Une quinzaine de passionnés d’horlogerie ont créé Montre-Moi Tramelan. L’association a pour but de valoriser le patrimoine matériel et immatériel horloger de Tramelan et de ses environs. Elle s’est installée dans un bâtiment emblématique : l’usine Auguste Reymond, construite en 1905.
En 2020, rebondissant sur une candidature des Savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art présentée à l’UNESCO, Thierry Gagnebin a déposé auprès du Conseil général de Tramelan une motion intitulée « Pour une mise en valeur du savoir-faire en mécanique horlogère et des comptoirs horlogers de Tramelan ».
Accepté, le texte proposait notamment la mise en place d’une commission spéciale par le Conseil municipal. Cette dernière a abouti, par la suite, à la création de l’association Montre-Moi Tramelan. Quelques mois plus tôt, l’organisation internationale décidait d’inscrire cette tradition vivante emblématique de l’Arc jurassien sur sa liste. Le motionnaire rappelle que l’horlogerie a été introduite à Tramelan dès 1729. Cette activité marque l’histoire du village depuis près de 300 ans. « Aujourd’hui, il y a un risque de perdre cet important patrimoine. Montre-Moi Tramelan est le début d’une belle aventure, entouré de passionnés d’horlogerie. » A ses côtés, le président de l’association, Stefano Rastelletti, souligne l’aubaine d’être accueilli dans un bâtiment chargé d’histoire « grâce notamment à l’implication des deux propriétaires, membres actifs de l’association ». Le président revient sur les buts de l’organisation qui vise à préserver, conserver et promouvoir ce patrimoine exceptionnel.
Une histoire horlogère différente
Membre de la commission Historique et Littérature, Richard Vaucher précise : « On a recensé jusqu’à cent marques horlogères, ici. De cette histoire, il n’en reste plus rien. » Au contraire de communes telles que Tavannes ou Saint-Imier, l’histoire horlogère tramelote ne s’est pas appuyée sur un acteur unique employant un millier de personnes. « A Tramelan, tout le monde voulait être patron. On avait donc une multitude de comptoirs avec un chef et deux ou trois employés. » Ce sujet pourrait faire l’objet d’une étude sociologique approfondie. L’ambition : « Donner un éclairage en inscrivant le passé de Tramelan dans la grande Histoire. » Inscrit dans l’inventaire de l’association comme pièce n°1, Stefano Rastelletti présente un établi horloger au charme suranné. « Il appartenait à Gilbert Monnier. Il est constitué de bois de la région. Toutefois, ce n’est pas que l’objet lui-même qui nous intéresse, mais la vie de son propriétaire. »
Sauvegarder le patrimoine immatériel
Philippe Béguelin est un enfant d’Auguste Reymond. Le septentenaire y a effectué son apprentissage. « J’ai toujours travaillé dans l’horlogerie : pour des patrons, puis à mon compte. Ensuite, j’ai travaillé pendant trente-cinq ans pour Cartier. » Responsable de la commission Matériel, le retraité présente différents objets prêtés par les membres de l’association, puis égrène une longue liste de noms d’entreprises aujourd’hui disparues. « Dans les années soixante, un alpiniste est mort en escaladant l’Eiger. Son corps a été retrouvé trois ans plus tard. La montre accrochée à son poignet ne fonctionnait plus, un passionné a réussi à la réparer. C’était une montre Niga. Cette marque appartenait à mon oncle, elle était située à la Rue des Prés, à Tramelan ». « Outre le matériel, c’est le type d’anecdote que l’on recherche », intervient Benjamin Mercier, le responsable de la commission Immatériel. « Il faut faire vite car les témoins de cette époque sont de plus en plus rares. » Le défi est passionnant, mais difficile à immortaliser. « Pourtant, il est primordial de sauvegarder ce patrimoine tramelot. »
Ainsi, l’association recherche, auprès des particuliers et des entreprises, des témoignages, des machines, des outils ou de la littérature liés à l’histoire horlogère du village. Les propositions peuvent être adressées par courriel à contact@montremoitramelan.ch ou par téléphone au 079 328 50 59.
Bruce Rennes