Nicolas Schnegg porte mal son nom car il vit à l’autre extrémité de la lenteur. Toujours speed, on se demande où le Courtisan puise toute cette énergie pour chasser autant de lièvres à la fois. Mais c’est probablement cet acharnement au labeur qui est à l’origine d’un succès professionnel qui ne se dément pas.
Passionné par son métier, il joue sur tous les tableaux sans jamais se mélanger les pinceaux. Là où ceux qui ont tendance à disperser leurs activités échouent, lui parvient à livrer la marchandise de manière irréprochable, aucun défi n’étant insurmontable pour ce personnage hors normes. Alors qu’il reste habituellement à l’écart des projecteurs, il fallait bien que la lumière le rattrape un jour. C’est chose faite depuis le lundi 7 avril où, selon sa propre formule, il s’est retrouvé à l’Hôtel Bellevue à Berne entouré de personnes mieux habillées qu’il ne l’était le jour de son mariage.
Le fruit de la curiosité
Plus que la quête de la gloire, c’est sa curiosité qui l’a incité à participer à ce concours. « Je voulais juste me positionner, avoir un retour sans la moindre prétention », explique-t-il. Le processus de participation à ce concours est un jeu d’enfants : le mardi 18 mars, Nicolas Schnegg a envoyé, par express, ses cervelas sous vide. Et puis plus rien jusqu’à ce fameux coup de téléphone où son interlocuteur lui demanda de se rendre à l’Hôtel Bellevue à Berne sans lui donner plus de précisions. La suite, on la connaît. Son cervelas chaud a fait sensation auprès des membres d’un jury professionnel qui ont dégusté les produits (128 cervelas servis chauds et froids) à l’aveugle et selon une grille d’évaluation spécialement conçue pour l’événement. Chaque cervelas a été jugé selon des critères visuels, olfactifs et gustatifs avec une attention particulière portée à la texture et à l’équilibre des saveurs. Le palmarès témoigne du niveau remarquable des participants : douze cervelas ont obtenu la mention « Excellent » lors de la dégustation à froid, contre trente-deux lors de la dégustation à chaud.
L’histoire se répète…
Depuis que le grand public a pris connaissance de cette suprême distinction, Nicolas Schnegg croule sous les commandes de cervelas selon un scénario similaire connu par la boucherie Nyffeler à Moutier, l’année dernière, consécutivement à sa victoire à ce même concours dans la catégorie du cervelas froid. Si Nicolas Schnegg éprouve un sentiment de fierté et de reconnaissance, loin de lui l’idée de savourer son succès en restant les bras croisés. Il planche déjà sur une recette visant à améliorer son cervelas froid : « Cette distinction est avant tout une source de motivation qui va me pousser à faire encore plus attention en étant notamment plus rigoureux dans la justesse de la pesée. » Vous l’aurez compris : Nicolas Schnegg se remet sans cesse en question pour obtenir une récompense qui n’a pas de prix : la confiance du consommateur de manière durable. Pour ce faire, il est indispensable de travailler encore et toujours. Dans les métiers de bouche comme ailleurs, rien ne tombe du ciel. Et surtout pas les distinctions flatteuses…. Olivier Odiet