Portraits

Un courage à l’épreuve du temps

Edition N°45 – 2 décembre 2020

Daniel Röthlisberger accepte cet hôte encombrant qu’est la maladie, tant elle est si étroitement chevillée à sa vie. (photo oo)

Né à Moutier, Daniel Röthlisberger, 55 ans, est l’aîné d’une fratrie de deux enfants qu’il compose avec sa sœur cadette, Florence. Lorsqu’il naît en 1965, le jeune Daniel ne sait pas encore qu’une mauvaise fée s’est posée sur son berceau : la maladie. 

Celle-ci se révélera environ à l’âge de ses 10 ans, à la gymnastique, lorsque courir ou sauter seront pour lui des épreuves pénibles voire douloureuses. A ses 12 ans, on va alors poser le diagnostic d’une myopathie, terme générique désignant une maladie due à des désordres de fonctionnement des muscles souvent d’ordre génétique. En 1975, l’étude, la description et la documentation des maladies neurologiques n’en sont qu’à leurs balbutiements. Dans le cas de Daniel, l’évolution des symptômes est lente. Cela lui permet de commencer un apprentissage de cuisinier à l’Hôtel Suisse de Moutier puis de poursuivre ce métier physique et exigeant pendant cinq ans. 

Durant une autre période de cinq ans, il sera actif dans le décolletage, à Court. Mais son corps en souffrance lui demande de rechercher une autre voie. Ainsi, de 1987 à 2006, il rejoint Radio Jura bernois comme technicien. Peu à peu, il touche au journalisme sportif ainsi qu’aux reportages de musique folklorique où il côtoie un certain Olivier Odiet… 

L’importance du lien social…

Daniel va ainsi couvrir les Fêtes mondiales de gymnastique (Gymnaestrada) de Berlin 1995, Göteborg 1999, Lisbonne 2003, Dornbirn 2007 et Lausanne 2011. Il sera aussi au micro lors des Mondiaux de gymnastique 1997 à Lausanne. Il garde de cette époque un souvenir lumineux, où sportifs et journalistes voyageaient parfois ensemble, partageant le même autocar, le même minibus ! Dès 2002, il doit cependant se résoudre à demander une évaluation à l’Assurance Invalidité, les voyages devenant de plus en plus compliqués. En 2006, RJB restructure, revoit sa grille de programmation et licencie. C’est la fin d’une époque et l’avènement de l’automatisation. Pour garder le lien social indispensable avec les autres, Daniel doit ainsi adapter son cadre de vie, à commencer par son habitation. Par chance, il demeure dans la maison de famille, au rez-de-chaussée, de plain-pied avec bien sûr un agencement tenant compte de son handicap physique. Il en va de même avec son véhicule avec boîte automatique mis à disposition par Pro Infirmis. Enfin, il s’astreint, chaque semaine, à une séance de physiothérapie pour conserver, à ce corps qui se dérobe, une tonicité nécessaire à toute mobilité.

A la question de savoir si des regrets traversent parfois son esprit, Daniel accepte cet hôte encombrant qu’est la maladie, tant elle est si étroitement chevillée à sa vie. Il veut cependant garder le contact social en tenant, entre autres, la buvette du stand de tir de Court. Enfin, il y a l’ASRIMM, fondée en 1977, une association qui livre un combat permanent contre plus de cent maladies neuromusculaires, apportant aide et soutien aux myopathes et à leurs familles. Soumis à l’épreuve du temps, son courage est exemplaire en toute circonstance. 

Pierre Chevrier 

Daniel Röthlisberger accepte cet hôte encombrant qu’est la maladie, tant elle est si étroitement chevillée à sa vie. (photo oo)