était (jadis) véhiculé par des chars attelés jusqu’au lieu-dit Les Lavous (Lavoirs), situé juste au-dessous de la ferme de La Tu.
Lien historique avec le fer
Dans des bassins de bois, il était alors débarrassé de ses impuretés avant d’être acheminé vers les hauts-fourneaux de Louis de Roll à Saint-Joseph et Balsthal. Un deuxième fait qui lie Corcelles au fer est l’importance et le nombre des « crassiers » que l’on rencontre un peu partout sur le territoire du village, et cela jusque sur les pâturages de montagnes les plus retirés (Raimeux, Maljeon). Ils laissent apparaître des scories pesant de quelques grammes à plusieurs kilos. De nombreux historiens avaient déjà relevé la présence de forges probablement d’époque celtique entre Crémines et Elay. L’un de ces « crassiers » est si important que le propriétaire dut renoncer à cultiver le champ qu’il occupe, le soc de sa charrue étant régulièrement endommagé par les scories gisant à fleur de terre.
Dans ce contexte d’extraction et de préparation du métal, il est logique d’inscrire le dernier maillon, celui de la transformation du fer en outils utilisables par les paysans et les bûcherons de la région. Ce travail se faisait dans la taillanderie.
La passion de Joanna Gerber
Aujourd’hui, les visites guidées du musée du fer et de ses 300 outils s’accompagnent de démonstrations du fonctionnement de la forge avec l’utilisation du marteau encore en fonction. C’est avec passion et enthousiasme que Joanna Gerber, gardienne du musée, tient les visiteurs en haleine de bout en bout. Les buts de la Fondation présidée par Doris Termignone sont de conserver et de mettre en valeur le vénérable bâtiment qu’elle a acquis.
(cp-oo)
Infos pratiques
Visites guidées du musée
du Martinet, mode d’emploi
– Visite en français ou en allemand
– Tarifs groupes : visite moins de 10 personnes : Fr. 90.-. Tarifs individuels :
adulte Fr. 9.-. Enfant
(moins de 16 ans) : Fr. 5.-
– Forfait : apéritif du
terroir et boisson au choix + visite guidée à Fr. 18.-
par personne
Il est possible de visiter le Martinet en individuel, les mercredis de 9 h 15 à 14 h 45.
Visite sur demande, tous les jours de la semaine selon disponibilités
Accessible pour les personnes à mobilité réduite
Possibilité de restauration (sur demande) : petit déjeuner, apéro et traiteur. Prix à discuter.
Film réalisé par Lucienne Lanaz, « La Forge », en vente sur www.jurafilms.ch
Même en été, il peut faire froid dans la forge, prenez un pull avec vous.
