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« J’ai soudainement beaucoup d’amis ! »

Edition N°15 – 19 avril 2023

Stéphanie Mérillat : « En sortant Berne, le HC Bienne a franchi un grand pas psychologiquement. » (photo ldd)  

Coprésidente du HC Bienne, Stéphanie Mérillat ne s’est jamais sentie autant sollicitée que ces derniers jours. Normal : elle est devenue une cible privilégiée pour l’accession à la Tissot Arena lors des rencontres face à Genève-Servette. « La finale que la terre entière veut voir », pour reprendre ses propres termes. Malgré sa bonne volonté, elle n’arrive pas à contenter tout le monde. Pas toujours facile de se retrouver sous le feu des projecteurs…  

Quelques heures avant le premier match de la finale, vendredi dernier, Stéphanie Mérillat ne pouvait plus attendre que LA finale commence : « Je suis nerveuse, mais c’est dans le bon sens de l’excitation », déclarait-elle. Malgré un emploi du temps très chargé marqué par des appels incessants de fans en quête de billets pour les rencontres à la Tissot Arena, elle a aimablement répondu à nos questions. Sans détour, ni stress, mais avec son franc-parler légendaire. 

– Stéphanie, Bienne a perdu la première place du championnat régulier au détriment de Genève-Servette lors de la dernière journée. Un constat anecdotique ou irritant ?

Clairement anecdotique ! A mes yeux, il n’est pas pertinent de s’attarder sur ce point. Notre principal objectif résidait dans le fait d’avoir l’avantage de la glace pour les quarts et les demi-finales des play-off ce qui fut fait. S’agissant de la finale, tout se joue sur des détails et je ne suis pas persuadée que jouer le septième match devant son public représente vraiment un « plus » compte tenu de la pression que le public met sur les joueurs.

– La série des quarts de finale contre Berne restera dans les annales, ne serait-ce qu’en raison de son degré émotionnel très élevé. Comment l’avez-vous vécue ?

Disons que je me suis posé beaucoup de questions. Un peu comme tout le monde dans les gradins. Fort heureusement, ces états d’âme ne se sont pas propagés jusque sur la glace, les joueurs du HC Bienne ayant pu garder leur sang-froid dans les moments chauds. En sortant Berne, le HC Bienne a franchi un grand pas psychologiquement. Cela s’est d’ailleurs vérifié contre Zurich. J’ai rarement vu l’équipe jouer avec autant d’aplomb et de confiance. J’ai été impressionnée par sa sérénité, sa qualité de jeu et son power-play stratosphérique. Le plus bluffant dans cette qualification, c’est qu’il n’y avait pas une urgence mortelle de boucler la série lors de ce quatrième match. Mais bon, nos joueurs n’ont rien voulu lâcher et c’est très bien ainsi. 

– Avez-vous le sentiment que l’annonce de la maladie de l’entraîneur Antti Törmänen a pu, paradoxalement, agir favorablement sur l’état d’esprit des joueurs ? 

Ce dont je suis certaine, c’est que cette nouvelle a provoqué un vrai choc au sein du club durant deux jours. Après, l’équipe avait deux manières de voir les choses. Abandonner en se disant que l’importance du sport est relative par rapport à la maladie ou aller de l’avant en se battant à fond sur la glace. Visiblement, c’est cette deuxième option qui a été privilégiée. Mais je n’irai toutefois pas jusqu’à dire que Bienne aurait déjà pris la porte de sortie sans ce gros coup dur. 

– Bienne – Genève-Servette, c’est la finale dont vous rêviez ? 

En fait, je ne me suis jamais posé cette question. L’essentiel, c’est que grâce à cette qualification pour la finale, Bienne retrouve une place sur la carte du hockey national. Quel que soit l’adversaire, une finale ne doit pas seulement se jouer, elle doit se gagner. Mon pronostic ? Je ne vais pas entrer dans ce jeu-là. Comme Genève-Servette, Bienne est arrivée à ce stade par la qualité de son jeu. Après, il y a plein de paramètres à prendre en compte, mais je reste persuadée que ces deux équipes se tiennent dans un mouchoir de poche. 

– La chasse aux billets pour les rencontres à la Tissot Arena est impitoyable. Bienne n’a-t-il vraiment aucun moyen d’enrayer cette surenchère indécente ?

Je dirais d’abord que c’est un problème de luxe qui ne se pose pas pour les fans qui ont contracté un abonnement de saison. C’est un phénomène qui ne touche pas seulement le HC Bienne, mais toutes les manifestations de grande ampleur comme les festivals, par exemple. Bien sûr, on se passerait volontiers de cette polémique et préférerait que l’argent généré par ce procédé bénéficie aux juniors du club, mais que voulez-vous qu’on fasse dans la mesure où cette manière de faire n’est pas illégale ? 

– Le HC Bienne se gère-t-il comme une entreprise conventionnelle ou des différences criardes éclatent-elles au grand jour ? 

Il est absolument inconcevable de gérer un club sportif comme une entreprise standard. Pourquoi ? Tout simplement en raison du facteur émotionnel qui ne se planifie pas, lui. Les composantes liées à l’incertitude sportive font planer en permanence une épée de Damoclès laissant place à des questionnements qui ne se retrouvent pas dans une entreprise. 

– Vous partagez la présidence du HC Bienne avec Patrick Stalder. La formule idéale ?

Je n’utiliserais pas ce terme, mais c’est la formule qui convient. D’abord parce que nous sommes tous les deux sur la même longueur d’onde et ensuite parce que nous avons l’intelligence d’œuvrer dans nos domaines de compétences respectifs sans l’ombre d’une ambiguïté. Patrick maîtrise parfaitement les finances et moi j’essaie de me débrouiller au niveau des relations publiques. Au début, cette coprésidence a engendré un certain scepticisme auprès de certaines personnes, mais ces craintes se sont rapidement dissipées. 

Propos recueillis par Olivier Odiet

 

Stéphanie Mérillat : « En sortant Berne, le HC Bienne a franchi un grand pas psychologiquement. » (photo ldd)