Septante-cinq ans d’existence, cela se fête et l’Association d’élevage bovin de Court n’a pas manqué de célébrer dignement l’événement samedi dernier. Ce ne sont pas moins de 195 génisses et vaches qui ont passé sous l’œil avisé des experts le matin puis l’après-midi, afin que leurs éleveurs puissent officialiser la qualité des fruits de leurs élevages respectifs. Trois races emblématiques de l’élevage bovin à orientation laitière étaient représentées à cette occasion, les Simmental dont seuls les anciens se souviennent qu’elles étaient universelles dans nos pâturages d’antan, les Swiss Fleckvieh et les Holstein/Red Holstein, issues d’une race à très haut rendement créée au pays des polders et du gouda, adaptées depuis lors à nos altitudes.
Des coups de cœur
Pour le béotien, il n’est guère aisé de comprendre pourquoi un agriculteur choisira l’une ou l’autre de ces races. Au risque de se tromper, on se permettra de penser que c’est avant tout une question de coups de cœur. Cosette Burkhalter, une agricultrice d’en-bas nous glisse que la famille des Holstein est réputée pour produire plus de lait avec la même quantité de fourrage. « Mais d’autres critères entrent en jeu, dont la teneur en graisse et en protéines, pour faire la qualité du lait. »
Les éleveurs placent une grande fierté dans leurs bêtes et s’ils en prennent le plus grand soin, ce n’est pas seulement pour améliorer leurs revenus mais également afin de contribuer à l’amélioration permanente de ces quadrupèdes d’élevage qui se cachent derrière chaque brique de lait, chaque yoghourt et chaque meule de fromage.
Mixte et remixte
Jadis, chaque race bovine était fatalement mixte en ce sens qu’elle produisait à la fois le lait et la viande. Puis, la volonté et la nécessité d’obtenir de hauts rendements a fait apparaître des souches laitières et d’autres vouées à produire du muscle. Désormais on voit revenir les souches mixtes et bien rustiques efficaces quantitativement et qualitativement à la fois pour le lait et la viande. On retrouve beaucoup de ces caractéristiques chez les Swiss Fleckvieh une race robuste, bien en chair et aux mamelles gonflées d’orgueil et de bon lait. Quant aux Simmental, elles reviennent en force, non seulement par nostalgie du bon vieux temps mais également parce que les généticiens penchés comme des fées sur le berceau des bovins leur ont donné par la magie de la sélection des qualités parmi les plus demandées aujourd’hui.
Entre éleveurs de chacune de ces races la compétition est ce qu’elle est, mais l’entente est cordiale. Pour preuve les annonces du speaker qui ne manquait pas de préciser à de nombreuses occasions que si l’éleveur avait choisi telle race plutôt qu’une autre, son épouse avait également parfois un faible pour une autre lignée. C’est ainsi que dans nombre d’exploitations, les races bovines se côtoient pour le plus grand bien de la vie agricole de notre région si fortement vouée à l’élevage. Meuh oui !
Blaise Droz