Michel Fior, président de Paysage Libre BEJUNE, évoque d’ailleurs avec gravité la situation : « Le projet éolien de Mont-Sujet est l’un des pires du pays. » Situé à proximité immédiate du Chasseral, dans le Parc naturel éponyme, ce projet menace non seulement un paysage d’importance nationale mais aussi un écosystème précieux. Le Mont-Sujet, avec sa nature sauvage et ses paysages variés, se trouve en effet à deux pas d’espaces protégés, ce qui en fait un site d’une sensibilité écologique élevée.
La perspective de voir des hélices tourner au Mont-Sujet a déjà rencontré l’opposition de plusieurs entités importantes. La Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP) a exprimé à deux reprises son désaccord, mettant en lumière les risques pour la biodiversité et le paysage. De même, le Canton de Neuchâtel s’y est opposé, lui qui s’était entendu avec le Canton de Berne pour préserver les massifs autour des lacs de Neuchâtel et de Bienne. Pourtant, en dépit de ces résistances, des changements législatifs récents pourraient bouleverser la donne.
Perspective alarmante
La révision des lois sur l’énergie et l’approvisionnement électrique, adoptée en septembre 2023, priorise la construction d’infrastructures énergétiques, même aux dépens de l’environnement. L’implantation d’éoliennes dans des zones jusqu’alors protégées ne rencontrerait plus aucun obstacle.
Cette perspective alarmante est renforcée par l’éventuelle suppression du rôle des communes dans les procédures d’autorisation, laissant les décisions aux mains des gouvernements cantonaux et des promoteurs. Un tel changement législatif signifierait un tournant majeur dans la protection de l’environnement en Suisse.
Renverser la vapeur
Christian Chopard, président de l’association Mont-Sujet Libre, souligne la nécessité d’une transition énergétique respectueuse. « L’éolien est la plus impactante des énergies renouvelables. Les éoliennes sont principalement construites sur des sites naturels qui mériteraient d’être préservés. De plus, les aérogénérateurs sont « dispatchés » sur un grand territoire. Par conséquent, ils sont très contraignants pour un grand nombre de personnes. » Il met en évidence l’alternative du photovoltaïque, une solution moins intrusive et plus compatible avec la préservation des paysages naturels. Il relève que, selon le professeur Christophe Ballif de l’EPFL, l’exploitation du potentiel solaire, notamment sur les infrastructures existantes, pourrait non seulement répondre aux besoins énergétiques de la Suisse, mais également contribuer de manière significative à la décarbonisation du pays.
En 2015, dans le cadre d’un vote consultatif, malgré un taux modeste de participation, la population de la commune de Plateau de Diesse s’était prononcée majoritairement en faveur du projet éolien.
L’association Mont-Sujet Libre, constituée de citoyens engagés, veut renverser la vapeur, soulignant l’importance de préserver l’intégrité écologique et esthétique de la région. L’association s’engage à informer le public, à documenter la richesse du Mont-Sujet, et à se préparer à défendre activement ses positions lors des prochaines étapes du projet. Entre préservation d’un paysage unique et nécessité d’adopter des sources d’énergie renouvelable, le débat est complexe. Les prochaines décisions concernant le Mont-Sujet seront déterminantes non seulement pour la région mais aussi pour la protection de l’environnement face aux défis énergétiques. L’association Mont-Sujet libre entend bien faire entendre sa voix.
Céline Latscha