L’arrivée de Moutier dans le canton du Jura n’a rien d’anodin pour Delémont. Déjà fructueuse à ce jour, la collaboration entre les deux villes ouvre la voie à des coopérations encore plus efficaces : « Lorsque nous devions solliciter une manne financière ensemble, la demande s’adressait aux deux gouvernements alors que maintenant, il n’y aura plus qu’un seul interlocuteur pour les deux villes ce qui change complètement la donne », explique le maire de Delémont Damien Chappuis. Qu’elles concernent l’énergie, les services industriels, l’urbanisme, la politique de la jeunesse, le sport, la culture, les foires, les expositions, les déchets, les logements d’utilité publique, la sécurité, la défense de lignes ferroviaires ou encore les contours de l’agglomération de Delémont, les thématiques abordées entre les deux villes ne vont pas seulement s’intensifier, mais surtout se simplifier. En effet, les différences légales et administratives entre les deux cantons vont progressivement se gommer pour aboutir à l’harmonisation souhaitée. Durant la phase d’intégration, Moutier pourra anticiper les défis administratifs liés à l’adaptation du droit communal, des services, des politiques publiques, ce qui engendrera forcément une meilleure cohésion régionale. En unissant Delémont et Moutier, on tend à renforcer le rôle du canton du Jura autour d’un pôle central. Un atout non négligeable pour le développement économique, culturel et social. Vous l’aurez compris : la relation entre le Conseil communal de Delémont et le Conseil municipal de Moutier incarne une dynamique de rapprochement pragmatique qui passe non seulement par la mise en place de synergies à une très large échelle, mais également par une réduction de certains coûts. Par les temps qui courent, on ne va pas cracher dans la soupe…
Sa récente non-élection au gouvernement jurassien ne lui laissant aucune amertume, Damien Chappuis se déclare d’attaque pour relever deux gros défis qui attendent le Conseil communal de Delémont ces prochaines années, soit le secteur Gare Sud et l’avenir institutionnel de la ville.
– Secteur Gare Sud. Identifié comme un espace hautement stratégique pour Delémont, le quartier Gare Sud doit devenir un pôle de vitalité alliant développement urbain, logement, emplois, services publics et qualité de vie. La réalisation phare de ce projet est sans conteste un hôpital de soins aigus pour le canton du Jura, porté par l’Hôpital du Jura (H-JU). Le plan prévoit aussi des infrastructures publiques d’intérêt cantonal ou régional, comme des salles omnisport, des lieux culturels, tout en laissant de la place à des investisseurs – logements, entreprises, artisanat. Le projet Gare Sud incarne une vision ambitieuse : transformer un ancien site industriel à proximité immédiate de la gare en un quartier durable, mixte, vivant et accessible. Il y a fort à parier que ce projet deviendra un modèle de reconversion urbaine pour toute une région.
– Avenir institutionnel de Delémont. Dans le district de Delémont, plusieurs petites communes ont déjà procédé à des regroupements au cours des deux dernières décennies et des réflexions sur une éventuelle fusion plus large – incluant Delémont – sont régulièrement lancées. Même si chaque localité garde une forte identité, le bassin de vie est largement commun. Les habitants se déplacent quotidiennement entre Delémont et les communes voisines pour travailler, étudier ou consommer. Une fusion institutionnelle pourrait refléter cette réalité quotidienne et permettre de renforcer le sentiment d’appartenance à une entité régionale cohérente. Ouvert, l’avenir institutionnel de Delémont dépendra autant des dynamiques politiques que des pressions structurelles auxquelles les communes suisses sont confrontées. Une fusion élargie apparaît comme une possibilité tangible à long terme. La question engendre une réflexion de fond sur le rôle de Delémont en tant que moteur régional, sur l’équilibre entre identité locale et efficacité institutionnelle, et sur la manière dont les communes du district souhaitent construire leur avenir commun. Pas de doute : il y a du pain sur la planche… Olivier Odiet



