Avec son numéro 124, la revue Intervalles présente la tradition paysanne des anabaptistes. Cette tradition est quasi-originelle puisque les princes-évêques de Bâle les ont accueillis au 16e siècle à condition qu’ils défrichent les hautes terres de leur territoire. Au travers de l’histoire de quelques familles, ce numéro raconte l’impact de cette minorité sur le paysage, l’agriculture et l’économie agronomique sur les hauteurs de la région.
En 2008, le numéro 82 « Les mennonites des hauteurs jurassiennes », paru sous la direction de Michel Ummel et de feu Jürg Gerber-Boillat, présentait la communauté dans une perspective historique, religieuse et culturelle. En un mot, c’était une démarche très intellectuelle pour comprendre cette communauté, ses particularités et les motifs de sa présence sur les hauteurs. Mais, avec le numéro actuel, la perspective est radicalement différente. Voici pourquoi il évoque au travers de plusieurs générations des familles Geiser, Gerber, Oppliger, Sauser et autres Ummel, la vie des paysans anabaptistes. Et si les textes d’aujourd’hui se concentrent essentiellement sur les premières décennies du siècle passé, le lecteur peut sans peine faire le lien avec la vie actuelle : épierrement des prés et des champs et réutilisation du matériau dans les murs de pierres sèches, lutte contre l’embroussaillement, etc.
Economie fromagère et élevage de la race du mouton brun-noir
Ce numéro souligne aussi l’impact agronomique du travail des anabaptistes notamment dans l’économie fromagère (développement du Chaux d’Abel, transmission de la recette de la Tête de Moine) et l’élevage (développement de la race du mouton brun-noir). Il rappelle aussi des situations qui laissent songeur : par exemple le temps où les paysans désireux de faire exploser des roches affleurant dans les champs allaient acheter du plastic à la droguerie du village !
Le bouquet final de ce numéro est un texte que l’écrivain Daniel de Roulet a écrit après un passage chez les amish de Pennsylvanie, « Les bretelles d’Amos ».
Le comité l’en remercie et exprime particulièrement sa gratitude à l’auteur du texte principal, M. Ulrich J. Gerber ainsi qu’à son frère, M. Jean-Pierre Gerber, pour les illustrations fournies. Il remercie aussi MM. Daniel Geiser et Jakob Sprunger de leurs témoignages personnels. Il est évident pour le comité d’Intervalles que les paysans œuvrant sur les hauteurs régionales et n’appartenant pas à la communauté anabaptiste ont eux aussi participé au développement agricole régional. Il ne s’agit pas de les ignorer ou de les dévaloriser. Cela va sans le dire, mais cela va mieux en le disant. (cp)
No 124 de la revue Intervalles
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