Portraits

Un président pris entre les filets !

Edition N°45 – 2 décembre 2020

André Nyffeler, tout pour Moutier, entre viandes et foot. (photo cg)

Est-il encore besoin de présenter André Nyffeler ? Son patronyme est associé aux plaisirs de la table et aux métiers de la viande en Prévôté depuis plus de 70 ans. Il est également un des piliers du FC Moutier dont il a gardé la cage depuis sa plus tendre enfance. Il en préside par ailleurs les destinées depuis deux ans. Ce sont ces deux passions qu’il assume avec véhémence et attention. Il ne se verrait pas faire autre chose.

Même s’il a quitté la ville pour sa banlieue (il habite Perrefitte), André Nyffeler est un pur produit prévôtois. Né il y a une soixantaine d’années à Moutier, il y a fait ses classes et son apprentissage de boucher-charcutier dans la boucherie familiale, dont il est le cadet, après deux sœurs et un frère. Epoux de Marie-Pierre, il est papa de Fanny, 36 ans, Franck, 29 ans et Bastian, 27 ans. Il est aussi grand-papa de Leslie, 19 mois, cadeau que lui a offert sa fille.

Un patron attaché à sa ville

En 1950, Ernest et Käthy Nyffeler débarquent de leur Emmental natal pour reprendre la boucherie de quartier de la famille Hauert à laquelle ils donneront un bel essor en proposant, déjà à l’époque, de nombreuses spécialités. Elle fut reprise ensuite par leurs deux fils, dont André est maintenant seul aux commandes. Pour l’anecdote, quand à la fin des années soixante la Migros s’installa juste en face, le père Nyffeler s’est écrié : « On est foutu, c’est la fin ». Mais il avait tort, car l’entreprise n’a jamais aussi bien marché et connu un succès si retentissant. Mais il faut aussi préciser que c’est à coup d’abnégation et de travail sérieux que la boucherie a pu rester un symbole prévôtois. Actuellement, ce sont une quinzaine de collaborateurs qui font tourner la boîte. Ernest Nyffeler s’est éteint au mois d’août dernier à l’âge de 97ans. 

Un club, une vie

André Nyffeler a deux amours dans sa vie : son entreprise et le FC Moutier (plus sa famille, bien sûr) auxquels il aura consacré toute son énergie et sa passion. Au niveau du foot, il a passé par toutes les filières, des juniors à la première, en passant par la deux, la trois ou les vétérans, toujours comme gardien de but. Il a donc aussi évolué en première ligue. A force d’être impliqué dans sa société, il en a repris la présidence il y deux ans et rêve d’en faire un club où chacun serait un peu plus impliqué à la bonne marche de la société qui compte plus de 300 membres avec une douzaine d’équipes. Mais on sait qu’actuellement, l’esprit sociétaire n’est plus la panacée et qu’il faut composer avec « ce qu’on a ».

Le FC Moutier compte dans ses rangs toutes les catégories de juniors, des équipes évoluant en deuxième ligue interrégionale, 3e ligue et 4e ligue, ainsi qu’une équipe féminine. La section vétéran a été dissoute dernièrement, faute de « combattants », mais on espère pouvoir bientôt en reformer une. 

Alors qu’au printemps la première équipe était bien placée pour tenter de retrouver sa place en 1re ligue, ce satané virus est venu jouer les trouble-fêtes et tout s’est compliqué si bien qu’à la fin du premier tour, elle se retrouve en queue de classement. « Tout s’est arrêté et il faut tout gérer au coup par coup ; on a ramassé une grosse claque », souligne André Nyffeler.

La société fêtera son centenaire l’année prochaine et les festivités prévues ont dû être repoussées en 2022, en espérant que d’ici là, la pandémie ne sera qu’un lointain souvenir. C’est une grosse fête qui sera mise sur pied avec bien entendu un match de gala, un souper spectacle et une journée des familles. Le club espère aussi une reprise économique, ce qui « permettrait aux entreprises d’être sollicitées et associées à l’événement, même si on sait que ce n’est pas évident », relativise le président.

La santé, ça va…

Pour qui connaît André, on a pu remarquer qu’il y a deux ou trois ans, il n’avait pas la tête du vainqueur. C’est qu’il a eu des soucis de santé, notamment des problèmes de cœur pour lesquels il a été opéré et un dysfonctionnement de la thyroïde. Des médicaments qu’il ne supportait pas l’ont encore tiré en bas. « Mais ça va beaucoup mieux », assure-t-il. Il doit cependant un peu lever le pied au boulot. Il bossait quasiment sept jours sur sept et en plus des horaires de magasin, il assurait auparavant le service traiteur. Il devra maintenant le déléguer ainsi que réduire son temps de travail. Il faut aussi qu’il pense à la relève. Son fils Bastian, technicien en informatique, qui a rejoint la boîte, fera son CFC de boucher-charcutier et pourra ainsi le seconder. « Un peu de marche, quelques vacances, en Suisse généralement », précise-t-il, sa famille, la direction de son entreprise plus la présidence du foot l’occuperont encore bien assez. Son dynamisme, son plaisir d’entreprendre et sa bonne humeur feront bien la nique à ses problèmes de santé. Tout de bon, prenez garde à vous, comme on dit !

Claude Gigandet

André Nyffeler, tout pour Moutier, entre viandes et foot. (photo cg)