« L’art amène joie et force, aide à vivre et à aller de l’avant. Il doit parler au cœur, permettre d’exprimer son ressenti ! » C’est forte de ces concepts que Monique Liechti, citoyenne de Belprahon, fête le 20e anniversaire de la galerie Artesol, qu’elle a créée en 2001, située dans la magnifique vieille ville de Soleure. Des noms prestigieux, mais aussi des artistes lambda y ont accroché leurs œuvres ou présenté des sculptures. Cette passionnée a proposé ses cimaises à plus de 220 artistes de tous genres et compte bien continuer à présenter une expo par mois.
Enfant de Lajoux, Monique Liechti, fille d’un père suisse alémanique et d’une mère autrichienne, y fait ses classes primaires, puis secondaires à Bellelay. Elle entame ensuite une formation de diététicienne, travaille à la clinique Salem de l’hôpital de l’Ile de Berne, puis sera la première de cette spécialité à conseiller les patients de l’hôpital de Moutier, au début des années quatre-vingt où elle restera une dizaine d’années.
« Il fallait apprendre aux gens à se prendre en charge et à s’alimenter correctement, ce dont ils n’avaient pas l’habitude », précise-t-elle.
A l’eau !
Elle est l’épouse de Rudi Bachmann, hockeyeur bien connu qui, avec son frère jumeau Willy et un autre frère Marcel, ont fait les beaux jours du HC Ajoie, il y a quelques années. Monique est aussi la maman d’Aurélie, 15 ans, dont elle nous livre une récente anecdote : « Ma fille se trouvait ce fameux 23 juin avec ses pluies diluviennes sur la place de l’église catholique quand elle fut surprise par la montée soudaine des eaux et de la flotte jusqu’aux cuisses. Elle est alors montée sur un banc et s’est filmée en se marrant comme une baleine. Elle a partagé ce moment sur Tik-Tok et a récolté plus de 40 millions de vues et de « likes », ce qui lui a apporté une petite notoriété ; des gens qu’elle ne connaissait pas la saluant le lendemain. »
Formation artistique
Monique Liechti est insatiable pour parfaire ses connaissances et part six mois à Londres pour parfaire son anglais, puis six mois à Florence pour l’italien. C’est aussi dans cette ville qu’elle apprend l’histoire de l’art. Rentrée, elle fait la connaissance d’André Bréchet, un artiste bien connu qui a vécu dix-sept ans à Paris. Elle travaillera trois ans avec lui, à Delémont, l’assistant dans ses travaux de vitraux ou de sculpture. Il lui apprendra également la lecture des œuvres et la force qu’elles dégagent. C’est aussi lui qui, vu son ressenti pour le monde artistique, l’encouragera à vivre sa passion en tant que galeriste. Elle parcourra encore l’Europe pour découvrir de nombreux musées et expositions et avouera un véritable coup de cœur pour le musée Louisiana de Copenhague, son préféré.
De Perrefitte à Soleure
Monique Liechti se lance et reprend avec assiduité la galerie du Tilleul à Perrefitte, ce qui lui permet de se familiariser avec ce monde particulier. Des invitations au public en passant par les contacts avec la presse et les artistes, elle multiplie les expériences pendant sept ans. C’est ensuite Beat Seltz, un médecin soleurois, qui prend une retraite anticipée, rachète le bâtiment, et continue les expos, surtout d’art contemporain. Et pourquoi pas ouvrir une galerie à Soleure, se dit alors cette polyglotte. C’est proche de la région et le coin est superbe. Après quelques recherches, elle découvre l’endroit idéal, en vieille ville, dans la cour intérieure de De Vigier, qui aura nécessité dix ans de travaux, à la suite de trouvailles archéologiques. C’est un ancien magasin de musique de 100 m2 qu’il faut retaper de fond en comble, ce qu’elle fera avec l’aide de son mari. Le nom est tout trouvé : Artesol, art, Soleure ou sol, venant de la musique dont elle est aussi avide. On est en 2001, elle peut donc inaugurer ce lieu tant désiré.
Coups de cœur
Forte de son expérience, la galeriste, qui en connaît un bout sur le monde artistique peut donc recommencer ses activités. Elle décide qu’une exposition par mois est un bon rythme. Qui exposer ? Elle a ses critères. L’art doit parler au cœur et permettre d’exprimer son ressenti. C’est donc à coups de cœur et aussi par Visarte que pendant vingt ans se succéderont des artistes aux multiples facettes, exposant seul ou à plusieurs, qui feront de Monique Liechti une référence dans ce monde exigeant. Ce sont donc plus de 220 créateurs qui occuperont cimaises et socles, lui conférant une belle notoriété.
Artistes variés
C’est ainsi que, pour n’en citer que quelques-uns, on nommera Xavier Vilato, petit neveu de Picasso, Riba, un Montpellierain qui pratique la technique du carton ondulé et compte François Fillion comme client, Marc Perez, un sculpteur parisien, Armin Goehringer, peintre et sculpteur allemand, Jacques Minala, peintre, sculpteur, vitrailliste et graveur, Jacques Chessex, peintre et écrivain, Frédéric Pajak, un Franco-Suisse, écrivain, illustrateur et peintre, ou encore deux illustres habitants de Belprahon : Maggioni et Ruiz. Il serait une gageure de les citer tous, tant la diversité et l’éclectisme sont de mise à Artesol. Il en est encore un qui se réjouissait de présenter son travail, Dani Jehle, un Soleurois qui s’est établi en Prévôté, malheureusement décédé dernièrement. Du 24 juillet au 7 août dernier, les cimaises ont été occupées par le Bruntrutain exilé à Genève Stéphane Montavon, qui a partagé son espace avec Antoni Tapies, un Catalan décédé en 2012, considéré comme l’un des artistes espagnols les plus en vue du XXe siècle.
Pour Monique, « l’importance d’une œuvre est le regard intérieur de soi-même ; elle amène joie, force, aide à vivre et à aller de l’avant, à se recentrer sur soi. Elle permet un nouveau regard sur le monde, la vie, doit interpeler et toucher le cœur ; c’est comme ça qu’on devient humaniste. »
Claude Gigandet