Actualités, Portraits

Une soif d’apprendre intarissable

Edition N°28 – 10 août 2022

Depuis l’adolescence, Elda Jabas ne quitte pas sa guitare qui lui permet d’extérioriser ses sentiments. (photos ca)

Le douzième épisode de notre série consacrée à des personnalités de 65 ans et plus est dédié à Elda Jabas, qui s’est épanouie comme mère au foyer avant d’enseigner la musique à l’école et la gym aux enfants de Crémines, réalisant ainsi son rêve de petite fille. 

Elda Jabas, c’est une personnalité rayonnante et charismatique. Mais comme beaucoup de femmes, elle pèche par modestie : « Je ne suis pas quelqu’un d’important qui a fait des choses extraordinaires. Est-ce que ça se justifie de faire un article sur moi ? » Et pourtant ! Alors que les magazines féminins regorgent d’articles sur la difficulté de concilier vie de famille et vie professionnelle (la quadrature du cercle !), Elda semble avoir navigué en toute sérénité et bonheur entre ces deux mondes. Maman d’abord, enseignante ensuite, avant de prendre une retraite épanouie et active.

Elda petite fille

« Je suis née à Moutier le 8 janvier 1952. Mes parents étaient Tessinois et ils me parlaient le dialecte. Nous avons déménagé à Crémines quand j’avais 3 ans et, à part un court épisode à Moutier au début de mon mariage, j’y suis toujours restée. Crémines, c’est mon arbre. » 

Elda maman

« J’ai été maman à 23 ans et grand-maman à 45. J’ai adoré. C’était le but de ma vie », confie Elda. Employée de commerce à la Tornos à Moutier, puis à la Fédération horlogère à Bienne, c’est sans regret qu’elle quitte son emploi pour se consacrer à sa famille : trois filles et maintenant huit petits-enfants. « Après mon mariage, je n’ai plus eu envie de travailler », avoue-t-elle. D’autant plus que sa formation d’employée de commerce n’était qu’un pis-aller. « J’aurais voulu être institutrice. Mais je n’ai pas fait l’école secondaire et j’ai eu peur de ne pas y arriver, alors je n’ai pas essayé », explique Elda. Sa fibre d’enseignante, elle l’a comblée en aidant ses filles à faire leurs devoirs. Et quand la plus jeune a été hors de coquille, elle a pu réaliser son rêve.

Elda enseignante

« Quand j’étais ado, notre voisine à Crémines, Paulette, donnait des cours de guitare. Moi, je l’entendais de ma fenêtre et j’ai eu envie d’apprendre. » Elda qui chante depuis toute petite avec sa maman a toujours aimé la musique et la guitare va transformer sa vie : « Je peux exprimer mes sentiments. Cela m’a aidé dans les bons et les mauvais moments de la vie. » 

Elda (et sa guitare), c’est une institution à Crémines et aux environs ! On fait appel à elle pour les fêtes, les mariages. Et c’est ainsi qu’en 1993 elle est sollicitée par l’école de Crémines pour donner des cours de guitare et de chant. De fil en aiguille, elle suivra aussi une formation pour enseigner la gym aux enfants dans le cadre de la société de gym. Pendant vingt-trois ans, jusqu’à l’âge de la retraite, en 2006, elle pratiquera donc le métier dont elle a toujours rêvé : « J’aime transmettre. J’ai eu énormément de plaisir à enseigner. »

Elda retraitée active

A la retraite depuis six ans déjà, Elda ne s’ennuie pas : « J’aime les choses simples, je suis contente d’être dehors », confie-t-elle. « Le matin je vais à la piscine et l’après-midi je bouquine ». Ses auteurs préférés ? Toutes des femmes : Agnès Martin-Lugand, Agnès Ledig, Virginie Grimaldi…

Elda n’a pourtant pas complètement abandonné l’enseignement puisqu’elle anime un cours à la société de Gym-Elles de Crémines. « On se retrouve une fois par semaine, le mardi soir. Quand il fait beau on reste dehors, derrière l’église, c’est tellement dommage de s’enfermer ! » Elle qui a été active dans plusieurs chorales, elle continue à chanter, pour le culte œcuménique à l’occasion du Jeûne fédéral, et à coanimer les après-midis « Chansons populaires » de Pro Senectute. Et sa soif d’apprendre n’est pas assouvie : elle s’est mise à l’anglais : « J’envie ma fille et ses enfants qui ont passé plusieurs années à Abu Dhabi et qui sont parfaitement bilingues ! »

Elle a passé le cap des 70 ans en janvier dernier, en pleine pandémie, mais elle fêtera son anniversaire le 13 août prochain. Avec sa guitare, bien sûr. C’est une chanson de Patrick Fiori, « Les gens qu’on aime », qu’elle offrira à sa famille réunie. Des paroles qui lui vont si bien :

Ce matin, j’irai dire aux gens que j’aime
Oh juste merci d’être ceux qu’ils sont
Qu’ils changent mes heures amères en poèmes
Et tous ces mots que nous taisons
Ce matin, j’irai dire aux gens que j’aime
Ô comme ils comptent pour moi chaque instant
Des mots doux c’est mieux qu’un beau requiem
Et les dire c’est important
Et dire avant, tant qu’il est temps… 

Claudine Assad

 

Depuis l’adolescence, Elda Jabas ne quitte pas sa guitare qui lui permet d’extérioriser ses sentiments. (photos ca)