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Un roi bien dans sa culotte !

Edition N°46 - 11 décembre 2019

Sacré roi de la lutte en août dernier à Zoug, Christian Stucki a reçu «La Semaine» en toute simplicité à son domicile de Lyss. A l’exception des nombreux rendez-vous avec les médias, sa vie n’a pas changé depuis ce jour de gloire. A l’âge de 34 ans, il continue d’être ambitieux et lorgne déjà en direction de la prochaine Fête fédérale de lutte qui aura lieu en 2022 à Pratteln. Ce dimanche 15 décembre, Christian Stucki figurera parmi les six finalistes des Sports Awards qui désigneront le sportif suisse de l’année. Rencontre avec un champion hors norme. (photo Manuela Belmonte)

Quelque mois après avoir remporté le titre suprême de roi de la lutte, Christian Stucki s’est confié à La Semaine à son domicile de Lyss avec la simplicité qui le caractérise. Il a notamment déclaré que sa vie n’avait pas changé depuis ce jour de gloire, à l’exception des nombreux rendez-vous avec les médias. « Pour l’instant, je vois davantage mon manager que mon épouse, mais le soufflé devrait rapidement retomber », a-t-il confié tout en précisant qu’il n’avait pratiquement plus passé un soir à la maison entre le 25 août et le 28 novembre. Rencontre avec un géant du sport helvétique figurant parmi les six finalistes des Sports Awards qui désigneront le sportif suisse de l’année le dimanche 15 décembre. Et si c’était son tour de jubiler ?

Le simple fait d’être accueilli au domicile de Christian Stucki pour réaliser notre entretien démontre que le triomphe de Zoug ne l’a pas changé. Il reste humble, disponible, respectueux et aimable en toute circonstance. C’est justement cette simplicité qui le rend populaire. Il n’a pas d’ennemi, ce lutteur au grand cœur. Né le 10 janvier 1985 à Aarberg, Stucki «Chrigu» est devenu roi de la lutte le 25 août dernier à Zoug alors qu’on ne l’attendait plus. Même lui considère son exploit comme une surprise: «Après ma grave blessure à un genou qui m’a éloigné des ronds de sciure durant 16 semaines, j’ai seulement disputé deux compétitions avant Zoug, soit la Fête de la Montagne-de-Boujean et la Fête cantonale bernoise. Je pensais donc arriver à la Fédérale avec un handicap, mais le fait d’avoir pu me reposer pendant que mes concurrents transpiraient à grosses gouttes s’est finalement traduit par un avantage, notamment au niveau de la fraîcheur», explique-t-il. «Quel fut le secret de ma réussite? C’est ma capacité à rester dans ma bulle sans me préoccuper des facteurs extérieurs susceptibles de me détourner de mon objectif.» 

Respect, simplicité, modestie

Depuis son couronnement, Christian Stucki n’a pas vu sa vie changer radicalement. A l’exception, bien sûr, des nombreux rendez-vous avec les médias. «Je suis plus souvent avec mon manager Rolf Huser qu’avec mon épouse, mais cette situation ne devrait plus se prolonger très longtemps. Vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui cherche la célébrité. Je reste toujours moi-même quoi qu’il arrive. Je cultive les mêmes valeurs que celles véhiculées par la lutte, soit le respect, la simplicité et la modestie.» Avant d’ajouter le titre de roi de la lutte à son palmarès, la carte de visite de Christian Stucki imposait déjà le respect. En 2008, il a remporté la mythique Kilchberger-schwinget et en 2017 la Fête d’Unspunnen. Il a remporté 42 Fêtes de lutte et 6 couronnes fédérales. Christian Stucki signale que sa Fête de lutte fétiche reste celle du Lac Noir pour son ambiance très particulière.
Deux fêtes importantes manquent encore à son tableau de chasse. Il s’agit de la Schwegalp et de la Nordostschweizer Schwingfest.
Lutteur au gabarit impressionnant (1m98, 142 kg), Christian Stucki ne considère pas forcément sa stature athlétique comme un avantage: «Il ne faut pas oublier que moi aussi je dois porter ce poids, pas seulement mon adversaire», glisse-t-il malicieusement. 

L’importance de la récupération 

Durant la pause hivernale, Christian Stucki s’entraîne entre 12h et 14h par semaine. Pendant la saison, son programme est plus light (entre 6h et 8h) pour la simple et bonne raison qu’il a besoin d’une grande récupération lorsque les fêtes s’enchaînent. Son coach mental n’est autre que l’ancien champion de bob Tommy Herzog. Membre du Seeländischer Schwingerband, Christian Stucki fait également partie du Schwingerverband du canton de Berne. Il entraîne sa technique avec ses collègues lutteurs de l’association sans avoir d’entraîneur spécifique, mais en se basant sur les conseils du directeur technique. S’agissant de l’alimentation, le lutteur de Lyss n’y fait pas attention outre mesure: «J’axe mon programme en fonction des efforts, mais parfois j’aime aussi bien me lâcher en dégustant une bonne fondue ou une choucroute.» Avant la Fête fédérale de Zoug, il ne prenait jamais de petit déjeuner. On lui a conseillé d’y goûter pour booster son énergie. Christian l’a fait avec le résultat qu’on connaît. C’est peut-être là que réside la clé de son triomphe zougois, qui sait? Métamorphosé par son titre de roi de la lutte, Christian Stucki est encore très loin d’envisager sa retraite sportive. «Si ma santé le permet, je lutterai en tout cas jusqu’à la Fête fédérale de Prattlen, en 2022. Après, on verra, mais j’ai d’ores et déjà pris la décision de ne pas lutter au-delà de 40 ans.» Si nous avons pu rencontrer Christian Stucki à Lyss, c’est aussi grâce aux démarches effectuées par son manager Rolf Huser, ancien cycliste professionnel, qui gère également la carrière de la skieuse Corinne Suter, du navigateur Alan Roura et d’autres sportifs de pointe. Nous profitons de ces colonnes pour le remercier de sa précieuse collaboration. 

Texte: Olivier Odiet
Les propos de Christian Stucki ont été traduits par Catherine Leuenberger.

Sacré roi de la lutte en août dernier à Zoug, Christian Stucki a reçu «La Semaine» en toute simplicité à son domicile de Lyss. A l’exception des nombreux rendez-vous avec les médias, sa vie n’a pas changé depuis ce jour de gloire. A l’âge de 34 ans, il continue d’être ambitieux et lorgne déjà en direction de la prochaine Fête fédérale de lutte qui aura lieu en 2022 à Pratteln. Ce dimanche 15 décembre, Christian Stucki figurera parmi les six finalistes des Sports Awards qui désigneront le sportif suisse de l’année. Rencontre avec un champion hors norme. (photo Manuela Belmonte)