Portraits

La profondeur de l’eau pure

Edition N°31 - 26 août 2020

Ici avec Manuel Hennet (à gauche), le fontainier Yves Monnier ne contrôle pas que des fontaines, mais tout un réseau de tuyaux et hydrantes connectés. Un «geek» des eaux, en quelque sorte. (photos Roland J. Keller)

Valbirse dispose d’un réseau d’eau potable alimenté par 6 sources naturelles et une station de pompage. Installée au sud de Pontenet, celle-ci puise le précieux liquide dans les fissures d’une nappe phréatique dont le niveau est en dessous de celui du lac de Bienne.

Il assure la qualité en eau, suit les ouvrages et recherche des fuites dans les conduites. Il, c’est Yves Monnier, fontainier de Valbirse, qui garantit aux villageois que l’approvisionnement du précieux liquide coule à flot dans nos robinets ou nos piscines. «Un programme informatique dédié me permet de gérer automatiquement les réservoirs où l’on voit constamment le niveau de consommation par secteur», souligne-t-il. Son job est donc important, car, en cas de fuite d’une conduite ou autre, il intervient en amont. En une année, il en dénombre d’ailleurs une cinquantaine, de ces fuites. Et que se passe-t-il en cas de pépin de ce genre ? «Sur ma tablette, j’organise les fermetures et j’interviens parfois manuellement sur les grosses vannes. Pour les petites réparations, je peux m’en occuper, mais lorsque les dégâts sont plus importants, on les sous-traite aux installateurs sanitaires et on alerte le génie civil.» La raison de ces fuites ? «C’est soit une corrosion des conduites vieillissantes, le gel ou un courant «vagabond» électrique dans le sol qui provoque des fissures.»

Conduites pas éternelles

Les conduites, qui tiennent environ 80 ans, devraient être régulièrement remplacées, mais c’est difficilement possible, question de moyens financiers. «Oui, car il faut tenir compte des autres infrastructures dans le sous-sol et des coûts que cela peut engendrer lors des travaux. De plus, il faut différencier les conduites privées de celles communales», relève Manuel Hennet, responsable des services techniques de Valbirse. La commune peut d’ailleurs se targuer de détenir un réseau d’eau parfaitement synchronisé qui compte 40 km de conduites communales alimentant 5 réservoirs, 6 sources et 238 hydrantes. Rien que ça ! «On dessert même les communes de Champoz, Sorvilier et Loveresse.»

À 450 mètres de profondeur

Le nec plus ultra de cette infrastructure est la station de pompage (au sud de Pontenet), qui, comme son nom l’indique, «siphonne» l’eau à une profondeur de 450 mètres, soit une centaine de mètres plus bas que le niveau du lac de Bienne. Mais à quoi cela sert-il d’aspirer ainsi le précieux liquide dans ces profondeurs et cavités terrestres de nappes phréatiques, alors que votre région recèle déjà 6 sources ? «Tout simplement à compenser les baisses de débits de celles-ci en cas de sécheresse», explique encore Manuel Hennet. Ce puits a une pression naturelle importante qui peut alimenter certains quartiers. Au besoin, 2 pompes viennent refouler l’eau dans les autres réservoirs jusqu’à 3300 litres par minute. Le réseau agit, en quelque sorte, comme le principe des vases communicants.

Une eau pure à souhait

Le réseau de Valbirse alimente en outre une eau parfaitement pure. «Enfin, presque, car on la traite parfois aux rayons UV pour tuer certaines bactéries», argumente encore le responsable. Une eau donc exempte de chlore que tout un chacun peut déguster au goulot du robinet. Que se passe-t-il en cas de pollution ? «Le chimiste cantonal et nous-mêmes la contrôlons régulièrement et je peux intervenir à tout moment pour avertir la population.»

Pour améliorer l’infrastructure, Manuel Hennet souhaite pouvoir se raccorder aux réseaux voisins, comme celui de SESTER (Reconvilier et environs) ce qui n’est pas encore le cas. «Une chose est sûre, l’eau potable du réseau communal est nettement moins chère et plus écologique que celle en bouteille. De plus, notre eau est parfaitement potable et bien meilleure.» Alors, goûtons-la !

Roland J. Keller

Ici avec Manuel Hennet (à gauche), le fontainier Yves Monnier ne contrôle pas que des fontaines, mais tout un réseau de tuyaux et hydrantes connectés. Un «geek» des eaux, en quelque sorte. (photos Roland J. Keller)