Il y avait de l’excitation dans l’air le lundi 18 novembre à l’école secondaire de Reconvilier. L’origine de cette agitation s’explique par la présence d’un professionnel du hockey sur glace, en l’occurrence Elien Paupe, doublure de Jonas Hiller au HC Bienne. Accompagné du Sponsor Manager Sébastien Meyer, ce talent de 24 ans a présenté son parcours avant de répondre aux questions des élèves et des enseignants. Cerise sur le gâteau: la séance de dédicaces. Echarpes, maillots, cartes, livres; il a posé sa griffe partout pour le plus grand plaisir d’une jeunesse conquise qui n’a jamais perdu patience dans la longue file d’attente conduisant au paraphe tant convoité.
Permettre aux élèves des écoles de la région de rencontrer des joueurs du HC Bienne est une excellente initiative que le Sponsoring Manager du club Sébastien Meyer ironise en disant: «C’est pour leur montrer qu’il n’y a pas que le foot!» Avant la présentation d’Elien Paupe aux élèves, deux films ont été projetés dans un silence de cathédrale. Le premier en tout cas, le deuxième déjà nettement moins. Selon un sondage effectué auprès des élèves, près de la moitié ont déjà assisté à un match du HC Bienne. Mais aucun d’entre eux ne connaissait véritablement Elien Paupe avant son passage à Reconvilier.
Une leçon d’humilité
Né le 2 août 1995, Elien Paupe a commencé sa carrière au sein de la filière juniors du HC Ajoie avant de rejoindre le HC Bienne en 2012. Il a évolué avec les Novices et les Elites avant de retourner trois saisons au HCA où il a terminé sa première saison professionnelle en 2015-2016. C’est à nouveau sous les couleurs du HC Bienne que le gardien de Pleigne a effectué sa première apparition dans la plus haute division du pays, soit la LNA, aujourd’hui baptisé National League. Lorsque la doublure de Jonas Hiller a pris la parole pour se présenter, il a réussi à capter l’attention des élèves avec le même brio que ses interventions sur la glace. Humble, jovial, décontracté, avenant, Elien Paupe a déclaré qu’il avait pris goût au hockey sur glace grâce à son père qui suivait les péripéties du HC Ajoie: «Lorsque j’ai assisté à mon premier match, j’ai vu un gardien et je me suis dit, c’est ce rôle-là que j’ai envie d’assumer. Pour apprendre à patiner, j’ai d’abord occupé un poste de joueur durant une année», explique-t-il. Elien Paupe a ensuite apporté quelques éclaircissements sur les entraînements en précisant que les gardiens restaient entre eux, leur programme n’étant pas du tout le même que celui des joueurs. Renforcement musculaire, exercices d’équilibre et de jonglage, stretching, explosivité: le programme n’est pas de tout repos non plus. La partie réservée aux questions des élèves fut non seulement la plus consistante de l’après-midi, mais également la plus intéressante. Morceaux choisis.
– Quel est le principal objectif de votre carrière?
Comme nous ne sommes jamais à l’abri d’une blessure, il est très difficile de se fixer des objectifs. En fait, je prends ce qui vient. La saison dernière, j’ai été éloigné des patinoires plusieurs mois en raison d’une blessure à la hanche et ce n’est pas forcément évident de passer brutalement d’une période intense au repos total. Cela fait toutefois partie du hockey. Il y a des hauts et des bas. Avec le recul, je me dis que c’était une bonne chose, car mon corps est rétabli et je me sens encore mieux qu’avant.
– Aviez-vous des bonnes notes à l’école?
Mes deux parents étaient profs, je n’avais donc pas le choix, il fallait bien bosser…
– Est-ce que vous suivez un programme particulier au niveau de l’alimentation?
Oui, bien sûr. Un nutritionniste me dit exactement ce que je dois manger et c’est un élément très important pour un sportif professionnel, mais quand j’ai envie de manger une fondue, je ne m’en prive pas.
– Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui caressent l’espoir de devenir professionnel dans le sport ou la culture?
C’est de ne jamais perdre le plaisir. Le fait de se mettre trop de pression où de se forcer ne va jamais rien t’apporter.
– Avez-vous dû consentir beaucoup de sacrifices à l’adolescence?
J’ai dû me séparer de mes amis de collège pour suivre un programme sportif spécifique à Porrentruy et le week-end, je dormais pendant que mes potes étaient en sortie. Ce ne sont pas toujours des moments faciles à vivre, mais je ne regrette rien. Vous savez, il y a des désavantages dans tous les métiers.
– Est-ce que vous avez des rituels?
J’en avais énormément mais j’ai tout arrêté car j’avais l’impression de devenir un peu fou. Je pourrais vous énumérer longuement des exemples de superstition dans le sport. Mettre le patin gauche avant le patin droit, répéter les mêmes gestes au même endroit avant un match, manger une banane au 2e tiers, etc.
– Comment vivez-vous votre célébrité?
Le mot est un peu fort. Il n’y a pas dix photographes qui m’attendent devant chez moi. Je ne suis pas aussi connu que d’autres figures emblématiques du HC Bienne comme Jonas Hiller ou Mathieu Tschantré, par exemple. Non, franchement, je n’ai pas du tout l’impression d’être une vedette.
– Avez-vous pratiqué d’autres sports que le hockey sur glace?
J’ai fait du foot jusqu’à l’âge de 13 ans, mais après j’ai dû opérer un choix et j’ai décidé de privilégier le hockey sur glace. J’ai aussi pratiqué l’athlétisme durant deux ou trois ans. Aujourd’hui, je goûte aux joies du tennis et du golf, mais j’aime le sport en général.
Olivier Odiet
Susciter des vocations
La venue d’Elien Paupe à l’école secondaire de Reconvilier découle d’une initiative de l’enseignante Fabienne Wyder, supportrice du HC Bienne depuis plusieurs décennies: «J’ai contacté le club par courriel dès que j’ai pris connaissance, dans la presse, de l’existence de ces échanges entre joueurs et écoliers», explique-t-elle. «Le programme du HC Bienne étant très chargé durant cette période, nous avons dû patienter quelques semaines avant de trouver une date. Prétendre que les élèves ont bondi de joie en apprenant la nouvelle serait un peu exagéré, mais ils ont réagi très positivement. Ce n’est pas tous les jours qu’ils ont l’opportunité de côtoyer un sportif professionnel. Le début de la partie réservé aux questions était un peu timide, mais la situation s’est bien décantée par la suite. J’espère que l’intervention d’Elien Paupe, par ailleurs très intéressante, suscitera des vocations auprès des élèves. C’est aussi le but d’une telle démarche.»
(oo)