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Edition N°16 – 26 avril 2023

Le roi Louis XIII (à gauche) peut compter sur D’Artagnan et les Trois Mousquetaires pour assurer ses arrières. (photo ldd)

Cape et épée sont de rigueur pour le 26e épisode de notre série cinéma. Enième adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas, « Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » arrive dans les salles de cinéma à grand renfort de duels épiques et de complots contre la royauté. 

Au début du 18e siècle, le fougueux et gascon D’Artagnan se met en route pour Paris avec une seule idée en tête : rejoindre la garde du roi Louis XIII, à savoir la compagnie des Mousquetaires. Arrogant, le jeune homme a tôt fait de provoquer un trio de soldats, Athos, Porthos et Aramis. Inutile de les présenter : ce sont les légendaires Trois Mousquetaires. Alors qu’une amitié saugrenue se forme entre les soldats bons vivants, une menace plane sur une France en plein conflit entre catholiques et protestants. Le cardinal de Richelieu, conseiller avisé du roi, complote contre ce dernier en cherchant à faire tomber la reine Anne d’Autriche et déclencher une guerre. Il est aidé dans sa tâche par Milady de Winter, une impitoyable agente dont la beauté est aussi mortelle que ses fourberies. Face à la menace, les mousquetaires vont devoir se serrer les coudes et sortir plus d’une fois leurs épées de leurs fourreaux. 

Faire du neuf avec du vieux 

Que l’on ait lu le roman d’origine ou non, l’on connaît forcément les Trois Mousquetaires et éventuellement, dans les grandes lignes, de quoi parlent leurs aventures (c’est notamment le cas de celui rédigeant cet article). Force est de constater que cette nouvelle adaptation ne met fondamentalement rien de neuf ni d’audacieux sur la table. L’histoire est la même et ne semble pas prendre de risque concernant son matériau de base qui a déjà eu droit à un paquet d’adaptations (lire encadré). Cela ne représente en soi pas un problème. Mais là où le bât blesse, c’est que sans contexte approfondi, la trame est floue.

Le conflit de religions et le plan des méchants, formant le corps du récit, ne sont qu’expliqués brièvement avec une poignée de phrases écrites au début du film. C’est franchement fainéant, d’autant plus qu’avec ses moyens de production, l’œuvre aurait clairement pu se permettre d’en faire un peu plus. Car oui, en dépit d’une histoire maintes fois racontée et d’un manque de clarté, « Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » peut se vanter d’être bien fichu. Qu’il s’agisse de la lumière, des décors, des accessoires, etc., tout est soigneusement travaillé. Mention spéciale aux costumes des mousquetaires qui, au lieu de porter la traditionnelle casaque, sont ici vêtus comme des pirates armés jusqu’aux dents et crasseux à souhait. Pas la vision de chevaliers fringants à laquelle l’histoire nous a habitués, certes, mais un changement qui va de pair avec le ton plus sombre du film. L’ambiance est poisseuse, chargée. 

La France de l’époque est une poudrière sur le point d’exploser. Comme les mousquetaires qui, lors d’affrontements pas toujours bien filmés, déchaînent leur rage sur des vagues d’ennemis. 

La trame n’est pas des plus joyeuses, mais les acteurs parviennent souvent à contrebalancer avec une certaine malice. 

Casting exceptionnel 

Justement, parlons-en des acteurs. Ils sont pour la plupart excellents dans leur rôle, les mousquetaires en tête de liste. Incarnés par François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï, ces personnages ont une excellente alchimie et enchaînent les petites piques savoureuses qui pimentent leurs relations. Le reste du casting n’est pas non plus à jeter. Par exemple Louis Garrel qui, hasard du prénom ou non, joue parfaitement un roi de France tentant de prendre un air de meneur stoïque mais se prenant souvent les pieds dans le tapis. Malheureusement, la solide sélection d’acteurs est souvent mise à mal par des dialogues trop écrits voire romanesques, tirant parfois le spectateur hors de ce monde voulu réaliste. La principale antagoniste en est le meilleur exemple. Interprétée par Eva Green, le personnage en fait trop avec ses répliques estampillées « méchantes » et son air de femme fatale exagéré. 

A voir comment ceci évoluera avec la suite puisque ce film est en réalité la première partie d’un diptyque dont la suite, intitulée « Les Trois Mousquetaires : Milady », débarquera en décembre. Tant mieux : après ce sympathique spectacle, on ne dirait pas non à une dose de bravoure en plus.

  Louis Bögli

« Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan »
Réalisation : Martin Bourboulon
Durée : 2 h 01
Pays : France, Allemagne, Espagne et Belgique
Note : 3.5/5 

 

Des adaptations pas si françaises

Bien qu’il occupe une place de choix dans le patrimoine littéraire français, le film « Les trois Mousquetaires » n’a plus eu droit à une adaptation dans son pays et sa langue d’origine… depuis soixante ans. Ce n’est qu’en 2023 que le tir a enfin été rectifié. Entretemps, l’industrie cinématographique étrangère s’en est donné à cœur joie. Etats-Unis, Russie ou même Egypte ont pris le risque d’adapter le texte de Dumas avec des résultats pas toujours convaincants. On notera parmi les plus saugrenus une version animée signée Disney, où les trois mousquetaires sont incarnés par Mickey, Donald et Dingo, ou encore cette étrange version de 2011 où les héros affrontent les méchants à bord de machines volantes conçues par Léonard de Vinci. Il n’empêche que le plus bizarre avec la plupart de ces adaptations et du livre en lui-même reste le titre : lesdits trois mousquetaires sont en réalité quatre.

(lb)

Le roi Louis XIII (à gauche) peut compter sur D’Artagnan et les Trois Mousquetaires pour assurer ses arrières. (photo ldd)