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Une vitrine forestière exceptionnelle

Edition N°20 - 24 mai 2023

Confronté à l’urgence climatique, le WSL (Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage) inaugure une série de plantations expérimentales d’essences d’avenir. Cette initiative d’envergure nationale trouve un écho particulier dans le Jura bernois, où une parcelle unique d’un hectare sert de berceau à des milliers de jeunes pousses.

De 2020 à 2023, la Suisse déploie un réseau inédit de cinquante-sept plantations expérimentales d’essences d’avenir. Cette entreprise audacieuse, orchestrée par des services forestiers cantonaux, des entreprises forestières, des pépinières et des chercheurs du WSL, ambitionne d’étudier plus de 55’000 plants sur plusieurs décennies. Son but ultime ? Décoder la capacité d’adaptation des essences forestières face au changement climatique. Ainsi, dans le Jura bernois, une infrastructure de recherche et de pratique singulière voit le jour. Trois autres plantations ont déjà pris racine dans le reste du canton de Berne, et une autre en Haute-Ajoie.

Dans le lieu-dit Montrembert 

Alors que le pays se mobilise autour de ce projet national, le Jura bernois s’affirme en déployant une surface d’observation forestière unique de plus d’un hectare. Au cœur de la commune de Grandval, au lieu-dit Montrembert, les équipes forestières régionales ont transformé un espace défriché en une véritable mosaïque végétale. « Pas moins de 2’000 jeunes arbres, représentant dix-huit variétés distinctes issues de soixante-quatre lieux différents, ont été soigneusement plantés. Parmi eux, on compte des douglas venus des Etats-Unis, des noisetiers originaires de Turquie ou encore des alisiers d’Espagne », détaillent Matthias Wüthrich, collaborateur scientifique du WSL, et Marie Mathys, biologiste en stage.

Favoriser la croissance naturelle des plants

« Pour assurer une croissance naturelle et sans dégâts causés par le gibier, nous avons érigé une barrière de deux mètres de haut », précise Roger Gerber, responsable « Production technique » du canton de Berne et maire de Roches. L’accroissement des arbres plantés sera régulièrement mesuré par le WSL sur une durée de vingt à trente ans. Pourquoi une telle durée ? « Car les données récoltées nous aideront à mieux anticiper le réchauffement climatique et nous guideront quant à la gestion future de nos forêts. Plus ces données seront collectées sur le long terme, plus elles seront précieuses », éclaire Matthias Wüthrich.

Un démarrage prometteur

Aujourd’hui, alors que la clôture a été érigée avec succès et que les premières plantations émergent du sol, cette surface d’observation unique dans le Jura bernois incarne l’espoir et la promesse d’un avenir durable. Roger Gerber contemple avec fierté ce début prometteur : « C’est une avancée significative dans notre quête de compréhension des défis imposés par le changement climatique et notre recherche de solutions durables pour l’avenir de nos forêts. » 

Une vision qui nous propulse résolument vers un avenir plus vert et plus résilient.

Roland J. Keller

 

Expérimentations novatrices

La santé globale d’une forêt, sa capacité à résister aux maladies et aux changements climatiques, ainsi que la richesse de la biodiversité qu’elle abrite, dépendent en grande partie de la diversité de ses essences. Parmi celles couramment rencontrées en Suisse, on compte les hêtres, les chênes, les épicéas, les pins, les mélèzes, les sapins, les frênes, et bien d’autres. 

Dans le cadre de leurs expérimentations novatrices, les chercheurs du WSL se concentrent sur ce qu’ils nomment les « essences d’avenir ». Il s’agit d’arbres sélectionnés pour leur résilience exceptionnelle face aux bouleversements climatiques de longue durée. Ces nouvelles plantations pourraient ainsi mieux s’adapter aux conditions futures que les espèces d’arbres qui prédominent actuellement.

(rke)