Résidant à Grandval depuis sa naissance, Denis Zahnd possède une imposante collection de bandes dessinées qui ferait rêver tout bédéphile qui se respecte. Un passe-temps qui a entretemps déteint sur son épouse et sa fille. Rencontre avec un bon vivant bien installé dans sa bulle… de BD.
La première chose qui surprend en arrivant chez Denis Zahnd, ce n’est pas forcément les étagères bourrées d’albums mais bien l’énergie qu’il dégage. Autant le dire, à l’aube de son 80e anniversaire, le retraité pète la forme. Gravallon pure souche, Denis Zahnd cultive depuis sa jeunesse un hobby à l’opposé total des cases illustrées : le sport. L’ancien mécanicien de précision pratiquait avec ferveur la course à pied, enchaînant au minimum cinq entraînements par semaine. Une activité qui s’est peu à peu muée en randonnée de montagne, puis à ski, impliquant forcément trois participations à la Patrouille des Glaciers. « Il faut reconnaître qu’à l’époque, tous mes loisirs c’était du sport », glisse Denis Zahnd. Mais un problème artériel obligera finalement le retraité à faire profil bas pour ensuite se mettre au vélo, une activité qu’il pratique régulièrement.
Origine insolite
Mais quel peut bien être le rapport entre ce passé sportif et la BD ? On y arrive. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Denis Zahnd n’est pas un mordu du 9e art depuis son enfance. Il se rappelle bien avoir lu quelques « Globi » mais sans plus. Etrangement, le déclic qui générera l’étincelle de la passion ne sera autre que… le sport. C’était il y a une trentaine d’années, lors de la création de la course Juracime : « Deux membres du comité ne cessaient de parler de Hugo Pratt, dessinateur de bandes dessinées que je ne connaissais pas du tout à l’époque », se rappelle Denis Zahnd. Celui à qui l’on doit le cultissime « Corto Maltese » va brancher l’habitant de Grandval qui va peu à peu s’intéresser au monde de la bande dessinée.
S’en suivront des visites de festivals dédiés au 9e art et un arrêt toutes les deux semaines dans la librairie Impressions à Bienne, ville où se rendait Denis Zahnd pour des entraînements. Des passages qui l’aideront à constituer une impressionnante collection comptant entre 3000 et 4000 albums. Le commerce précité n’existant plus, Denis Zahnd se fournit désormais à la librairie prévôtoise Point Virgule qu’on ne présente plus.
Entre humour et dessins
Qu’en est-il des bandes dessinées préférées du collectionneur de Grandval ? Ce dernier avoue apprécier les gags simples et courts tirés des albums « Boule et Bill » et « Cédric » pour ne citer qu’eux. Denis Zahnd apprécie tout particulièrement les collections de l’éditeur Bamboo à qui l’on doit « Les Profs », « Les Gendarmes », « Les Pompiers », etc. « Ce n’est pas très bien dessiné, mais c’est fait pour se décontracter et se changer les idées », précise-t-il. Ironiquement, c’est en premier lieu le dessin qui aide Denis Zahnd à faire son choix parmi la quantité gargantuesque d’offres sur le marché de la bande dessinée. Il lui suffit de jeter un coup d’œil à la couverture et aux premières pages et le tour est joué. Quant à ses auteurs-dessinateurs préférés, il cite Stalner et Zep, des noms que l’on peut trouver parmi les plus de 1200 séries que possède le collectionneur. Son amour pour la BD a beau être grand, Denis Zahnd ne se voit pas acheter des albums éternellement.
Lui et sa femme ont déjà réduit le nombre d’acquisitions en raison de la hausse des prix des bandes dessinées mais continuent d’emprunter régulièrement des ouvrages au Bibliobus. La date butoir qui sonnera le glas de l’expansion de sa collection coïncidera vraisemblablement avec la disparition de sa librairie préférée. En attendant, les cases illustrées occupent toujours une place importante, tout comme l’activité physique. En témoigne le rack à vélos que Denis Zahnd a bricolé lui-même et qu’il présente fièrement. Un équipement qui sera sans l’ombre d’un doute d’une grande utilité lors de sa prochaine grande sortie sportive.
Louis Bögli