Dans la vie, il y a parfois des circonstances où la conjonction de facteurs concorde avec la mise en place d’un seul événement pour en annoncer plusieurs. Ce scénario a défilé sous les yeux des journalistes mardi 27 avril à Bellelay où les organisateurs du point presse ont fait d’une pierre trois coups, soit fêter les 20 ans de l’appellation d’origine protégée pour la filière de la Tête de Moine ; signaler la passation de pouvoir entre Olivier Isler (gérant de l’Interprofession de la Tête de Moine) et son successeur Martin Siegenthaler ainsi que claironner joyeusement la publication du superbe ouvrage « L’Univers de la Tête de Moine » dont le point fort est la présence humaine. Président de l’Interprofession de la Tête de Moine, Jacques Gygax s’est fait l’auteur d’un vibrant exposé dans lequel il a notamment relevé que la gestion d’une croissance était un véritable défi, encore bien plus corsé en temps de crise.
Ironie du calendrier, c’est au moment même où Olivier Isler donne une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle que la filière de la Tête de Moine fête ses 20 ans. Ce double volet historique a encore vu se greffer la sortie de l’ouvrage « L’Univers de la Tête de Moine », publié aux éditions D + P SA à Delémont (lire encadré).
La vie en rosettes
Le point presse organisé le mardi 27 avril à Bellelay a été marqué par les brillantes interventions de plusieurs interlocuteurs avisés qui ont tenu l’assistance en haleine par un enthousiasme jamais pris en défaut : « L’Interprofession Tête de Moine a été fondée en 1997 en tant qu’entité demandeuse de l’enregistrement comme AOP », a rappelé Jacques Gygax. « Le cahier des charges est entré en vigueur le 8 mai 2001, il y a presque vingt ans jour pour jour. Il a permis de définir des exigences claires pour la production, pour le respect de la tradition et d’apporter une bonne valeur ajoutée, avec des prix de vente rémunérateurs pour tous les échelons de la filière, mais aussi une protection pour le produit. L’AOP et les différentes marques enregistrées par la filière ont contribué de manière déterminante à la protection de la Tête de Moine et de son mode de consommation sous forme de rosettes. Le cahier des charges de la Tête de Moine AOP a évolué et a été adapté dans les domaines de l’affouragement du bétail laitier, des conditions générales de fabrication, de la fabrication fermière, de la taxation, de l’utilisation de la Tête de Moine comme ingrédient et de l’étiquetage. Ce renforcement des critères de qualité, de durabilité et de traçabilité a permis de positionner encore mieux la Tête de Moine sur le marché. »
Stratégie payante
De son côté, Olivier Isler, gérant de l’Interprofession Tête de Moine, a dressé un bilan très positif des vingt dernières années. Il faut savoir que la filière a poursuivi sa stratégie de croissance qualitative qui vise à gagner des parts de marché, tout en maintenant une forte valeur ajoutée. Elle s’est révélée payante. Les ventes de Tête de Moine ont pratiquement doublé avec près de 2700 tonnes/an, et les exportations ont presque triplé pour atteindre plus de 1700 tonnes/an.
La filière génère aujourd’hui près de nonante millions de francs de chiffre d’affaires, dont près de la moitié dans l’aire géographique, et qui profitent à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur ajoutée. Elle occupe près de 400 personnes dans une région rurale et décentralisée. Le gérant considère également que la filière de la Tête de Moine a particulièrement bien résisté aux différents défis auxquels elle a été confrontée au cours des vingt dernières années.
Le souvenir des Olympiades
Les événements organisés au cours de cette période vicennale ont également participé à l’amélioration de la notoriété du produit. Citons notamment l’organisation, à l’automne 2009, des Olympiades des fromages de Montagne, qui ont réuni plus de 40’000 visiteurs à Saignelégier, Bellelay et Tramelan; le lancement, en 2010, du projet touristique «Autour de la Tête de Moine» sur les sites de Bellelay, Saignelégier, Saint-Imier et aujourd’hui Le Noirmont ; et l’organisation, début mai 2016, de la première Fête de la Tête de Moine à Bellelay, avec le succès que l’on connaît.
Les éloges de Guy Parmelin
Par le biais d’un message enregistré, Guy Parmelin, Président de la Confédération, a salué le fait que la Tête de Moine est devenue incontournable et l’un des ambassadeurs emblématiques du terroir de l’Arc jurassien. Il souhaite à sa filière un avenir radieux et espère qu’elle poursuivra sa « success story ». Cette conférence de presse fut également l’occasion de prendre congé d’Olivier Isler en tant que gérant de la filière Tête de Moine, qui a œuvré durant plus de vingt-deux ans aux rênes de la filière. Jacques Gygax considère que le succès de la Tête de Moine est aussi et surtout le sien. Il souhaite la bienvenue à Martin Siegenthaler, nommé gérant de l’Interprofession, qui prendra ses fonctions le 1er juin 2021.
(cp-oo)
Un ouvrage de référence
Sébastien Voisard et Rémy Chételat, des éditions D + P SA à Delémont, ont présenté le nouvel ouvrage L’Univers de la Tête de Moine. Ce livre retrace l’odyssée de la Tête de Moine, du noyau originel de Bellelay à son rayonnement sur le marché fromager mondial. Cet ouvrage de référence au graphisme élégant brosse le portrait de ce fromage de caractère, mais aussi celui des nombreux acteurs qui contribuent avec passion à son succès, de l’étable laitière à la table étoilée, en passant évidemment par les fromageries. Les photographies du livre, réalisées par Pierre Montavon, font l’objet d’une exposition présentée depuis le 1er mai 2021 à la Maison de la Tête de Moine au côté des sculptures géantes en foin qui seront de nouveau présentes cette année. Lire aussi en page 6.
(cp-oo)