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Le pas de charge rythme son quotidien

Edition N°23 – 15 juin 2022

Né en Ajoie, Germain Beucler a grandi à Bienne, mais il a choisi de vivre à Reconvilier. (photo ca)

Le dixième épisode de notre série consacrée à des personnalités de 65 ans et plus est dédié à Germain Beucler. Sa préretraite à 60 ans, il ne s’y attendait pas. Il a dû se décider très vite. « Je n’ai jamais regretté », confie-t-il.

« Quand on a fait quinze ans de tôle, on demande sa libération conditionnelle ! » lui déclare Jean Studer, alors conseiller d’Etat neuchâtelois en charge de la Justice, qui avait convoqué le surveillant-chef de la prison de La Chaux-de-Fonds a son bureau du château de Neuchâtel. C’est ainsi que Germain Beucler a appris sans préavis qu’on lui offrait la possibilité de prendre une retraite anticipée à 60 ans. « J’en ai profité, oh là là ! » s’exclame-t-il. Trop content de pouvoir quitter La Chaux-de-Fonds et revenir vivre à Reconvilier où il avait gardé tous ses amis.

Un pur produit biennois établi à Reconvilier

Pourtant Germain Beucler n’est pas né à Reconvilier, mais à Damvant, en Ajoie, le 22 février 1950. Il a 2 ans quand ses parents s’installent à Bienne : « J’y ai fait toutes mes classes, je suis parfaitement bilingue. Je suis un pur produit biennois ! » Après son école de recrues dans les transmissions d’infanterie à Fribourg où il sera promu caporal, il entre à l’école de gendarmerie à Berne. Après une année en poste à Bienne, il est nommé gendarme à Reconvilier. Un poste qu’il occupera durant douze ans. Parallèlement, il continue à grimper dans la hiérarchie de l’Armée suisse pour finir adjudant. « Le plus haut grade de sous-officier de l’époque. » Une carrière militaire qui joue un rôle central dans sa vie. En 1976, il devient président de la section de Reconvilier de l’Association Suisse de Sous-Officiers. Poste qu’il occupera jusqu’en 2004 et où il se fera de nombreux amis. C’est là qu’il rencontre sa femme, Pascale Tièche (bourgeoise de Reconvilier), qui était caporal à l’époque et qui, aujourd’hui, est l’une des rares colonels que compte l’Armée suisse. Il s’investit aussi dans la société de tir de Reconvilier, dont il est le vice-président et le secrétaire entre 1976 et 2017, et est aussi membre du comité cantonal bernois de tir et de l’assurance des tireurs où il fonctionne comme traducteur. Germain Beucler est le président du comité de jumelage Reconvilier-Sillingy, en Haute-Savoie, qui fêtera ses 30 ans l’année prochaine. Bref, Reconvilier est devenu son fief. Il connaît tout le monde et tout le monde le connaît.

Secrétaire de l’Association Suisse de Sous-Officiers

En 1983, il quitte son poste de gendarme (mais il reste à Reconvilier), pour devenir secrétaire central de l’Association Suisse de Sous-Officiers qui compte, alors, 132 sections et 12’000 membres. Un travail à plein temps qu’il exercera avec passion jusqu’à la suppression du poste en 1991. C’est à ce moment qu’il devient surveillant-chef de la prison de La Chaux-de-Fonds où il doit déménager. Il y travaille quinze ans, entretient de bons rapports avec ses collègues et les juges d’instruction, notamment avec Nicolas Feuz qu’il a connu avant qu’il ne devienne procureur et écrivain. Mais au fil des ans, le cœur n’y est plus : « Les conditions de travail ne correspondaient plus à ma vision. C’était devenu trop relax à mon avis. » C’est donc avec soulagement qu’il accepte la proposition de retraite anticipée que lui fait Jean Studer. « C’était le moment que je parte ! » Il peut enfin revenir vivre dans son cher village de Reconvilier et retrouver ses amis. « J’ai repris à 100 à l’heure mes activités pour les sous-officiers ! » Depuis 2020 et jusqu’à la fin de l’année, il est même devenu président de la Confédération Interalliée des Sous-Officiers de Réserve (CISOR) qui regroupe plus de 130’000 membres de douze nations. C’est lui qui a conçu leur site web (CISOR.ch). Toutes ces activités représentent à peu près un travail à mi-temps. « Le matin, je fais la paperasserie et l’après-midi, je vais me promener. » Une retraite bien remplie ! Et agrémentée de voyages.

L’Ordre de la Libération

Ainsi, le 18 juin prochain Germain Beucler se rendra au Mont Valérien, près de Paris, pour commémorer l’Appel du 18 juin du Général de Gaulle. Le Général avait nommé quelque 1000 Compagnons de la Libération, mais tous sont décédés. Pour perpétuer la mémoire de cet événement historique, ce sont leurs descendants qui prennent le relais. 

Pierre Beucler, son grand-oncle, était un Compagnon de la Libération mais n’avait pas d’enfants. A son décès en 2012, son petit-neveu Germain Beucler, a été contacté par la Chancellerie de l’Ordre pour le représenter. On ne pouvait frapper à meilleure porte ! Ainsi, chaque année depuis dix ans, il assiste à la cérémonie militaire, le Président de la République lui serre la main et échange quelques mots avec lui. Il a rencontré François Hollande, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, qu’il trouve très sympathique : « Chaque fois, il me reconnaît. Il me dit : « Le Suisse est fidèle ».

Claudine Assad

 

Né en Ajoie, Germain Beucler a grandi à Bienne, mais il a choisi de vivre à Reconvilier. (photo ca)