Portraits

La loco « Manfred Bühler » propulsée

Edition N°27 - 14 juillet 2021

Manfred Bühler sait recevoir ; ici à la métairie Jobert. (photo ap)

Le très actif Manfred Bühler devient à 42 ans le président de la plus grande section de l’UDC de Suisse. Réunis à Belp le 6 juillet, les délégués bernois de l’UDC ont élu au premier tour avec 211 voix (majorité absolue) le maire de Cortébert, avocat de formation, champion hors normes de la politique régionale. L’élection de notre région constitue une première pour le plus grand parti du canton de Berne. A l’heure où Moutier quittera bientôt notre canton, l’élection d’un « animal » politique régional est une chance pour le Jura bernois. Lors du vote, il a devancé les députés au Grand Conseil que sont Samuel Krähenbühl et Thomas Knutti.   

Manfred, pourquoi la politique et pourquoi un engagement à l’UDC ?

Fils d’agriculteur, c’est tout naturellement que j’ai adhéré à ce parti en 1998. Je me sens bien à l’UDC et partage les valeurs de ce parti rassembleur et populaire.

Comment doit-on interpréter l’élection d’un Jurassien bernois à la tête de l’UDC bernoise ?

C’est avant tout une reconnaissance pour le travail que j’ai accompli à plusieurs échelons. Depuis une bonne vingtaine d’années, j’ai défendu les valeurs du parti tant au niveau communal, cantonal que fédéral. De surcroît, mon élection représente une reconnaissance de la section régionale.

Comment voyez-vous l’avenir du Jura bernois sans les 7’000 habitants de Moutier ?

Globalement, l’avenir est radieux car l’horizon s’éclaircit. Même si une partie de l’électorat aurait préféré rester bernois, les choses sont maintenant claires. Comme je l’avais déclaré en 2017, il n’y a plus de sable dans les rouages. J’ajoute que l’ensemble du Jura bernois a souffert du manque de solidarité régionale de certains représentants d’autorités communales opposés à faire front commun car obnubilés par la Question jurassienne.

La présidence de l’UDC du canton de Berne représente-t-elle des défis particuliers ?

Avec plus de 13’000 adhérents, c’est la plus grande section d’un parti politique en Suisse. Je devrai satisfaire l’électorat et me montrer à l’écoute pour progresser. Au niveau des instances nationales, nous sommes écoutés comme toute autre section cantonale. Le mythe qui veut opposer les blochériens aux autres, c’est du passé. Pour notre section, l’objectif est de faire rayonner l’UDC en adaptant notre stratégie à nos particularités cantonales.

Votre élection, qui fait votre fierté, va-t-elle relancer votre carrière nationale ?

C’est effectivement un tremplin pour accéder à des fonctions cantonales puis fédérales. Je dirais même que ça fait partie du cahier des charges d’un président.

Pour un parti que l’on dit autocratique, de quelle marge de manœuvre disposez-vous ?

Avec 13’000 membres, huit élus fédéraux et cinquante députés au parlement bernois, la section bernoise du parti a une influence certaine.

Christoph Blocher, Yvan Perrin, Adolf Ogi, Céline Amaudruz, Oskar Freysinger, Guy Parmelin, chassez l’intrus ?

Aucun intrus ! Ce sont des personnalités fort diverses qui font la richesse du pays et de l’UDC. Pour ma part, je m’entends avec toutes ces personnes, même si, fils de paysan, je me sens plus proche d’Adolf Ogi et de son parcours politique exemplaire.

Maire, avocat, sportif, mentor de l’UDC bernoise, quelle est la recette pour mener le tout de front ?

Je suis un passionné ! Je ne compte pas mes heures pour abattre une somme de travail considérable. Volontairement, je vis seul et cela me permet de choisir mes priorités. Pour me ressourcer, je pratique volontiers le vélo et aide mon frère paysan aux tâches de la ferme comme ramasser les chardons, faire du bois ou remblayer les chemins ravinés.

Avez-vous des critiques à formuler sur la gestion du COVID par le Conseil fédéral ?

Globalement, les décisions ont été prises « à la Suisse » dans un souci de préserver les libertés au maximum. Je regrette que les mesures d’assouplissement actuelles soient encore trop contraignantes, en particulier dans l’obligation du port du masque. Je salue le soutien massif et immédiat aux entreprises avec toutefois une attente trop longue lorsqu’il a fallu aider la culture, les restaurateurs et les petits indépendants.

Si j’avais une baguette magique, je ferais tout pour faire retomber le climat de peur qui conditionne négativement la population. Selon moi, les personnes à risque sont vaccinées, d’autres ont eu le Covid et sont immunisées, raison pour laquelle je lèverais quasi toutes les restrictions en maintenant une veille active. Aux opposants, je réponds que chacun a la possibilité de se faire vacciner sans délai.

Quelle est votre définition du bonheur ?

D’avoir toujours une raison d’avancer ! Actuellement, j’en possède beaucoup !

Votre plus grand succès, votre pire échec ?

L’élection au Conseil national représente mon plus grand succès (2015 à 2019). Quant à l’échec, ma non-élection au Conseil-exécutif en 2014 et ma non-réélection au Conseil national en 2019.

Votre plat préféré ?

J’adore manger des nouilles au saumon frais que je déguste volontiers avec un bon verre de Bourgogne ou un Humagne.

Votre dernier coup de foudre ?

J’ai redécouvert la joie de faire du bois à proximité de la métairie Jobert exploitée par mon frère.

Un film qui vous a marqué ?

La trilogie de « Retour vers le futur », la quintessence d’un divertissement de qualité.

Avec quelle personnalité partageriez-vous volontiers un repas aux chandelles ?

Sans les chandelles, je partagerais volontiers la table de Jodie Foster.

Fonder une famille, vous y pensez ?

Non, ce n’est pas à l’ordre du jour, pas aujourd’hui du moins.

Quelle est la personne qui vous a le plus influencé dans votre vie, pourquoi ?

Ma maman, par sa force de caractère, notamment après le décès de mon père. Elle m’a toujours soutenu sans condition dans mes choix.

Plutôt amis ou plutôt famille ?

Par la force des choses, je suis plutôt amis mais me sens naturellement bien en famille.

Où passerez-vous vos vacances d’été ?

Je passerai mes vacances d’été à la Métairie Jobert, à la cuisine, au service et pour aider aux travaux de la ferme. Si l’occasion se présente, je n’exclus pas un déplacement de quelques jours dans un pays limitrophe.

Propos recueillis par Anthony Picard

Manfred Bühler sait recevoir ; ici à la métairie Jobert. (photo ap)