Elu en mai dernier président du Grand Conseil genevois pour une année, le tramelot Jean-Marie Voumard, 56 ans, a invité une cinquantaine de députés dans la région. Une course d’école traditionnelle guidée et appréciée, notamment chez Longines à Saint-Imier et à la Fromagerie des Reussilles.
«Depuis tout petit, j’ai toujours dit que je voulais devenir policier. Le résultat est là !» Après des études d’employé de commerce, à Tramelan, l’enfant du village met le cap sur la Cité de Calvin. Puis, avec un brevet fédéral de policier en poche, Jean-Marie Voumard – qui n’a pas de lien de parenté avec l’entreprise Voumard – concrétise son rêve: «Gendarme, c’était vraiment une vocation», confie-t-il. Après de longues années en tant que fonctionnaire, il prend sa retraite en 2015 à 52 ans déjà: «J’ai eu de la chance, car maintenant, les policiers sont obligés de travailler jusqu’à 58 ans.»
Trois potes et un coup fin
Jean-Marie Voumard n’est donc pas tombé dans la marmite politique au berceau. «C’est le hasard. Non, en fait ce sont trois potes qui, un jour, sont venus me voir. Ils ont essayé de me motiver de rentrer dans leur parti, le Mouvement citoyen genevois (MCG). Je leur ai dit que j’allais réfléchir, mais mon épouse m’a averti que si je ne signais pas, c’est elle qui allait le faire à ma place», confie-t-il avec un zeste d’humour. Content de sa décision – et même plutôt fier – il s’implique alors dans le rôle de député au Grand Conseil genevois de 2009 à 2018, dont cinq ans durant lesquels il endosse la responsabilité de chef de groupe du parti. Son job de député consiste alors à mettre en œuvre les lois votées par le parlement, à conduire la politique extérieure du canton et à assurer l’ordre et la sécurité publics. Une activité allant de pair avec son âme de policier.
Tradition oblige
Du coup, le MCG (fondé en 2006) est séduit par le parcours de Jean-Marie Voumard. Le mouvement propose alors un candidat à la présidence du Grand Conseil, le Tramelot est choisi puis élu en mai dernier. «J’en suis fier, car même les autres partis m’ont fait confiance (81 voix sur 96).» Cette fonction au sommet est renouvelée d’année en année et, c’est devenu une tradition, une sortie est organisée dans le village natal du président. «C’est une course d’école de deux jours et, voyez, je ne porte pas de cravate!», explique avec ironie Jean-Marie Voumard. Pas de cravate, mais un retour aux sources? «Evidemment, ici je retrouve mes origines, mes racines, mais je peux surtout faire découvrir le Jura bernois à mes collègues. Certains députés ne savaient même pas que le siège de Longines est à Saint-Imier. C’est vous dire!»
Parti de Tramelan il y a 31 ans
Après toutes ces années à Genève, n’avez-vous quand même pas un peu l’ennui de Tramelan? «Oh, non. Cela fait 31 ans que je suis parti du village. Mes nièces, ma maman et mes sœurs sont certes dans le Jura bernois, mais j’ai mes enfants et ma vie à Genève. Alors, on s’y fait…»
Roland J. Keller
Mauro Poggia
Organisée par le secrétariat du Grand Conseil, la sortie «A la découverte du Jura bernois» s’est déroulée vendredi 20 et samedi 21 septembre dernier. De Genève, les députés sont arrivés en car à leur première étape de visite chez Longines à Saint-Imier. «Je suis très impressionné par le patrimoine horloger de cette entreprise», a souligné Mauro Poggia (60 ans), avocat, conseiller d’Etat genevois et enfant de Moutier.
L’escapade politique s’est poursuivie à la Fromagerie des Reussilles. Les députés ont dû chausser des housses en plastique – mais pas enfiler de blouses, car ce n’était pas l’heure de la production – pour contempler les «brasseuses» de fromage et déambuler dans des couloirs emplis de meules de Gruyère jusqu’au plafond. Puis, ils ont assisté à une très courte allocution de bienvenue du maire de Tramelan, Philippe Augsburger. Après une halte à Bienne, les politiciens ont, le lendemain, visité l’Île Saint-Pierre et son ancien prieuré clunisien (centre culturel et spirituel) puis pris part à un ultime dîner à l’hôtel-restaurant Jean-Jacques Rousseau. Enfin, les politiciens sont retournés sous le jet d’eau de la politique conquis par les merveilles du Jura bernois. Avec le soleil!
(rke)
