Pasteur évangélique retraité domicilié à Moutier, Arthur von Bergen (92 ans) a pratiqué l’art de la vannerie avec enthousiasme et savoir-faire. C’est son père qui lui a transmis le virus de cet artisanat consistant à travailler les tiges naturelles souples et flexibles (l’osier, le rotin, le roseau, le bambou, la paille, etc.) pour les tresser et en faire des objets utiles au quotidien ou décoratifs comme des paniers, corbeilles, plateaux, maquettes et lampes, pour ne citer que les plus courants.
Arthur von Bergen a déposé ses outils de vannier il y a un peu plus d’une année. C’est avec un immense plaisir qu’il a mis son temps à disposition pour évoquer les différentes techniques d’un art qu’il a commencé à l’âge de cinq ans en voulant imiter son papa. Dans un petit local où il stockait le matériel, Arthur s’est mis à l’œuvre sur son établi pour travailler le rotin dans les années 1966-1967 après avoir réalisé et raccommodé de gros paniers. « Pour créer des objets de vannerie, il faut disposer d’une parfaite dextérité ainsi que de la patience et de la passion », confie-t-il. Poinçon, couteau à bout légèrement recourbé, ponceuse, serpette et maillet suffisent au bonheur d’un vannier pour s’atteler aux créations découlant de son imagination. Dans le cas où l’artisan vannier produit lui-même les matières premières, il doit dans un premier temps récolter les matières à utiliser, les laver et les faire sécher. Et si besoin, les teindre avec du vernis. Vient ensuite l’étape du décorticage des tiges. Pour finir, il doit assouplir la matière obtenue à l’aide de jets de vapeur ou d’un chalumeau afin d’obtenir des fibres flexibles faciles à tresser.
Le souvenir de Morat
Pasteur de profession, Arthur von Bergen a uniquement pratiqué la vannerie en tant qu’activité accessoire. Il garde de très bons souvenirs d’événements où il écoula ses objets comme l’Expo 02 à Morat, la Foire de Chaindon ou le Marché paysan à Moutier. Parmi ses objets à succès, on citera notamment les plateaux avec une image personnalisée vendus dans le cadre d’anniversaires ou de mariages ; des grosses bouteilles en verre ; des paniers ; des lampes ; des dessous de plat ; des bacs de fleurs coupés ainsi que ses maquettes de chalet en rotin.
Un art transmis aux jeunes
Arthur von Bergen a donné des coups de main à la ferme familiale, d’abord à Moron puis, dès 1949, à Champoz jusqu’à l’âge de 18 ans. Il a exercé le métier de facteur durant cinq ans, dix-huit heures par semaine à Moron (poste de montagne) puis pendant douze ans à Malleray-Bévilard, à plein temps. En tant que pasteur, il a énormément voyagé, au Canada, en Hongrie ou encore en Afrique et notamment au Bénin où il a saisi l’opportunité de ramasser du bois pouvant lui servir dans son activité de vannier. Enseignant le catéchisme, Arthur von Bergen a formé une centaine de jeunes à la vannerie dans le cadre des activités récréatives. Une expérience qui s’est avérée très enrichissante pour cet amoureux du travail bien fait, animé d’un esprit de partage en toute circonstance.
Olivier Odiet
