Les fêtes de fin d’année ont été riches en grosses sorties cinématographiques. Dans ce 3e épisode de notre série cinéma, nous confrontons Spider-Man et Matrix, les deux titans qui se sont affrontés en salle au crépuscule de 2021.
D’un côté du ring, le 3e opus de la trilogie Spider-Man initiée par Marvel Studios à qui l’on doit une pléthore de films et séries super-héroïques. « Spider-Man : No Way Home » nous fait vivre une énième aventure du célèbre Homme araignée aux capacités étonnantes, allant du tissage de toiles à la force surhumaine. Un adversaire de poids sachant qu’il fait partie des super-héros préférés des petits et grands. Qui donc pour défier un tel colosse ameutant les spectateurs dans les salles ? Ni plus ni moins que le 4e volet inespéré de la saga Matrix, parfaitement conclue en 2003. Pour rappel, on y suivait Neo, un jeune hacker découvrant que son monde n’est autre qu’une simulation créée par des machines utilisant les humains comme source d’énergie. Forcément, une révolution éclate, autant dans le film que dans le monde du cinéma puisque Matrix a révolutionné ce dernier grâce à ses scènes d’action uniques et à son scénario malin. Deux sagas faisant saliver la culture populaire. Mais qui gagnera le combat : « Spider-Man : No Way Home » ou «Matrix Resurrections » ? Choisis ton camp, camarade !
Sale temps pour l’Araignée
Avant de mourir, l’un des pires ennemis de Peter Parker, alias Spider-Man, révèle son identité au monde et le fait passer pour un meurtrier. La vie du jeune homme bascule, entraînant dans sa chute sa famille et ses amis.
Désespéré, Peter rend visite à Docteur Strange, un puissant sorcier pouvant manipuler la réalité, et lui demande s’il serait possible de faire oublier au monde entier qu’il est Spider-Man. Strange accepte et exécute un sort finissant en pétard mouillé par la faute de Peter. Résultat : des super-vilains issus d’autres univers débarquent dans le nôtre pour y semer le chaos. Mais en réalité, ces personnages envahissant le monde de Peter Parker ne sont pas que de simples méchants. Ce sont exactement les mêmes super-vilains apparus dans les deux précédentes trilogies Spider-Man au cinéma, incarnés ici par les mêmes acteurs. Autant dire qu’en jouant avec la carte de la nostalgie, « Spider-Man : No Way Home » séduira tous les aficionados de l’Homme araignée. Le film réserve de colossales surprises qui feront briller beaucoup d’yeux mais risqueront de détourner ceux des spectateurs et spectatrices peu attachés à la licence. Là réside le principal défaut de « Spider-Man : No Way Home ». Il suffit de retirer tout l’aspect nostalgique du film pour se rendre compte à quel point il dissimule un scénario d’une pauvreté affligeante. L’évolution du personnage de Peter Parker demeure néanmoins satisfaisante car le jeune héros apprend à assumer ses erreurs et à devenir ainsi un homme. Mais pour ce faire, les scénaristes forcent le personnage à prendre des décisions tellement insensées qu’il est difficile d’éprouver de la peine lorsqu’il subit les conséquences tragiques de ses actes.
Retour dans la Matrice
A l’inverse de ce pauvre Spider-Man, Neo, principal protagoniste de la saga Matrix, mène une vie confortable mais déprimante dans une nouvelle version de la Matrice, conséquence directe de la paix entre humains et machines.
Tout change lorsque des rebelles du monde réel sortent notre héros de cette simulation plus vraie que nature et lui font prendre conscience d’une triste réalité : les machines détiennent et exploitent le corps de Trinity, la femme qu’il aime.
L’enjeu de ce « Matrix Resurrections » ne sera donc pas la fin de la guerre mais bien la quête d’un amour perdu. On est alors en mesure de se demander si un 4e film était vraiment nécessaire pour raconter une histoire banale voire inutile. La thématique pourrait avoir un certain intérêt mais les enjeux sont bien trop maigres pour motiver l’existence d’un tel projet. D’autant plus que ce qui rendait les précédents films mémorables est ici totalement absent. Adieu les chorégraphies dantesques, la célèbre teinte verte de l’image et les nombreuses idées originales. « Matrix Resurrections » ressemble à s’y méprendre à n’importe quel blockbuster de notre ère. Et pourtant, dans tout cet amalgame de défauts, le film laisse planer la malicieuse idée que tout cela est en fait voulu. Le visionnage de « Matrix Resurrections » devient une bien étrange expérience devant laquelle il est légitime de se demander s’il faut prendre l’ensemble au sérieux ou non.
(lb)
« Spider-Man : No Way Home »
Réalisation : Jon Watts
Durée : 148 minutes
Pays : USA
Note : 2/5
« Matrix Resurrections »
Réalisation : Lana Wachowsky
Durée : 148 minutes
Pays : USA
Note : 2.5/5
« Spider-Man : No Way Home » et « Matrix Ressurections »,
à découvrir dans les cinémas de la région.
3 questions à …
Florian Roth, programmateur et projectionniste au Cinoche, à Moutier
Le Cinoche a diffusé en fin d’année les derniers films des sagas Spider-Man et Matrix. Quel bilan en avez-vous tiré ? « Spider-Man : No Way Home » a rencontré un joli succès, surtout auprès des jeunes. « Matrix Resurrections », lui, a été beaucoup boudé, autant dans notre salle que partout dans le monde. C’est un échec car personne n’attendait ce film et tout le monde a été déçu. A l’inverse, Spider-Man a fonctionné, notamment grâce aux enfants de 12-13 ans qui ne connaissent pas forcément le personnage au travers du cinéma mais qui adorent le film car il délivre tout ce qu’on aime à cet âge-là.
Mais ressusciter une franchise aussi appréciée que Matrix n’aurait-il pas dû garantir le succès de « Matrix Resurrections » ? Prenons par exemple le nouveau film d’horreur « Scream » qui sort ce mois-ci. Le dernier volet de cette saga est sorti il y a plus de dix ans, mais je ne suis vraiment pas sûr qu’il y ait encore un public pour cette franchise. En fait, le cinéma a toujours procédé ainsi. Il continue d’essayer de ressusciter d’anciennes licences et finit par les dériver sous forme de séries TV. C’est à se demander s’il n’y a plus d’originalité à Hollywood.
Si un gros film ne parvient pas à attirer les spectateurs dans les salles, qu’est-ce qui le peut ? Tout simplement un bon film. Si les gens entendent qu’un film est bon, ils viendront le voir. Seul le bouche-à-oreille fonctionne car si quelqu’un dit du bien d’une œuvre, ses proches voudront aller la visionner et ainsi de suite. Les studios ont beau faire de la promotion pour leurs films, au final, il n’y a que le bouche-à-oreille qui fonctionne vraiment. (lb)