Prestance, générosité, spontanéité, émotions: Hugues Aufray a fait son show. Et plutôt bien. Près de 850 personnes ont assisté à ce concert envoûtant samedi dernier à la Salle des Fêtes de Reconvilier où l’artiste de 89 ans a passé les moments de sa vie en revue. C’était plus qu’un simple visiteur d’un soir, mais un confident, un ami qui a marqué le passage par ses coups de cœur et ses coups de gueule. La marque des grands. Pardon, des géants!
C’était Noël avant l’heure à la Salle des Fêtes de Reconvilier où le public s’est emballé devant le plus beau cadeau que la chanson française puisse lui offrir: Hugues Aufray. En chair et un peu en noce aussi. Nous l’aurions écouté pendant des heures retracer les moments forts de sa vie ne serait-ce qu’en raison de ses anecdotes croustillantes qui se savourent comme un délicieux biscôme. Il a connu la guerre et ses effets dévastateurs, mais c’est peut-être aussi ces moments douloureux qui lui ont permis de grandir pour arriver au sommet de la pyramide sans pour autant perdre son authenticité de troubadour. Ces rencontres avec les grands de ce monde comme Martin Luther King, Shimon Peres ou d’autres encore sont enfouies dans une mémoire qui ne lui joue pas le moindre tour. Cultivé, l’homme a du charisme, du répondant et de l’humour aussi. L’autre soir, ce véritable mythe de la chanson française a gentiment prié les enfants turbulents placés devant la scène de se calmer un peu pour ne pas le perturber dans sa concentration. Quant au photographe de service, il a pris la poudre d’escampette lorsque l’artiste en personne lui a fait savoir qu’on ne prenait pas de photo chez lui. Oui, chez lui, car paradoxalement, cette Salle des Fêtes bondée jusque dans ses moindres recoins n’a pas empêché les spectateurs d’entrer dans l’intimité de ce fascinant personnage peut-être un brin capricieux, mais surtout vrai et attachant. Oui, Hugues Aufray est venu consoler nos chagrins, enchanter nos cœurs et nos mémoires. Bref, il nous a fait frissonner en interprétant des tubes comme Céline, Stewball, Santiano mais aussi des chansons inédites ou encore lors d’un hommage émouvant rendu à Georges Brassens, SA référence. Samedi soir, Hugues Aufray nous a également gratifiés de «caviars irrésistibles» comme cette délicieuse phrase «un artiste est un fainéant, mais un fainéant qui travaille.» Après avoir reçu l’ovation qu’il méritait, Hugues l’Inusable s’est confiné dans sa loge avec le sentiment du devoir accompli et presque frais comme une rose. Toujours sous le charme à l’heure où vous lisez ces lignes et pour un bon bout de temps encore, le public, nostalgique ou pas, ne voulait surtout pas rater cet événement rendu possible grâce à Arc Emotions, une association à but non lucratif qui versera la recette intégrale de la soirée aux écoles primaire et secondaire de Reconvilier. Encore un grand merci à François Vorpe et toute sa valeureuse équipe pour ce grand moment de plaisir intense partagé dans un cadre festif, accueillant et chaleureux. Hugues, tu reviens quand tu veux. Ici, tu es chez toi et nous serons là pour vibrer une nouvelle fois…
Olivier Odiet