Sport

«J’ai dû puiser au fond de la bête»

Edition N°40 - 30 octobre 2019

La joie d’un vainqueur au grand cœur. (photo Projet-Diffusion)

Comme déjà annoncé dans les médias avec fracas, Olivier Burri a décidé de tourner le dos au Rallye du Valais après avoir remporté une 9e victoire qu’il attendait depuis 13 ans. Nous l’avons rencontré la semaine dernière dans son garage de Belprahon pour évoquer le combat de chiffonniers qu’il a livré avec Mike Coppens ainsi que ses projets d’avenir. Captivant, l’entretien? Oui, bien sûr, mais également décousu, ses fidèles supporters défilant à tour de rôle dans son bureau pour le féliciter. Il méritait bien ça, l’ami Oli! 

A l’âge de 56 ans, Olivier Burri tient toujours parfaitement la route! La démonstration offerte au dernier Rallye du Valais lors d’un duel impitoyable avec Mike Coppens fut tout simplement éblouissante. On ne retracera pas ici dans le détail toutes les spéciales qui ont conduit Olivier Burri et son navigateur Fabrice Gordon sur la première marche du podium, mais force est de constater que son exploit est plus retentissant que jamais. «Pour gagner, j’ai dû puiser au fond de la bête», a-t-il expliqué. «Dans ce genre de bataille, tu dois presque être un tueur. En endossant le rôle du tout beau, tout doux, tout gentil, tu ne peux tout simplement pas y arriver, mais avec une tête de lard, c’est possible. Cette victoire me fait d’autant plus plaisir qu’on ne peut pas dire que je pilotais la meilleure voiture. Ce refrain-là, on me l’a rabâché sans cesse. J’avais vraiment à cœur de démontrer le contraire.» 

Sortir de sa zone de confort

Quand on demande à Olivier Burri si le fait de gagner le Rallye du Valais à l’âge de 56 ans n’est pas un signe inquiétant pour la relève, sa réponse a le mérite de la clarté: «Je pense que le fait de vouloir uniquement cultiver le petit jardin qu’on connaît n’est pas la solution idéale pour grandir. Il faut savoir sortir de sa zone de confort en allant explorer un terrain inconnu pour tenter de battre le King du coin. Parfois, tu t’en ramasses plein les gencives, mais c’est diablement efficace. Il ne faut pas oublier que dans chaque défaite, tu apprends. Si je regarde un peu dans le rétroviseur, je constate que les endroits que je redoutais le plus à l’époque sont presque devenus orgasmiques aujourd’hui.» Si Olivier Burri a retrouvé son statut de roi du Valais, ce n’est pas le fruit du hasard. Le pilote de Belprahon est un perfectionniste. «Parfois presque un peu trop», ajoute-t-il, 

La rage du gagneur! 

Sa mentalité de gagneur, son souci du moindre détail et sa manière très professionnelle de préparer un grand rendez-vous ont souvent constitué des arguments de poids pour faire la différence. Disons qu’il sait garder la tête froide dans les moments chauds. Olivier Burri a d’ores et déjà annoncé qu’il ne disputerait plus le Rallye du Valais, mais cette décision aurait-elle été la même si la victoire acquise de haute lutte le 19 octobre dernier lui avait échappé? «Oui, bien sûr. J’ai tellement consenti de sacrifices au niveau physique et mental en cherchant des astuces lors de reconnaissances effectuées sur mon vélo à Verbier, mais aussi en voulant optimiser la voiture, que je ne suis plus prêt à en refaire autant. C’est vraiment un truc de dingue!» Pour les amateurs de statistiques, on précisera que le pilote de Belprahon a remporté le premier Rallye du Valais en 1993 au volant d’une Ford Sierra Cosworth. C’est Christophe Hofmann qui officiait en tant que navigateur. 

Non au Valais, oui à quoi?

Olivier Burri ayant définitivement tourné la page du Valais, une question revient sur toutes les lèvres: sur quels rallyes va-t-on retrouver le pilote de Belprahon?: «Mon envie de rouler est toujours présente», signale-t-il. «J’ignore encore si le Rallye du Valais était l’une de mes dernières courses en Suisse, mais il est clair que j’ai envie de m’amuser sous d’autres cieux. L’idée de disputer une ou deux manches mondiales me titille. J’ai aussi envie de verser dans quelque chose de plus fun comme le Rallye du Kenya, par exemple. Pour l’heure, rien n’est vraiment décidé. J’en parlerai encore avec ma famille. J’admets qu’elle s’est parfois retrouvée devant le fait accompli, mais j’essaie quand même de faire attention pour la préserver», déclare Olivier Burri qui n’a pas encore fini d’épater la galerie. Vous avez dit phénoménal? 

Olivier Odiet 

La joie d’un vainqueur au grand cœur. (photo Projet-Diffusion)