Découvrez le treizième épisode de notre série intitulée Histoire d’A pour histoire d’Animaux, histoire d’Adoption, histoire d’Amour…
Dans les cours d’éducation canine, on rencontre une majorité écrasante de femmes, quelques hommes et, denrée encore plus rare, des couples, qui souvent se partagent la tâche en alternance : l’un vient, l’autre pas. Exception parmi ces exceptions, Marie-Claire et Werner Weber ont suivi ensemble tous les cours d’éducation de Cannelle. Une adorable petite chienne croisée, svelte, vive et sociable. Une robe sable et des yeux comme soulignés au kohl. L’adoption de Cannelle est un véritable projet de couple. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance !
C’est sympa mais c’est beaucoup de contraintes
Marie-Claire a grandi avec des chiens et les aime beaucoup : « Mon père a toujours eu des bergers belges noirs. Il a même été président de la cynologie à Moutier », confie-t-elle. Werner, lui, n’a jamais eu d’animaux et il est extrêmement réticent à l’idée d’avoir un chien : « Sympa, c’est sympa, d’accord, mais c’est énormément de contraintes : se lever le matin pour le sortir, trouver des solutions quand on veut partir en week-end ou en vacances. Non merci. »
Le couple se met en ménage très jeune. Tous les deux travaillent et Marie-Claire admet que ce n’est pas idéal d’avoir un compagnon à quatre pattes qu’il faudrait laisser seul à la maison toute la journée.
La retraite, une nouvelle donne
Mais à l’heure de la retraite, la question revient sur le tapis. D’autant plus qu’entre-temps leur fils a offert Hannibal, un petit jack russell croisé terrier du Jura, à sa compagne. Ils vivent la porte à côté et c’est Marie-Claire qui se porte volontaire pour le garder quand ils sont absents. Werner joue le jeu. Il découvre les plaisirs que peut offrir la compagnie d’un chien, sans en être totalement responsable. Ce qui lui convient très bien. Pour Marie-Claire, c’est l’inverse. La présence d’Hannibal ravive son désir d’avoir un chien bien à elle : « Nous sommes de grands marcheurs. Je disais toujours à Werner que ce serait encore mieux si on avait un chien pour nous accompagner !»
Un sauvetage
Elle en rêve, de son chien. Elle veut faire un sauvetage. Adopter dans un refuge. Une première fois, elle se rend seule à l’Association Jurassienne de Protection des Animaux (AJPA) pour se renseigner. Son mari lui dit : « Tu ne reviendras pas avec un chien. » « Mais non ! Jamais je ne prendrai un chien si tu n’es pas d’accord ! Ce n’est pas après plus de quarante ans de mariage qu’on va se disputer pour ça ! »
La fois suivante, Werner l’accompagne. A l’AJPA ils voient plusieurs chiens adultes. Ils sont craintifs. Werner n’est pas convaincu. Marie-Claire le comprend, elle n’insiste pas.
Un chiot de rue né à Naples
Et puis un beau jour d’avril 2020, elle apprend que l’AJPA a recueilli une chienne de rue en Italie, près de Naples, avec ses cinq petits. Les chiots, toutes des femelles, n’ont que deux semaines. Toutes ont trouvé preneurs, sauf une : Cannelle. Il faut se décider rapidement. Werner l’accompagne au refuge. Cette fois, c’est la bonne. Devant l’adorable petite boule de poil et surtout devant l’air extasié de sa femme, il craque. Mais il leur faut encore patienter jusqu’au sevrage et à la vaccination avant de pouvoir l’accueillir dans leur maison.
Quand on aime on ne compte pas
Aujourd’hui, un an après son arrivée, ce n’est que du bonheur. Eux qui sont d’un naturel réservé, les promenades et les cours d’éducation leur permettent de faire de belles rencontres. Ce qui compense largement les obligations. « C’est vrai, c’est beaucoup de contraintes », admet Werner, « mais c’est beaucoup moins pesant que je ne l’avais imaginé ! » Il s’est même porté volontaire pour sortir Cannelle tous les matins. « Il lui dit : Oh ma petite Cannelle ! oh ma belle ! » confie Marie-Claire en souriant : « Maintenant, c’est moi qui pourrais être jalouse ! »
Claudine Assad
