Portraits

Une fibre sociale hors norme

Edition N°3 - 23 janvier 2019

Daniel Heizmann: une vie consacrée au monde ouvrier. (photo cg)

S’il fallait ajouter les unes aux autres le nombre de séances auxquelles il a participé dans sa vie, ce ne serait ni en semaines, ni en mois, mais plutôt en années qu’il faudrait calculer! Homme de gauche, et fin négociateur, Daniel Heizmann a participé à tellement de commissions, de comités et d’assemblées, tant au niveau régional que national, que son engagement peut être cité en exemple. Toujours proche du travailleur, ce syndicaliste engagé et retraité rendra son tablier de président national de la branche MEM (machine, équipements électroniques et métaux) d’Unia dans trois mois.

Né à Moutier en 1952, Daniel Heizmann a habité Perrefitte une dizaine d’années avec ses parents, avant de s’installer en Prévôté, terre qu’il ne quittera plus jamais. Epoux d’Elisabeth, une employée de commerce devenue éducatrice spécialisée pour enfants handicapés, papa de Natacha et David et grand-papa de Kevin et Marion, aujourd’hui adultes, on peut le voir tous les jours promener son chien cairn-terrier en forêt. L’entretien de sa jolie maison de la rue des Combattes remplit aussi ses heures de retraité. Toute sa vie a été bercée par une fibre sociale hors du commun avec des engagements syndicaux et sociaux remarqués et remarquables. Plus jeune, il fit partie des pompiers de premier secours, actuellement CRISM, et des cadets de la fanfare ouvrière, devenue Union instrumentale, qui comptait alors près d’une cinquantaine de jeunes musiciens, société disparue depuis belle lurette. Il a continué son engagement musical à la fanfare de Perrefitte, à l’euphonium, dont il est un des vétérans avec cinquante ans de sociétariat. Il fut aussi membre fondateur de la fanfare d’Unité jurassienne, un fameux brass band, précise-t-il, mais qui n’existe plus non plus. 

La commission d’entreprise

Daniel Heizmann fait ses écoles à Moutier et un apprentissage de ferblantier chez von Arx. Mais une série d’opérations à un pied l’empêche de gambader sur les toits. Il se présente et est engagé chez Bechler en 1973 où il suit une formation de tourneur et vit la révolution numérique. Dès le début, il est membre de la commission d’entreprise Tornos où il siège pendant 35 ans et la préside pendant 17 ans. Le travail de cette commission devient tellement conséquent qu’il est engagé à 100%. Il négocie alors les conventions collectives avec le patronat, discute de la politique salariale ou des systèmes de polyvalence pour le personnel, les machines. Il s’occupe des relations avec les ressources humaines, participe à de nombreuses séances avec les différents départements et il met en place les auditions du personnel. C’est ainsi qu’il entendra plus de trois mille personnes. Les vagues de licenciements et les restructurations de l’entreprise lui laissent un goût amer et sont astreignantes. Il doit tout faire pour essayer de réparer les pots cassés de ces tristes époques de crise des années 1994 ou 2001-2002, où le géant était malade. Il vibre et retient son souffle à chaque publication du bulletin de santé de Tornos, qui est un des poumons économiques de la région.

La fibre sociale

Notre homme est aussi impliqué comme membre et vice-président du conseil de fondation Tornos (caisse de retraite), et remplacera Philippe Holzer à la présidence pendant 12 ans après sa retraite. Il est encore membre de la commission cantonale du marché du travail et siège à la chambre de conciliation du Jura bernois. Et comme s’il n’en avait pas encore assez, il a été nommé et assermenté par les autorités judiciaires comme juge spécialiste du droit du travail au tribunal de 1re instance de Moutier où il ne siège que lorsqu’il y a demande. Il rejoint dès le milieu des années septante les rangs du syndicat FTMH, devenu Unia, et devient un syndicaliste engagé et écouté. Il a la fibre sociale dans les tripes et s’investit tant au niveau régional que fédéral où il joue un rôle important. Il est membre de la commission en négociations des conventions collectives de travail et devient, en 2012, président national de la branche MEM, poste qu’il abandonnera en avril prochain, non sans avoir apporté une pierre blanche importante à l’édifice. 

Daniel Heizmann a consacré sa vie à son prochain, aux travailleurs, à la musique et est un militant autonomiste affirmé. Son engagement envers le monde du travail le pousse également vers la politique locale. Membre du PSA, il est sollicité pour se présenter au législatif après les événements Tornos de 2002. Il réalise un très bon score et siège encore actuellement au conseil de Ville et en est un des ténors. 

Claude Gigandet

Daniel Heizmann: une vie consacrée au monde ouvrier. (photo cg)