Actualités

La séduction est une arme diabolique

Edition N°6 – 15 février 2023

M’étant toujours considéré comme un piètre dragueur en raison de ma timidité maladive, il va sans dire que ce billet d’humeur consacré aux séducteurs n’est pas le reflet de ma propre expérience, mon inspiration étant plutôt puisée en observant des experts en la matière. Mais quelle mouche m’a donc piqué pour m’aventurer sur ce terrain-là, me direz-vous ? La jalousie ? La délation ? La frustration ? Que nenni. Ce choix découle d’une réflexion de longue date. Ma première idée, c’était d’abord d’empoigner mon téléphone pour parler de ce sujet à Jean-Marc Richard dans La ligne de cœur, mais une telle intervention me semble quand même un peu plus corsée que celle de pianoter sur un ordinateur. Je me lance donc sans être effrayé par l’angoisse du bégaiement ou de la phrase incontrôlée que je risquerais de regretter d’avoir formulée à l’antenne. Se lancer d’accord, mais pour dire quoi ? Que la séduction est une arme diabolique quand on décide de l’utiliser sans le moindre scrupule. Les dégâts ne se mesurent pas forcément à court terme, mais plutôt lorsque ce qui devait être au départ un simple jeu de séduction se transforme en une idylle passionnée dont la proie naïve saisie par le prédateur peine à se défaire contrairement au tombeur de ces dames qui n’a fait qu’ajouter une victime supplémentaire à son impressionnant tableau de chasse. Il faut dire que derrière cette soif de conquêtes se cache un profond mal-être qu’il fait payer chèrement aux poupées de sa collection.

Si la drogue, l’alcool ou le jeu sont des addictions qui engendrent des effets destructeurs, ce n’est pas le cas de la séduction, la personne jouant ce rôle n’éprouvant finalement que des sensations agréables. Le plus stupéfiant avec ces « Casanova » irrésistibles réside dans le fait que leur pouvoir de séduction est susceptible de faire perdre la raison à la plus fidèle des épouses. L’explication de ce dérapage improbable s’explique facilement. Diable, ce n’est pas tous les jours qu’un prince charmant tombe du ciel. L’occasion de booster sa libido est donc trop belle pour ne pas lui donner une suite favorable. Total : le premier rendez-vous fixé se traduit par un moment magique qui se situe à des années-lumière de ce qui est vécu à la maison avec le papi, pour autant bien sûr que quelque chose soit encore vécu dans le lit conjugal. Moralité : méfiez-vous des beaux parleurs au physique attirant, tirés à quatre épingles, au parfum craquant, au rasage au poil et bénéficiant d’une certaine notoriété liée à leur situation professionnelle souvent enviable. Ne pas céder à la tentation vous évitera de briser une famille pour une partie de jambes en l’air. Non, le jeu n’en vaut pas la chandelle…

Olivier Odiet