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La science participative en slip

Edition N°23 – 12 juin 2024

Christophe Mornod et ses collègues déterrant un slip en coton lors de la conférence de presse du 3 juin à Pontenet, organisée par la CAJB et la FRI. (photo rke)

Les slips se dégradent, certes, mais comment ce processus se déroule-t-il sous terre ? Pour en savoir plus, la Chambre d’agriculture du Jura bernois (CAJB) a organisé le 3 juin dernier à Pontenet une conférence de presse originale et pragmatique. L’occasion pour le jeune paysan du village Christophe Mornod d’accueillir en ses terres le concours « Sors ton slip ! ». Une idée somme toute ludique, mais qui recèle une foisonnante activité via un protocole de science participative pour évaluer la qualité du sol. Le principe est simple : enterrer un slip en coton et observer son état de décomposition après plusieurs semaines. 

A l’assaut des bactéries et champignons

Amélie Fietier et Luc Scherrer, coresponsables de ce projet à la Fondation rurale interjurassienne (FRI), ont expliqué que la dégradation du coton est due à l’activité des microorganismes présents dans le terrain, principalement les bactéries et les champignons : « Dans un seul gramme de sol, on peut retrouver plus d’un milliard de bactéries et cinq kilomètres de mycélium de champignons. Ces organismes se nourrissent de la matière organique et leur activité peut être visiblement mesurée par l’état de dégradation du coton, lequel est constitué à 95 % de cellulose. »

Lors du point presse, Christophe Mornod a déterré une culotte enfouie après un mois dans son verger. Bien que sa décomposition ne fût pas encore avancée, l’expérience a mis en lumière l’importance de la vie biologique sous nos pieds. « Celle-ci est globalement de bonne qualité, avec une structure favorable à la croissance des plantes », a pour sa part relevé Luc Scherrer.

« Terres vivantes » a ainsi permis de répertorier divers indicateurs de la santé du terrain, tels que la quantité et la diversité des vers et des carabes. Ces insectes jouent un rôle crucial dans la fertilité et la protection des cultures. En outre, le pourcentage d’argile a été identifié comme un facteur clé de résilience. Bien que les sols étudiés présentent un déficit en argile, leur qualité reste excellente, selon les experts.

Impliqué directement via son domaine agricole, Christophe Mornod est persuadé de la valeur de cette approche. « Cela nous offre des outils pour améliorer nos pratiques, renforcer la robustesse des sols, encourager la vie biologique et limiter le travail en profondeur », estime-t-il. Ce soutien écolo-scientifique précieux permet aux agriculteurs d’optimiser leurs pratiques et de préserver la santé du terrain. 

Roland J. Keller

Loveresse
Le sol en fête

A l’occasion des 20 ans de la FRI, une grande journée sera organisée le 10 septembre à Loveresse. But de l’opération : vulgariser les résultats obtenus et partager des conseils pratiques sur place. 

Trois thèmes majeurs seront abordés : l’impact des couverts végétaux sur la température du sol, la gestion des amendements organiques (type, quantité et positionnement), et la réduction du travail du terrain pour limiter l’érosion. Divers postes thématiques seront mis en place pour permettre aux participants d’approfondir leurs connaissances et d’échanger avec des experts. Et pour ajouter une note ludique et motivante, la FRI propose le concours où les agriculteurs pourront enterrer un slip en coton deux mois avant l’événement et présenter son état de décomposition le jour de la fête. Les trois slips les plus dégradés seront récompensés.

(rke)

 

Christophe Mornod et ses collègues déterrant un slip en coton lors de la conférence de presse du 3 juin à Pontenet, organisée par la CAJB et la FRI. (photo rke)