Actualités, Culture

La Libellule au chevet des batraciens

Edition N°8 – 3 mars 2021

Un nouveau biotope pour les batraciens. (photos Patrice Neuenschwander)

Les batraciens, rebutants pour les uns, fascinants pour les autres méritent toute notre attention, protégés qu’ils sont par les lois fédérales et cantonales. Si dans l’absolu, la nature pourrait aisément se passer de l’homme, il faut reconnaître que les interventions humaines qui ont façonné nos paysages sont parfois lourdes de conséquences. 

En particulier pour les milieux humides, nécessaires à toute une flore et une faune intéressantes, mis à mal par les drainages et assèchements successifs auxquels ils ont été soumis. Cela fera bientôt trente ans que la société La Libellule œuvre modestement, mais sûrement, pour la préservation de la nature et sa diversité dans le Petit-Val et la région de Bellelay. Sous l’impulsion et la persévérance de son président, Jean-Luc Brahier, naturaliste compétent et ornithologue averti, plusieurs mares ont été aménagées au fil des ans, essentiellement sur le territoire de l’ancienne commune de Souboz. Situées le long du ruisseau Le Tchaïbez, elles ont été créées pour favoriser la survie des batraciens et insectes aquatiques en leur offrant des lieux sûrs pour leur reproduction, à l’abri des crues qui parfois recouvrent le chemin, emportant toutes les pontes sur leur passage.

Action réussie

L’opération s’est avérée payante. En effet, outre les espèces attendues telle la grenouille rousse, le crapaud commun ou le triton alpestre, la salamandre tachetée, la libellule déprimée et la grande aeschne ont répondu à l’appel ainsi que le crapaud accoucheur.

Un crapaud aux mœurs particulières. Ne cherchez pas la ponte de ce dernier. Vous ne la trouverez pas. Elle a lieu hors de l’eau, sur terrain sec. Une fois n’est pas coutume dans la nature, la survie de l’espèce repose entièrement sur les « épaules » du mâle. Il se charge d’enrouler les chapelets d’œufs pondus et fécondés entre ses pattes arrières. Il les transporte pendant vingt à quarante-cinq jours veillant à ce qu’ils bénéficient d’une température et une humidité idéales. Lorsque les œufs sont prêts à éclore, il se rend à un point d’eau et c’est là, au contact de l’eau que les têtards quittent les œufs. Etonnant, non ?

Entretien régulier

La nature a horreur du vide. Ainsi,  une mare ou un étang est condamné à se combler par un phénomène d’atterrissement.

Si l’entretien régulier effectué par les membres de la société retarde ce phénomène par la fauche de la végétation envahissante et le nettoyage superficiel des mares, il arrive un moment où une intervention plus massive et professionnelle est nécessaire.

Avec les températures printanières de la semaine dernière, les premiers batraciens commencent de sortir de leur léthargie hivernale. C’était le dernier moment pour intervenir avec des moyens plus conséquents. Sur mandat de La Libellule, une entreprise spécialisée est intervenue à deux endroits le long du Tchaïbez. La première intervention consistait à agrandir et remettre en état un point d’eau et d’en créer un plus petit à côté. Un kilomètre plus en amont un curage était nécessaire pour garantir l’existence de la mare.

Le bruit et les vibrations de la pelleteuse ayant disparu, il ne reste plus qu’à barrer les lieux pour rendre la tranquillité à leurs hôtes et renflouer la caisse pour de prochaines actions.

Patrice Neuenschwander

 

Un nouveau biotope pour les batraciens. (photos Patrice Neuenschwander)