Maire de Delémont depuis le 1er mai 2015, Damien Chappuis est tombé dans la marmite de la politique dès son plus jeune âge, le restaurant de ses parents à Develier étant le fief de son parti actuel, le PCSI. Député au Parlement jurassien depuis 2006, il cumule les deux fonctions avec un esprit d’ouverture jamais pris en défaut. Rencontre avec cet épicurien bon teint qui nous a ouvert les portes de son bureau pour répondre aimablement à nos questions sans jamais pratiquer la langue de bois.
Homme de consensus doté d’une grande capacité d’écoute, Damien Chappuis (39 ans) a la lourde tâche de succéder à Pierre Kohler, un maire qui a énormément contribué au développement de la ville de Delémont. «Passer derrière Pierre Kohler représente un immense défi. Je ne travaille pas de la même manière que lui, mais j’essaie de rester dans une spirale de dynamisme en poursuivant les gros investissements», glisse-t-il en précisant que les trois derniers exercices, sous sa responsabilité, se sont soldés par des comptes bénéficiaires.
Membre de l’Association des communes suisses depuis juin 2016, Damien Chappuis adore conduire des projets d’envergure. A Delémont, il est servi. Du théâtre du Jura au futur bâtiment de la Poste en passant par le développement du secteur Gare Sud ou le gigantesque dossier de l’école primaire, qui prévoit à la fois des rénovations et la construction d’un nouveau bâtiment, les gros chantiers ne manquent pas.
Avant d’assumer sa fonction de maire, Damien Chappuis avait déjà siégé à l’exécutif en tant que chef du Département de la culture, des sports et de l’informatique. «On ne peut tout simplement pas comparer ces deux statuts», explique-t-il. «En tant que conseiller communal, chacun doit porter ses dossiers, mais le rôle du maire consiste à avoir une vue globale sur l’ensemble des départements pour pouvoir ensuite influencer le ménage communal le plus efficacement possible.»
Quel regard sur Moutier?
En tant que maire de Delémont, Damien Chappuis est particulièrement sensible au dossier de la ville de Moutier. «J’espère vivement pouvoir accueillir les citoyennes et citoyens de la Prévôté le plus rapidement possible pour que la démocratie soit enfin respectée. Après, je suis le premier à admettre qu’on a le droit d’utiliser les moyens juridiques à disposition pour faire toute la lumière sur une votation, en l’occurrence celle du 18 juin 2017. D’un regard extérieur, j’ai le sentiment que les habitants des deux camps manifestent l’envie de tirer un trait sur la question. C’est toujours très difficile de cohabiter dans l’incertitude.» Damien Chappuis estime que la ville de Delémont a tout intérêt à accueillir Moutier dans le canton du Jura: «Nos cultures sont similaires et puis nous menons déjà de nombreux projets de développement en commun. Il est tout à fait plausible d’intégrer Moutier dans le projet de développement de l’agglomération delémontaine. Vous savez, je pense que nous pouvons créer des synergies non seulement au niveau culturel et sportif, mais également sur un plan énergétique ou de la police, par exemple.»
Après avoir réalisé la plus grande maison de l’enfance de Suisse avec 250 places, la ville de Delémont envisage également de mettre en place des infrastructures pour les personnes du 3e et du 4e âge par l’implantation d’EMS ou d’institutions similaires.
Sollicité en pleine rue pour régler les tracas du quotidien
Le maire de Delémont relève avec beaucoup de pertinence que son envie d’être constamment à l’écoute de la population lui prend du temps et de l’énergie. «Il n’est pas rare de me faire arrêter dans la rue par des citoyens pour régler des problèmes du quotidien comme des lampadaires, une haie, etc… Gérer ce genre de soucis m’use beaucoup plus que le fait de m’investir dans des projets d’envergure.»
Damien Chappuis souligne qu’il règne une ambiance très harmonieuse au sein du conseil communal de Delémont: «Nous œuvrons d’abord en pensant au bien-être des citoyens sans se préoccuper de la casquette politique que nous portons sur la tête. Le plus important à nos yeux, c’est de se poser cette question: de quoi ont besoin nos citoyens pour s’épanouir dans leur ville? Après, nous agissons en conséquence.» Damien Chappuis établit un lien direct entre sa fonction de maire et celle de député au Parlement jurassien: «Je pense qu’il est très important que les maires ou les conseillers communaux qui siègent au législatif cantonal pensent aussi à défendre les communes qu’ils représentent.» Homme de contact étant très proche des gens, Damien Chappuis aime bien laisser tomber son costume de maire pour faire la fête où «jazzer» à la stammtisch: «J’adore m’amuser en buvant une bière, par exemple. Après tout, il ne faut pas se voiler la face: je ne suis que locataire de l’Hôtel de Ville. Tous les cinq ans, c’est le peuple qui devient mon employeur», souligne ce grand passionné de sport, qui participe au camp de ski de Develier, en tant qu’accompagnant, depuis 20 ans: «On se rend à Elm dans le canton de Glaris. C’est la station de Vreni Schneider. Nous l’avons souvent rencontré. C’est une personne très accessible», précise le maire de Delémont, qui ne développe surtout pas d’allergie hors du territoire romand. «Il n’y a pas de raison. Nous sommes toujours très bien accueillis en Suisse allemande», poursuit notre interlocuteur, qui se sent à l’aise sur tous les terrains. C’est aussi ça, le charisme d’un politicien…
Olivier Odiet