Portraits, Sport

« Le titre est dans un coin de ma tête »

Edition N°3 – 27 janvier 2021

Jason Fuchs : « Notre statut de joueur professionnel est plus que jamais un privilège au moment où de nombreuses personnes doivent pointer au chômage. » (photo Olivier Odiet)

Pour sa quatrième et dernière saison sous le chandail du HC Bienne, Jason Fuchs confie que l’ambition de décrocher un titre national avec l’équipe de la Tissot Arena est dans un coin de sa tête, mais il n’en fait pas une obsession. « Le plus important, dans le contexte actuel, c’est que tout le monde reste en santé », explique-t-il lors d’un entretien agrémenté de quelques confidences croustillantes. Pratiquer la langue de bois, ce n’est pas le genre de la maison.

Jason Fuchs, c’est en quelque sorte la force tranquille du HC Bienne. Posé et réfléchi dans la vie comme sur la glace, cet attaquant talentueux n’est pas du genre à prendre des décisions de manière précipitée. Après avoir illuminé les Mélèzes à La Chaux-de-Fonds et la Valascia à Ambri-Piotta, son choix s’est porté sur Bienne pour la simple et bonne raison que le projet soumis lui a semblé séduisant. Du même coup, il se rapprochait de sa famille domiciliée à La Chaux-de-Fonds, ce qui ne gâchait rien. « La force du HC Bienne, c’est son esprit familial. C’est un atout significatif à l’époque du hockey-business où les valeurs véhiculées à Bienne ne le sont pas forcément partout ailleurs. Depuis mon arrivée à la Tissot Arena, j’ai connu des hauts et des bas, mais il est certain que les moments positifs supplantent largement les aspects négatifs de cette riche expérience. Il règne une excellente ambiance au sein du HC Bienne et la crise sanitaire n’engendre aucune conséquence néfaste au niveau de l’esprit de camaraderie. Au contraire, on cherche peut-être encore plus à s’amuser, à plaisanter, bref à savourer sans retenue notre statut de joueur professionnel qui est plus que jamais un privilège au moment où de nombreuses personnes doivent pointer au chômage. »

Performances en dents de scie

Cette saison, le HC Bienne aligne des performances en dents de scie et Jason Fuchs refuse catégoriquement de se réfugier derrière la pandémie pour expliquer ce manque de régularité : « Toutes les équipes sont dans le même bateau ! », s’exclame-t-il. « Il est clair que la nouvelle liée à la santé de notre entraîneur Antti Törmännen, atteint d’un cancer, n’a pas été facile à digérer. Il a fallu une période d’adaptation avant d’assimiler les méthodes de son successeur, Lars Leuenberger. Mon principal souhait pour la fin de cette saison? Que tout le monde reste en santé dans le club. Après, sur le plan sportif, il est clair que le titre national est toujours un peu dans un coin de ma tête. Je crois que c’est tout à fait légitime quand on sait que Bienne a réussi à atteindre le stade des demi-finales des play-offs deux saisons d’affilée. La première élimination contre Lugano n’a pas engendré trop de regrets puisque personne n’attendait Bienne à un tel niveau, mais la deuxième face à Berne me reste aujourd’hui encore en travers de la gorge. Nous avons payé notre manque d’expérience au prix fort. »

Comme déjà annoncé officiellement par le directeur sportif du HC Bienne Martin Steinegger, Jason Fuchs dispute sa dernière saison avec le club seelandais. Il éprouve le besoin de relever un nouveau défi après quatre saisons prolifiques au sein du HCB. Mais alors, sous quel maillot le verra-t-on évoluer la saison prochaine ? « Comme rien n’a encore transpiré jusqu’ici, je préfère entretenir le mystère », lâche-t-il.

Olivier Odiet

 

 

Au Canada pour grandir…

Son père Régis comme modèle. On dit toujours que la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre. Ce constat se vérifie pleinement chez les Fuchs, le papa Régis ayant transmis le virus du hockey sur glace à ses deux fils, Jason et Robin qui évolue au HC Saint-Imier (1re ligue). « J’ai énormément appris de mon père », confie Jason. « J’ai même joué dans sa ligne en LNB avec le HC La Chaux-de-Fonds à l’âge de 17 ans. » Cette première expérience en ligue nationale fut suivie d’une super aventure au Canada en Ligue juniors à Québec durant une saison. « J’ai n’avais pas encore 18 ans quand je suis arrivé dans ma famille d’accueil. Cette belle aventure m’a permis de grandir plus vite que si j’étais resté tranquillement à la maison chez mes parents. » Jason Fuchs a obtenu l’autorisation d’effectuer sa dernière année d’école de commerce en ligne depuis le Canada. Une enseignante s’est occupée de suivre ses cours par correspondance, ce qui a permis à Jason de ne pas perdre une année. Il est ensuite rentré à La Chaux-de-Fonds pour passer ses examens et décrocher un CFC d’employé de commerce avec maturité professionnelle. Parallèlement à sa carrière d’hockeyeur, Jason Fuchs a commencé, en septembre dernier à Berne, un Bachelor Business Administration en anglais avec le gardien du HC Bienne Elien Paupe. Actuellement, les cours se font en ligne en raison de la pandémie ce qui leur permet d’éviter des déplacements dans la capitale.

Un rythme infernal. Jusqu’ici, le HC Bienne a déjà été placé en quarantaine à trois reprises, soit une au printemps dernier et deux cet hiver. De ce fait, le calendrier est complètement chamboulé, ce qui engendre une accumulation de matchs rapprochés et donc de fatigue aussi. Face à ce contexte très spécial, Jason Fuchs précise que l’envie de gagner est intacte, mais l’absence de public, donc d’ambiance, procure un sentiment bizarre sur la glace et l’arrêt de la vie sociale rend la situation pesante : « Nous faisons tous très attention dans notre vie professionnelle et privée car aucun joueur ne souhaite être à l’origine d’une mise en quarantaine en amenant le virus dans le vestiaire », conclut-il.

(oo)

Jason Fuchs : « Notre statut de joueur professionnel est plus que jamais un privilège au moment où de nombreuses personnes doivent pointer au chômage. » (photo Olivier Odiet)