Portraits

Hérissons choyés comme des princes

Edition N°1 - 13 janvier 2021

Béatrice Gisiger et sa fille Floriane. L’amour des hérissons, une passion entre mère et fille. (photo Roland J. Keller)

Le cœur à l’ouvrage, Béatrice Gisiger consacre toute son énergie pour accueillir et soigner des hérissons en détresse. Considérée comme « la maman des hérissons », elle a créé avec sa famille l’association « Acœur sauvage », une station qui accueille chaque année une septantaine d’hérissons. But: les sauver et les remettre en liberté.

Mignon, mais peureux. Bien que protégé depuis 1987, cet animal subit encore les assauts des activités humaines. Des études réalisées en Suisse et en Europe révèlent un net recul de hérissons sur les trente dernières années. Les associations de sauvegarde de cette espèce estiment que 26 % de ces petites bestioles sont intoxiquées par des pesticides-insecticides et 24 % sont écrasés sur les routes. Cependant, seuls 9 % d’entre elles meurent victimes de leurs prédateurs naturels, renards, blaireaux et grands-ducs. Le constat est sans appel : il faut les protéger et les soigner. D’où la création, en 2019, de l’association « Acœur sauvage », une « station », comme on l’appelle, qui s’est focalisée sur le soin des hérissons ou de tout petits animaux sauvages et indigènes.

La peur du jour

Béatrice Gisiger aime les hérissons dès son plus jeune âge, mais c’est à Crémines qu’elle a été particulièrement touchée par ces mignons mammifères, lorsqu’elle travaillait en tant que bénévole au zoo de Crémines. « Je trouvais fantastique de voir ce petit animal affectueux se promenant la nuit », souligne-t-elle. Pour quelle raison a-t-il peur du jour ? « Il doit se protéger des mouches, car elles s’incrustent sur son dos et produisent des vers, lesquels le mangent carrément vivant. » De nuit, le hérisson doit aussi se méfier des hiboux, des prédateurs pour lui. Il se nourrit d’insectes, de coléoptères, de noix, de raisins, de poires et… d’œufs. Il peut même les casser.

Cela dit, ces petits mammifères piquants sont aussi considérés comme les amis des jardiniers et de nos jardins. Non seulement consommateurs de limaces et escargots, ils se nourrissent encore d’insectes comme les sauterelles, les criquets, les hannetons, les perce-oreilles, les mille-pattes ou encore les vers de terre et les larves. « Le hérisson est auxiliaire du jardin. Il ne va pas manger vos salades, mais les préserver », ajoute Béatrice Gisiger.

Nourris comme des bébés

« Acœur sauvage » n’est pas la seule station helvétique. Il en existe aussi en Valais (SOS hérisson, Igel Station) à Genève (Christina Meissner), à Zurich (Igelzentrum) et Russikon (Pro Igel). Soutenue par des dons privés, l’association tavannoise, qui accueille gratuitement les hérissons, s’est considérablement développée ces derniers mois, devenant une station reconnue dans le milieu de la protection des petits animaux.

Sachant qu’un nettoyage prend 3,5 heures en moyenne par jour, le nourrissage est aussi une part importante. « Oui, on leur donne aussi le biberon ou la pipette, comme à un bébé. Quand les hérissons arrivent chez nous, il faut d’abord les réhydrater. En 2019, on a eu 21 petits à élever de la sorte. A un poids de 150 grammes, on leur apprend à manger seul », relève encore Béatrice Gisiger. Très câlins, les hérissons reconnaissent leurs maîtres, et ont besoin de beaucoup de présence. « Ils nous appellent en sifflant, c’est impressionnant. Mais notre but, à terme, c’est de les rendre sauvages et de les remettre en liberté. » D’ailleurs, l’association est à la recherche d’un vétérinaire pour s’occuper de ses petits pensionnaires. A Tavannes, ils évoluent dans un endroit propre sans pesticides. Tout un chacun peut en apporter. Là, ils seront choyés comme des princes.

Roland J. Keller

www.renegis.ch

Béatrice Gisiger et sa fille Floriane. L’amour des hérissons, une passion entre mère et fille. (photo Roland J. Keller)