Portraits

Il tire la prise après quarante ans !

Edition N°4 – 3 février 2021

Claude Eichenberger : la retraite ne va pas l’empêcher de se tenir au courant… (photo cg)

On se souvient qu’il y a une quarantaine d’années, la Municipalité de Moutier possédait encore son service de montage d’électricité et décidait de s’en défaire. Il existait alors plusieurs entreprises intéressées par la reprise de cet atelier discret situé, peu de personne le savent, derrière un magasin de sport, dans une ruelle peu fréquentée. Ce service fut mis au concours et c’est Claude Eichenberger qui remporta la mise, en 1981, pour en faire une petite PME familiale qu’il a su gérer à merveille jusqu’à aujourd’hui. Il est temps maintenant pour lui de passer le témoin à un successeur.

Claude Eichenberger, né en 1954, c’est le petit père tranquille, calme mais serein, qui ne fait pas de gros remous et qui a su conduire son entreprise avec humanité et de manière sociale, n’hésitant pas à aider ses clients dans des domaines qui n’ont rien à voir avec les installations électriques. Juste par serviabilité. Quand on l’a en face de soi, on devine à ses traits et à sa manière lente de s’exprimer une grande souffrance vécue due à de nombreuses opérations du visage. Nous y revenons ci-dessous. 

Il est père de Carole et de Tania. Son épouse Dominique a assuré pendant plus de vingt ans la partie administrative de l’entreprise. Elle aussi passe le relais à Carole qui perpétue ainsi le caractère familial de l’entreprise. Claude est un pur produit prévôtois, puisqu’il n’a jamais quitté sa ville. Il y a fait ses classes, puis son apprentissage à l’entreprise Heinis, depuis longtemps disparue. Avant de reprendre les rênes de sa propre firme, il a travaillé quelques temps comme intérimaire.

Motard impénitent

Le motocross et l’enduro furent pendant de longues années ses passions. Il fut par ailleurs trois fois champion suisse d’enduro, fréquentant de nombreux circuits, glanant ci et là des lauriers en toute discrétion. Jusqu’à ce jour de 1990 où, sur un circuit français, ce fut le terrible accident: un choc frontal avec un concurrent. Cela ne lui explosa pas seulement le casque, mais déplaça littéralement son visage et éclata tous ses os faciaux. La rééducation fut extrêmement lente et pénible. Elle lui laissera des séquelles à vie. Ce fut une succession d’opérations toutes plus délicates les unes que les autres. Une pléthore de plaques et de vis pour essayer de reconstruire ce visage qui ne ressemblait plus à rien. Mais a-t-il pour autant renoncé à sa bécane ? Que nenni. Dès qu’il fut quelque peu rétabli, quelques années plus tard, il remonta sur son vrombissant engin, « mais plus en compétition », précise-t-il. Mais la sagesse, avec l’âge, fait qu’il préfère maintenant le VTT électrique qu’il pratique avec Dominique.

Tout évolue

Ces aléas ne l’empêchèrent pas de faire fonctionner sa petite entreprise qui ne connaît pas la crise. Elle emploie huit personnes qui évoluent dans un domaine spécialisé qui a connu pas mal de bouleversements pendant ces quarante années. Si on installe toujours des conduites qui amèneront le courant dans les maisons ou dans les industries, pour des privés ou des gérances, la donne a changé avec la téléphonie qui a fait des bonds incroyables depuis une quinzaine d’années, tout ce qui touche à l’informatique, les alarmes, la domotique, les panneaux solaires, l’électroménager, les installations pour voitures électriques, les pompes à chaleur, le paratonnerre, etc. Tout maintenant est devenu affaire de spécialiste. Il a aussi réalisé quelques installations que chacun peut voir, à l’instar de l’éclairage du Pavillon, ou l’étoile sur l’église qui demande un fameux travail d’équilibriste. L’entreprise est également formatrice et a même compté une apprentie dans ses rangs. 

On débranche !

Le temps est venu pour Claude Eichenberger de penser à ses vieux jours. Le repreneur n’a pas été difficile à trouver puisqu’il a terminé son apprentissage dans l’entreprise avant de fonctionner comme chef de chantier à Payerne. Il suit actuellement des cours pour la formation d’apprentis et prépare son brevet fédéral. Il s’agit de Michael Jeker, dans la société depuis quatre ans, bien connu en Prévôté puisqu’il est le petit-fils de Roland, nageur invétéré, et de Gisèle, ancienne restauratrice bien connue.

Claude Gigandet

Claude Eichenberger : la retraite ne va pas l’empêcher de se tenir au courant… (photo cg)