Chez les Straub, le virus de la musique folklorique se transmet de génération en génération. Fils du célèbre Hausi, Jean-Pierre (65 ans) a lui aussi su se faire un nom dans le milieu. Passant allégrement de l’accordéon à la guitare en passant par la schwyzoise, le banjo, la mandoline, le piano et la contrebasse, ce musicien hors pair a parcouru le monde entier pour assouvir sa passion. Cette aventure se poursuit aujourd’hui encore avec l’orchestre Straub-Baumann qui se produira notamment le 26 décembre prochain à Cortébert dans le cadre du Noël folklorique.
Dresser le portrait de Jean-Pierre Straub s’apparente à un exercice périlleux sachant que son parcours de vie fait jaillir une source inépuisable se jetant dans une multitude de torrents bien distincts. Par lequel commencer ? C’est une question qui nous a longtemps taraudé l’esprit. C’est vrai quoi, la carrière de ce virtuose de la musique est si riche et trépidante qu’on se demande bien dans quel ordre placer les nombreuses activités qui ont jalonné sa trajectoire. Finalement, la situation s’est décantée puisque nous avons simplement suivi le fil de la discussion menée dans le Café familial de La Clef à Sombeval. Après sa formation de mécanicien sur auto au Garage du Jura à Bienne, Jean-Pierre Straub a travaillé quelques années dans l’entreprise de fer et métaux dirigée par son papa Hausi. Il a ensuite orienté sa carrière professionnelle vers l’école de police à Ittigen durant quinze mois : « Comme j’étais déjà en possession de tous les permis de conduire possibles et imaginables, on m’a souvent mis à la cuisine. Et durant les cours de mécanique, c’est moi qui donnait des explications au prof, son tissu de connaissances n’étant visiblement pas infaillible », explique-t-il en substance.
L’art de jongler au téléphone !
Durant douze ans, Jean-Pierre Straub a occupé un poste à la police cantonale pour les villages de Sonceboz-Sombeval et Corgémont. Ce territoire s’étalait sur d’autres communes lors des services de piquet. De 1997 jusqu’à l’âge de sa retraite en 2017, il a travaillé à la centrale d’engagement à Bienne : « Mon rôle était similaire à celui d’un chef d’orchestre puisqu’il fallait gérer tous les appels téléphoniques et assurer le suivi avec les services de secours comme l’ambulance, la Rega, les pompiers, etc. Ce travail aux lourdes responsabilités était particulièrement astreignant et stressant, les horaires en journée s’étalant de 6 h 30 à 18 h 30 et de 18 h 30 à 6 h 30 pour le service de nuit. »
Etape de jeunesse marquante en Australie
On ne surprendra personne en affirmant que la musique est l’une des principales composantes de la vie de Jean-Pierre Straub. Ce virus lui a été transmis par son papa Hausi devenu célèbre dans le monde entier avec son accordéon schwyzois (Örgeli). « Alors que je n’avais que cinq ans, je sonnais les cloches et je dansais avec ma grande sœur, elle aussi costumée de la tête aux pieds, alors que nous habitions en Australie. Mon papa vivait alors principalement de la musique et de petits travaux de carrosserie. Comme ma maman ne s’est jamais vraiment acclimatée, nous sommes retournés en Suisse au bout d’une année », relève-t-il. Durant sa carrière de musicien, Jean-Pierre Straub a joué dans de nombreux orchestres, soit l’Echo des Montagnes, les Tomahawk et les Johnstone. Il a également sillonné le monde entier (Indonésie, Chine, Emirats, Australie, pays d’Europe, etc.) notamment lors de croisières effectuées avec l’orchestre feu Antoine Flück. Aujourd’hui, Jean-Pierre Straub se produit régulièrement avec son petit-fils Colin à la schwyzoise et Frédy Baumann à la contrebasse. Lors du prochain Noël folklorique de Cortébert, le 26 décembre, l’orchestre sera encore renforcé par l’incontournable Frédy Marti. « Il m’arrive aussi de jouer dans les métairies de la région », signale ce personnage aux multiples facettes. On décernera ici une mention particulière à son épouse Monique qui l’a toujours soutenu et épaulé dans ses différentes aventures. Durant quelques années, Jean-Pierre a même coiffé la casquette de forain : « Je vendais des cassettes et des CD de musique folklorique suisse et d’autres styles comme l’Oberkrainer à la Foire de Chaindon, à la BEA, à la Foire aux oignons ou encore à la Foire d’automne de Frutigen », souligne ce passionné de cuisine qui prépare de bons petits plats chaque dimanche au Café familial de la Clef à Sombeval placé sous la responsabilité de sa fille Nadine et de Xavier. De son côté, Monique s’attelle à la préparation de « big salades » et donne volontiers un coup de main à la plonge.
Pas le temps de s’ennuyer !
Domicilié à Sombeval depuis 1985 en provenance d’Orpond, Jean-Pierre Straub se déclare impressionné par l’évolution démographique du village de Sonceboz-Sombeval. « Le nombre d’habitants a passé grosso modo de 1100 à 1900 mais, paradoxalement, le commerce local n’a pas suivi un tel développement, les petits commerces faisant cruellement défaut contrairement à la situation que connaît Corgémont, par exemple. Je regrette également la disparition de certaines sociétés comme la fanfare où la gymnastique des enfants. » Toujours partant lorsqu’il s’agit de passer du bon temps avec ses quatre petits-enfants Morgane, Colin (enfants de sa fille Nadine), Shania et Kia (enfants de son fils Pierre), Jean-Pierre Straub est également un grand amateur de films français. Vous l’aurez compris : il ne s’ennuie pas une seule seconde dans sa vie de retraité rythmée par une ribambelle d’activités plus saisissantes les unes que les autres.
Olivier Odiet