Sport

Ambitieuse oui, arrogante non!

Edition N°47 - 18 décembre 2019

Stéphanie Mérillat: «Tout ce qu’on nous offre sur un plateau, on le prend!» (photo ldd)

Co-présidente du HC Bienne avec Patrick Stalder, Stéphanie Mérillat est davantage une adepte de l’évolution que de la révolution. Consciente que son club reste sur deux saisons exceptionnelles, elle veille à tempérer les ardeurs des supporters qui souhaitent voir le HCB conquérir un titre à court terme. «Soulever une coupe de champion suisse, c’est évidemment mon vœu le plus cher, mais la concurrence est vive et je suis consciente qu’il faudra peut-être encore patienter des années avant d’y parvenir. Soyons ambitieux, pas arrogants», explique-t-elle avec sa lucidité habituelle. 

Une évidence. Le fait de passer du statut de vice-présidente à celui de co-présidente n’a pas véritablement chamboulé le quotidien de Stéphanie Mérillat. «Cette rocade ne change pas grand-chose pour moi, mais nous l’avons souhaité pour donner une image claire dans l’esprit des gens», confie-t-elle. «Au lieu de se tirer la bourre entre Patrick Stalder et moi pour décrocher la présidence, nous avons pensé qu’il était plus judicieux de se partager la fonction. Dans un souci de continuité, d’une part, et de cohérence, d’autre part. Une femme romande et un homme alémanique à la tête du HC Bienne, c’est tout simplement une évidence.» 

L’émotion à fleur de peau. «Avant d’être dirigeante, je suis d’abord spectatrice», confie-t-elle. «Pour éviter d’être gagnée par l’émotion, je dois donc prendre un certain recul en enlevant ma casquette de supportrice. Je voudrais moi aussi voir le HC Bienne soulever une Coupe de champion suisse à court terme, mais il faut être réaliste. La concurrence est vive et nous ne voulons pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous préférons viser une place parmi les six premiers durant le championnat plutôt que de placer la barre à la finale. C’est juste une question de respect vis-à-vis des autres formations», confie-t-elle. «En atteignant deux fois les demi-finales des playoffs, Bienne reste sur deux saisons exceptionnelles, mais ces excellents résultats ne sont pas garants des succès à venir. Il faut toujours travailler très fort pour tenter d’aller le plus haut possible. Avec des ambitions, mais sans arrogance.»

Plus qu’un lièvre à chasser. Alors que le HC Bienne chassait encore trois lièvres il y a quelques jours, les éliminations successives en Champions Hockey League face aux Frölunda Indians (3-5 AP) et en Coupe de Suisse à Porrentruy contre le HC Ajoie (4-3) changent totalement la donne. Maintenant, l’équipe d’Antti Törmänen pourra pleinement se concentrer sur le championnat. Mais au fait, le HC Bienne ne s’est-il pas trop dispersé en voulant jouer sur tous les tableaux? «On ne va quand même pas commencer à privilégier une compétition par rapport à une autre», rétorque Stéphanie Mérillat. «Tout ce qu’on nous offre sur un plateau, on le prend! Prenez notre aventure en Champions Hockey League. Elle fut riche d’expériences et d’enseignements. Nous avons joué le mieux qu’on pouvait en alignant toujours la meilleure équipe possible. Ménager des joueurs-clés en envoyant une équipe B, ce n’est pas le genre de la maison. Avant d’être victime de la froide efficacité suédoise, Bienne a brillé dans cette compétition, ne l’oublions pas.» 

Le chantier des gardiens. Au HC Bienne comme ailleurs, on s’active déjà fortement en prévision de bâtir une équipe compétitive pour la saison 2020-2021. «Notre gros chantier se situe au niveau des gardiens, Jonas Hiller étant sur le départ», explique-t-elle. «Nous avons toujours voulu privilégier des gardiens suisses, mais le marché est restreint et nous devrons peut-être nous orienter vers l’étranger pour trouver une solution. Je suis désolé pour vous, mais à ce stade des transactions, je n’ai pas de scoop à vous livrer.» 

Coup de cœur. Toujours très sensible à la formation des jeunes, Stéphanie Mérillat n’a pas connu l’ombre d’une hésitation au moment de choisir son coup de cœur: «Je le décerne aux jeunes qui flambent avec la première équipe. Je pense par exemple à Janis Moser, David Prysi, Roman Karaffa ou encore Elvis Schläpfer. Je suis persuadée qu’ils connaîtront la gloire un jour. Leur progression rapide et prometteuse démontre que nous visons juste en professionnalisant au maximum notre département juniors.»

Coup de gueule. «Le jeu s’est accéléré. Tout est plus rapide, plus dynamique, plus puissant mais ces changements engendrent aussi des conséquences fâcheuses. Je pense aux commotions cérébrales, toujours plus nombreuses. Je n’ai évidemment pas de solution miracle pour y remédier, mais je pense quand même qu’on devrait se pencher sur la question en explorant ce qui doit l’être. Je pense notamment que quelque chose pourrait être amélioré au niveau du matériel et des bandes, par exemple. Ces chocs violents, ces gestes de dureté sournois et inappropriés, c’est mon coup de gueule.» 

Olivier Odiet 

Stéphanie Mérillat: «Tout ce qu’on nous offre sur un plateau, on le prend!» (photo ldd)