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« Applaudir c’est bien, mais… »

Edition N°43 – 24 novembre 2021

De gauche à droite : Emilie Jörg, Laeticia Buache-Bez, François Roquier, Hervé Roquet et Mathieu Houmard. (photo oo)

Eviter le gâchis généré par le taux élevé des abandons. Tel est en substance le message délivré lors d’une conférence de presse à Sonceboz par plusieurs partis régionaux de gauche mobilisés pour soutenir l’initiative « OUI aux soins infirmiers forts » en prévision des votations fédérales du 28 novembre.    

« En 2030, on sera dans le mur ! » Les slogans de cet acabit ont fusé de toutes parts à Sonceboz, lors du point presse organisé par différents partis de gauche de la région (PSA, PS romand de Bienne, Les Verts du Jura bernois, Plateforme.Socialiste et l’association suisse des infirmiers-ères (ASI). « Ces dernières années, un ratio de huit patients par infirmière sur 24 h est passé à dix voire douze », a souligné Emilie Jörg, membre de l’association suisse des infirmiers-ères (ASI) et enseignante au ceff santé-social à Saint-Imier. Elle estime par ailleurs que les failles du système actuel sont nombreuses et qu’il n’est tout simplement plus possible de continuer comme ça.

De son côté, Mathieu Houmard (PSA et Jeunesse socialiste Bielingue) signale que voter OUI à cette initiative équivaut à garantir un meilleur cadre de travail pour les personnes qui exercent cette profession dans notre région et assurer du même coup à la population une meilleure prise en charge. » Représentante de Plateforme.Socialiste et ancienne infirmière, Laeticia Buache-Bez a mis l’accent sur des situations de plus en plus complexes qui conduisent à l’épuisement professionnel : « Le moral et l’énergie des infirmières et infirmiers sont affaiblis par des conditions de travail qui se dégradent au fil des années. J’ai moi aussi abandonné ce métier après six ans de travail. » Hervé Roquet (PS romand de Bienne) rappelle « qu’en Suisse, plus de 11’000 postes sont vacants dans les soins dont 6100 places pour les infirmiers-ères diplômé-e-s. C’est bien la preuve qu’il existe un problème récurrent », s’est-il insurgé. François Roquier (Les Verts Jura bernois) relève que le métier d’infirmier s’est non seulement déshumanisé, mais également dépersonnalisé. D’où la constante augmentation du stress et des burn-out.

Les intervenants à la conférence de presse ont également insisté sur le fait que le contre-projet proposé par les chambres aborde principalement la thématique de la formation. « Il le fait d’ailleurs de façon maladroite en allouant près de 1 milliard de francs à une promotion des métiers du domaine des soins, sans se soucier des répercussions directes que cela pourrait engendrer sur la taille des classes, sur la recherche de professeurs ou les places de stages. Rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail, prévenir les abandons ou assurer la qualité des soins. »

Manque de reconnaissance envers le personnel expérimenté

Les partis régionaux mobilisés à Sonceboz n’ont pas omis de pointer un doigt accusateur sur la faible évolution des salaires qui met en lumière un manque de reconnaissance de l’expérience du métier. En effet, l’augmentation n’est que de Fr. 1250.- sur toute une carrière. Affligeant. Mais plus que les conditions salariales, c’est surtout l’impossibilité pour les infirmiers-ères de concilier vie professionnelle et vie familiale qui s’est dégagée des discussions. « Horaires mieux planifiés, une plus grande autonomie décisionnelle dans le cadre des compétences de chacun-e, éviter la sous-dotation : ce sont là les clés qui permettront d’améliorer à la fois les conditions de travail et la performance globale du système de santé », estiment les intervenants.

Olivier Odiet

De gauche à droite : Emilie Jörg, Laeticia Buache-Bez, François Roquier, Hervé Roquet et Mathieu Houmard. (photo oo)