Après l’annonce de la victoire autonomiste, l’Hôtel de Ville a été envahi d’un monde fou faisant fi des consignes sanitaires, baignant dans l’allégresse et l’ivresse. Ambiance.
Le calme avant l’explosion… de joie. La votation du 28 mars 2021 aura tenu en haleine non seulement toute une population, mais aussi les autorités et la presse. Si les résultats, attendus pour 17 h ne sont tombés qu’une heure plus tard, le suspense n’aura toutefois pas été jusqu’à son paroxysme. La campagne, qui s’est auparavant déroulée en toute sérénité, a offert en cadeau une journée ensoleillée. Alors que la place de la gare s’est emplie de monde et de drapeaux jurassiens, l’espace de l’Hôtel de Ville est resté quasiment désert.
Seuls quelques clients attablés en plein air attendent autour d’une bière les instants magiques de la proclamation du camp vainqueur, mais nul n’ose avancer ses pions. Tout juste connaît-on l’avis de l’un ou l’autre badaud dans la rue, tellement la prudence (sur le sort du scrutin) est de mise. Vous attendez la victoire de qui ? « Oh, on vient de Saint-Imier, alors on s’en tamponne la moindre… », confie ce couple de marcheurs qui me demande où en sont les résultats. L’épicerie « Au P’tit Mag » d’en face a ouvert ses portes pour la circonstance et son employé m’offre à déguster une bière toute… jurassienne. Une ambiance bon enfant règne sur la rue Centrale.
Atmosphère pépère
Alors que l’Hôtel de Ville brille encore sous quelques rayons de soleil, au Passage de l’Ours la RTS est en passe d’interviewer ses invités. Les minutes s’égrènent dans une atmosphère étonnamment pépère. Le sursaut d’un fan crée la surprise : « Ca y est. On a gagné ! » Laurent Coste, membre du comité Moutier Ville Jurassienne et président du mouvement autonomiste jurassien enchaîne sur la chaîne de la TV romande : « 374 voix de différence, ce score est formidable ! » s’exclame-t-il. Membre de MoutierPlus, Morena Pozner semble quant à elle résignée, faisant toutefois contre mauvaise fortune bon cœur.
Mais qu’est-ce qu’on est serré…
Les rues du quartier s’animent. Un camion se positionne devant le bâtiment et sa grue soulève deux personnes mandatées pour enlever les drapeaux existants et les remplacer par un gigantesque étendard jurassien. Mais que se passe-t-il ? Mes collègues pénètrent dans l’entrée principale de l’Hôtel de Ville. Mais oui, c’est là que les autorités nous ont promis de prononcer des discours. Nous voilà, nuées de journalistes, comme ceux qu’on voit dans les films, serrés comme des sardines au pied des escaliers. Micros tendus, caméras à l’affût et smartphones levés. « Oh, vous pensez bien qu’on a tous le sourire sous nos masques ! » lance le maire Marcel Winistoerfer qui ne manque pas de relever le fairplay du scrutin.
Consignes sanitaires oubliées
A peine la missive lue, le maire est accaparé par la foule et se perd de bonheur. Du monde, beaucoup de monde où nous devenons de plus en plus serrés, trop serrés. La plupart avec, mais beaucoup d’autres personnes sans masques. La liesse ignore les consignes sanitaires, pourtant amplement annoncées. Impossible de se frayer un passage dans cette foule heureuse, devenue insouciante qui s’est, l’espace de quelques heures, dérobée aux restrictions. Mais gare au boomerang viral !
Roland J. Keller