Votre journal vous avait fait part du départ de son périple en juillet 2022. Rentré en mai de cette année, il nous raconte son expérience. Rappelons que Pierre Goepfert est étudiant au gymnase de Bienne, en économie et droit, en section bilingue. Il habite Moutier avec sa maman Rima, d’origine lituanienne, et son frère Marc. Son papa est décédé.
Lors de la réunion d’information regroupant les différentes organisations d’échanges d’étudiants, il avait choisi de partir une année à l’étranger à la découverte d’une autre culture. Quoi de mieux que l’immersion dans une famille pour s’approprier les us et coutumes d’un pays ? Parmi les quatre-vingts Suisses et plus de 4000 participants mondiaux à ces voyages, il fut le seul à choisir l’Inde.
Un étudiant comme les autres
Le déracinement qu’il cherchait, il l’a trouvé ! L’Inde, pays le plus peuplé au monde avec un milliard et demi d’habitants, qui pourrait bientôt s’appeler Bharat, parle vingt-deux langues, dont l’hindi est la principale, 3e langue la langue la plus parlée au monde. Il fut accueilli de manière fraternelle par des gens sympathiques, raconte-t-il. Il a séjourné à Patiala, dans la région du Pendjab, au nord du pays, près du Pakistan, à près de 8000 km de chez lui. Il a fréquenté une école privée, équivalente à son gymnase. Seul étranger parmi un millier d’élèves, il avait six jours de cours par semaine. Uniforme obligatoire, téléphone interdit et règles strictes lui ont permis de peaufiner son anglais, la langue enseignée, et de se familiariser avec l’hindi. Il précise aussi que cette façon d’étudier est plus performante que chez nous.
Pierre a également participé aux courses d’écoles dont une dans le désert, qu’il qualifie de touristique et une autre dans les montagnes, ce qui lui a permis de côtoyer des gens d’apparences totalement différentes. Il a aussi eu l’occasion de passer une semaine dans une ferme, dans petit village reculé qui ne figure même pas sur les cartes.
L’organisation de son voyage prévoyait qu’il séjourne dans deux familles différentes. L’une de religion Sikh, très croyante et attachée à ses valeurs, dont l’homme porte le turban. Elle s’exprimait avec lui en anglais et hindi, langue qu’il avait déjà apprivoisée avant son départ. L’autre famille d’accueil, Hindoue, avait une façon de vivre différente et parlait le penjabi, proche de l’hindi, langue modifiée il y a près de 400 ans, parlée aussi au Pakistan. L’immersion fut donc totale, tant au niveau familial où Pierre Goepfert reconnaît avoir été proche et fort bien reçu par ses hôtes, qu’au niveau scolaire ou culturel.
Tant à découvrir
Le jeune homme n’allait bien sûr pas manquer de découvrir ce pays aux mille facettes dont il a visité plusieurs endroits touristiques, surtout au nord du pays. New Dehli ou le centre religieux d’Amritsar l’ont marqué. Il a pu se familiariser aussi avec les us et coutumes de là-bas. Il a adoré la nourriture, qu’il trouve délicieuse, et surtout l’accueil chaleureux de la population. C’est ainsi qu’un homme inconnu a absolument voulu le photographier en lui mettant son bébé dans les bras. Remarquez, on ne rencontre pas beaucoup d’étrangers dans certaines régions. Il note aussi que l’habit traditionnel, le sherwani, est en perte de vitesse et que les gens s’habillent plutôt à l’occidentale. L’étudiant nous raconte encore que lors de mariages, il n’est pas rare que les cérémonies rassemblent 500 à 1 500 personnes et durent toute une semaine. Les invités arrivent petit à petit avec de nombreux rituels à la clé qui ont lieu chaque jour, jusqu’à ce que tout le monde soit là.
Pollution
Les températures varient entre 15 et 45° C et l’air est pollué. Il faut dire que les Indiens organisent de nombreuses fêtes tout au long de l’année, dont trois fêtes nationales, et ils tirent fréquemment des feux d’artifice. Ces fumées s’ajoutent aux gaz des véhicules et une chape couvre le ciel presque continuellement.
Un nombre incroyable de motos, leur moyen de transport préféré, et les nombreuses voitures contribuent largement à la diminution de leur qualité de vie. Le réseau ferroviaire est aussi très développé.
Pierre rapporte avoir passé plus de quatorze heures dans un train, sans changer d’état, ce qui montre l’immensité du territoire. Et pour ne pas oublier totalement son chez-lui, il téléphonait régulièrement à sa maman, non seulement pour donner des nouvelles, mais aussi pour savoir ce qui se passait dans sa ville, sa région et son pays.
Gageons que pendant cette année, il se sera fabriqué des souvenirs inoubliables pour toute sa vie.
Claude Gigandet