Jamais dans l’histoire, les citoyens de Rebévelier n’ont été appelés à se prononcer sur une dépense aussi élevée et ne dépendant que de leur volonté. Mercredi soir 16 décembre, réunis en assemblée communale, ils ont accepté courageusement un crédit de Fr. 2’680’000.- pour le remplacement du réseau d’eau potable de la commune.
Régulièrement cité au palmarès des communes les moins fortunées de Suisse, Rebévelier avec ses 42 âmes est situé en avant dernière position des 342 communes du canton de Berne. De ces considérations, les douze participants à l’assemblée communale ordinaire du mercredi 16 décembre n’en ont pas tenu compte. C’est à l’unanimité qu’ils ont pris une décision extraordinaire, voire historique, en acceptant un crédit de Fr. 2’680’000.-. Crédit qui soit dit en passant succédait à l’approbation du budget 2021 présentant un excédent de charges de Fr. 24’420.-. Visiblement pas de quoi émouvoir les gens de Rebévelier. Acte de foi ou témérité ? Ni l’un, ni l’autre. Cette décision courageuse répond à une nécessité bien comprise. Vitale pour l’existence, l’eau est également d’une importance économique primordiale à Rebévelier puisque le 90% de sa consommation est destiné à l’activité agricole. Si le nombre de quadrupèdes par habitant était pris en compte, nul doute que le classement serait inversé dans le palmarès cité en début d’article. Relié au SEF (syndicat pour l’alimentation des Franches-Montagnes en eau potable) depuis l’année 1955, le réseau de distribution communal montre des signes de fatigue qui chaque année deviennent plus évidents. Les fuites à répétition, entraînant des coûts importants venant grever les finances communales, ont alerté les autorités.
Les quantités d’eau livrées ont régulièrement augmenté. A la consommation annuelle moyenne sont venus s’ajouter 1’500 m3 pour atteindre un record de 3’400 m3 en 2001, de quoi inquiéter le fontainier et les membres du Conseil communal. Une recherche des fuites et les réparations induites ont rétabli la situation et permis un retour à la normale. Enfin presque, puisque de nouvelles fuites ne cessent d’apparaître.
A Rebévelier, l’eau ne coule pas de source et cela de tout temps
Les personnes âgées se souviennent du temps où les fermes et les habitations étaient reliées à des citernes alimentées par des sources de faible profondeur ou par l’eau de pluie récupérée des toits. Un système qui fonctionnait relativement bien. Mais dès qu’une période de beau temps se prolongeait, l’eau venait à manquer. Il n’était pas rare d’aller chercher le précieux liquide à Fornet-Dessus ou au lieudit La Saigne. Dans certaines familles, on profitait de la livraison du lait à la fromagerie pour en revenir avec de l’eau potable.
Les robinets sous pression, ne nécessitant plus de pompes actionnées à la force des bras depuis que la commune est reliée au réseau du SEF, les citernes ont été délaissées et pour certaines comblées. Quelques-unes subsistent encore pour un usage restreint comme l’arrosage de jardins.
A l’histoire de cette première modernisation succède le renouvellement des installations. Ainsi depuis plus de deux ans, les participants aux assemblées communales ont été régulièrement informés du besoin de remplacer le réseau d’alimentation en eau potable de la commune. Par deux fois déjà, ils ont approuvé des crédits, certes plus modestes, mais nécessaires à l’élaboration d’un PGA, plan général d’alimentation en eau. Préalable indispensable pour l’élaboration d’un projet plus vaste et l’obtention de garanties pour l’octroi de contributions fédérales et cantonales.
Cette étape franchie, il était nécessaire à ce stade que le crédit soit accepté. C’est chose faite avec une belle unanimité, de quoi encourager le Conseil communal et le maire Michael Amstutz, qui dit bien dormir malgré l’importance de l’aide financière encore à trouver. En effet, déduction faite de l’aide très appréciable de la Confédération et du canton, Fr. 873’000.- restent à charge de la commune. Le crédit accepté, les recherches de fonds peuvent commencer. Une tâche à laquelle le Conseil communal s’attellera dès le mois de janvier. Si tout se passe bien et malgré les montants conséquents que ce projet implique, la situation financière de la commune ne devrait pas en pâtir.
Le projet dans les grandes lignes
Un nouveau réservoir en polyéthylène d’une capacité de 200 m3 relié au réseau électrique avec un équipement répondant aux normes d’aujourd’hui remplacera l’ancien qui sera démoli. Les conduites de transport ainsi que les réseaux de distribution des hameaux et des Cerniers, d’une longueur de six kilomètres, seront remplacés. L’ajout de deux nouvelles bornes hydrantes et le remplacement des anciennes amélioreront la protection incendie. Un système de télégestion du réservoir et de trois chambres de comptage permettront une meilleure surveillance du réseau. D’ici quelques années, les fuites d’eau ne seront plus qu’un souvenir.
Patrice Neuenschwander