Aujourd’hui domicilié à Alezio, au sud de l’Italie, Antonio Solida profite de son retour en Suisse pour évoquer, entre autres, les souvenirs dorés de l’époque où il a découvert les joies du hockey sur glace dans notre région. Découvrez son témoignage empreint de fraîcheur et d’émotion.
« Après avoir effectué ma scolarité à Alezio, la commune italienne où j’ai grandi, ma formation professionnelle dans le domaine de la mécanique s’est déroulée sur une durée de quatre ans. A 18 ans, j’ai quitté l’Italie, diplôme en poche, par manque de travail. J’ai travaillé à Bâle pendant une année. En 1963, je suis retourné en Italie durant un mois. Un de mes amis m’a invité à l’accompagner en Allemagne pour y travailler. Il fit un crochet en Suisse, à Tramelan, pour apporter un colis à une famille. Nous y sommes arrivés un vendredi soir de septembre. Nous avons cherché sans succès une chambre pour la nuit. En marchant le long de la rue de La Promenade, nous avons vu au bas d’un talus, des cabanes. La nuit venue, nous avons pénétré, sans être observés, dans une de ces cabanes pour y dormir quelques heures sur des piles de planches. Le samedi matin, nous sommes allés à l’Ambassade d’Allemagne, à Berne, pour obtenir mon visa. Malheureusement, j’étais encore considéré comme un mineur. Nous sommes retournés à Tramelan. Les deux nuits suivantes, nous avons squatté cette cabane jusqu’au lundi matin. Le même jour, j’ai été engagé chez Kummer et nous avons loué un appartement.
Au début de l’hiver 1963, je marchais le long de La Promenade. Je vis des spectateurs au haut du talus. Sur une surface glacée, des hommes glissaient et courraient, se cognaient, tenant un bâton et poussant une rondelle en bois. Un coup de klaxon les arrêta. Ils entrèrent dans une cabane. Des spectateurs descendirent du talus et entrèrent dans une autre cabane. Je fis de même par curiosité. Certains tenaient un verre tandis qu’un homme criait : « Vin chaud, vin chaud ! » J’en achetai aussi un verre pour goûter. Cette boisson m’a réchauffé. Chacun retrouva sa place, sur la surface glacée pour les uns, sur le talus pour les autres. Au bout d’un moment, coup de klaxon et retour à la buvette avant qu’un 4e coup de klaxon indique la poursuite du spectacle.
Après une bonne vingtaine de minutes, 5e coup de klaxon. Les spectateurs se dispersèrent. J’ai alors appris qu’il s’agissait d’un match de hockey sur une patinoire naturelle qui s’est disputé en trois tiers-temps. Chez nous, en Italie, nous n’avions pas de télévision et j’ignorais tout du hockey sur glace. J’ai rencontré la fille aînée d’une famille de neuf enfants, Madeleine Lauber, maman célibataire, Tramelote avec laquelle je me suis marié en 1967. Nous avons éduqué trois enfants. Je suis devenu membre actif du Cross club Tramelan. Nous formions une super équipe. A 36 ans, j’ai commencé de courir les 100 km de Bienne après une année d’entraînement. J’ai pris le départ quinze fois avec deux abandons à la clé en raison d’orages violents en pleine nuit. Mon palmarès affiche douze participations à des marathons ainsi qu’à d’autres courses en Suisse. J’ai travaillé pendant trente-cinq ans dans plusieurs entreprises à Tramelan et aux Reussilles.
En 2000, je suis retourné à Alezio avec mon épouse pour y habiter. Madeleine est malheureusement décédée le 12 septembre 2017. Plusieurs membres de ma famille suisse, les Lauber, sont immédiatement descendus en Italie pour m’entourer et organiser les cérémonies de deuil. Ils ont prié, chanté de beaux cantiques, lus des textes bibliques, relaté le parcours de vie de mon épouse, avant de retourner en Suisse. Je suis en ce moment quelques jours en Suisse pour fêter Noël avec mes enfants, leurs conjoints, mes cinq petits-enfants et mes deux arrière-petits-enfants. Mes beaux-frères et belles-sœurs Lauber ont également organisé à cette occasion un succulent repas dominical que nous avons su apprécier à sa juste valeur non sans être envahi par une certaine émotion. »
Témoignage recueilli par Charles-André Geiser