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« En aidant les autres, on s’aide soi-même »

Edition N°13 - 6 avril 2022

Sabrina : « Ce n’est pas moi qui ai choisi le métier de physiothérapeute, c’est le métier qui m’a choisie. » (photo oo)

Physiothérapeute dans un établissement de santé de la région, Sabrina rêve d’exercer un jour sa profession dans un grand club de foot professionnel pour se faire connaître et gagner suffisamment d’argent qu’elle utilisera pour venir en aide aux enfants malades ou se trouvant dans la précarité. Issue d’une famille pauvre, elle a fait sienne la devise disant qu’il vaut mieux obtenir quelque chose par soi-même plutôt que d’attendre que cela vienne de quelqu’un d’autre. « Le but de ma vie, j’irai le chercher sur la lune si c’est nécessaire, mais je ne vais pas mourir sans l’atteindre. J’arrive toujours là où j’ai envie d’aller », martèle cette battante qui sacrifie toutes ses vacances depuis douze ans pour franchir une à une les différentes étapes de formation qui lui permettront d’obtenir à terme les reconnaissances auxquelles elle aspire. Chapeau ! 

Dans une société où la tentation de l’argent facile aiguise les appétits, nous avons croisé le chemin d’une jeune femme pas comme les autres se nommant Sabrina. Elle suit en permanence l’exemple de son père qui s’est tué à la tâche, malade ou pas, en tant qu’ouvrier chez Peugeot, à Sochaux, pour nourrir ses sept enfants afin de leur offrir le meilleur avenir possible.

« Une rencontre peut changer le cours de ta vie »

Si Sabrina reste convaincue que chaque rêve peut se concrétiser, c’est aussi en voyant l’un de ses potes percer dans le milieu du foot professionnel en France alors qu’il a d’abord shooté dans un caillou. Au même titre qu’il faut souffrir pour être beau, il faut travailler pour être grand, en l’occurrence grande. « J’étais d’abord une petite fille avec des rêves et je suis devenue une femme avec de grandes visions », relève-t-elle. Mais au fait, pourquoi Sabrina a-t-elle décidé d’embrasser une carrière de physiothérapeute ? « Ce n’est pas moi qui ai choisi ce métier, c’est le métier qui m’a choisie. A l’âge de 8 ans, j’ai voulu aider un petit garçon qui pleurait et en allant récupérer sa casquette, je me suis cassé le nerf radial ce qui m’a conduit à suivre des séances de physiothérapie. Depuis ce jour-là, l’envie de choisir ce métier n’a plus quitté mon esprit. Et surtout, j’ai appris qu’une rencontre peut changer le cours de ta vie lorsque tu te trouves au bon endroit au bon moment. » Comme Sabrina a baigné dans le milieu du foot à Sochaux depuis sa plus tendre enfance, c’est le métier de physio du sport qu’elle a placé dans son viseur. « Idéalement, je rêverais de rejoindre la structure de l’équipe de France ou du PSG avec l’Olympique de Marseille comme troisième choix. Je suis toutefois prête à travailler dans n’importe quelle équipe pro pour me faire connaître. » Vous l’aurez compris : si Sabrina aspire à une certaine aisance financière, ce n’est pas pour rouler les mécaniques dans une Porsche rutilante, mais pour aider les enfants malades ou se trouvant dans la précarité. Dénicher une âme aussi généreuse par les temps qui courent équivaut à chercher une aiguille dans une botte de foin…

Décalage de mentalité

Après sa scolarité obligatoire, Sabrina a opté pour une formation commerciale qui lui a permis d’acquérir un BTS Management des unités commerciales d’Orange France. L’éventualité de suivre des études de physio en Belgique ayant avorté, l’aventure a pris forme en Roumanie, à l’Université de médecine et de pharmacie Carol Davila de Bucarest. « C’est la plus grande université de l’Europe de l’Est. Aussi riche soit-elle, cette expérience soulevait de nombreuses difficultés car il ne fallait pas seulement franchir la barrière de la langue, mais également s’adapter à la culture de ces gens, issus du communisme, dont la mentalité présentait un grand décalage avec la mienne. »

Ne bénéficiant d’aucune bourse, Sabrina a financé ses études durant les vacances scolaires en travaillant en tant que sommelière à Genève ou dans le Jura et n’avait ainsi pas la possibilité de voir sa famille en France.

La première année étant consacrée à l’apprentissage de la langue, c’est dès la deuxième année que Sabrina a pu s’atteler aux branches relatives à la médecine générale (dentaire, sage-femme, kinésithérapie, pharmacie, etc.) Le fait d’abattre un travail titanesque durant quatre ans s’est avéré payant, Sabrina ayant réussi ses examens haut la main. Elle a décroché son premier emploi dans un établissement de santé de notre région juste après son retour de Roumanie grâce à l’entretien que lui décroché l’agence de recrutement Valjob, à Delémont. Physio ambulatoire, réadaptation gériatrique, physio du patient de médecine, de chirurgie rythment des journées intenses et bien remplies. Parallèlement à ce copieux programme, cette jeune femme souriante et d’une amabilité rare suivra, dès le mois de septembre prochain, une formation complémentaire à la Clinique de La Source à Lausanne. Ce module No 1 (recherche scientifique) équivaut à un niveau HES et lui permettra d’obtenir un CAS qui validera la reconnaissance suisse à laquelle Sabrina tient comme à la prunelle de ses yeux.

Avec ce papier en poche, cette grande sportive pourra ouvrir son propre cabinet de physiothérapie en Suisse – si possible à proximité d’un aéroport -, le développer en engageant du personnel et se consacrer en parallèle à son métier de physiothérapeute du sport dans un club de foot professionnel prestigieux. Quand on vous disait que c’était une femme avec de grandes visions…

Olivier Odiet

Sabrina : « Ce n’est pas moi qui ai choisi le métier de physiothérapeute, c’est le métier qui m’a choisie. » (photo oo)