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L’art de prêcher par l’exemple

Edition N°14 - 13 avril 2022

Silvia Rubin, sur son balcon avec une vue imprenable sur Moutier. (photo ca)

Le sixième épisode de notre série consacrée à des personnalités de 65 ans et plus est dédié à Silvia Rubin pour qui le passage à la retraite, survenu au début de la pandémie, s’est traduit par une véritable révolution intérieure.       

« Toi, tu ne pourras jamais prendre ta retraite ! » c’est ce que ses amis et ses collègues répétaient à Silvia Rubin. Hyperactive, passionnée par son travail dans le tourisme régional auquel elle a consacré toute sa carrière professionnelle, passant d’apprentie à Pro Jura à responsable du Bureau d’accueil de Moutier de Jura bernois Tourisme, personne ne pouvait l’imaginer ailleurs que sur le pont. Même pas elle. « Je m’étais pourtant préparée psychologiquement longtemps à l’avance à passer cette étape », confie Silvia. « Mais je l’avoue, les deux-trois premiers jours, cela n’a pas été facile. Heureusement, mon mari m’a bien soutenue. »

Née le 4 mars 1956, elle arrive à la retraite le 1er avril 2020, au début de la pandémie. « La crise sanitaire m’a aidée à passer le cap. D’abord, il ne se passait plus grand-chose au niveau de l’activité touristique, donc j’ai pu boucler mes dossiers tranquillement avant mon départ. Ensuite, je n’ai pas été tentée de continuer à suivre l’actualité touristique dans les journaux, puisqu’il ne se passait plus rien. » Autre côté positif de cette situation qui condamne tout le monde à restreindre ses activités, ses nombreuses amies sont très disponibles et sont volontiers partantes pour l’accompagner dans ses promenades quotidiennes. « Ainsi, je n’ai pas été isolée du jour au lendemain et ça m’a donné un rythme. »

Passer du faire à l’être

Le passage à la retraite a aussi été une véritable révolution intérieure pour Silvia : « Je me suis demandé : pourquoi est-ce que ça me pose un problème de prendre ma retraite ? » La question, en fait, c’était : « Si je ne fais plus rien, est-ce que je vais encore exister ? » Et là elle réalise que jusqu’à présent elle s’est étourdie d’activités : en plus d’une vie de famille épanouissante et bien remplie avec un mari et deux enfants, son travail de responsable du bureau de Moutier de Jura bernois Tourisme, où elle a formé avec passion des générations d’apprentis et stagiaires, son engagement politique (un an et demi conseillère de ville et huit ans conseillère municipale) elle s’est investie dans de multiples associations.

« Ma nature profonde c’est de m’engager, d’aider, d’être à l’écoute », confie Silvia. Mais l’heure de la retraite, qui la contraint à abandonner son activité principale, la fait réfléchir sur ses priorités. « J’ai décidé d’être, plutôt que de faire. De prendre le temps de vivre et de partager. »

Partager sa foi

« Tous les jours je vais marcher et j’attache une grande importance à l’amitié et aux rencontres », confie la jeune retraitée. Cependant, si elle a considérablement réduit ses activités, Silvia n’a pas opté pour autant pour une vie totalement contemplative.

Dans le cadre de son engagement au sein de la Paroisse réformée de Moutier, elle continue à aller visiter les personnes de plus de 80 ans : « C’est l’occasion de faire de belles rencontres ! » Et elle préside toujours le Service des Repas à Domicile à la tête de laquelle elle a remplacé feu Mady Graf : « Cette association, qui existe depuis quarante ans, concocte et livre cinquante à soixante repas tous les jours. Elle joue un rôle social important à Moutier et elle ne peut exister que grâce à toute une équipe de bénévoles. J’y suis très attachée. »

Profondément croyante, elle a à cœur de partager sa foi chrétienne, mais en prêchant par l’exemple. D’où lui vient sa foi ? « A trois ans, j’ai été placée avec mon frère et mes sœurs aux Petites familles à Grandval. C’est un couple chrétien, les Maeder, qui étaient responsables de l’institution et qui ont, de fait, été nos parents adoptifs. On priait avant de manger, avant de dormir…ainsi les graines ont été semées et ont trouvé un écho en moi. »

« Je vis chaque jour comme un grand jour »

Une enfance et une adolescence qui n’ont pas toujours été faciles, mais à 66 ans, Silvia porte un regard positif sur sa vie : « Aujourd’hui, je trouve que j’ai eu beaucoup de chance : j’ai eu une vie de famille épanouie avec mon mari et mes deux enfants, j’ai eu un travail passionnant dans lequel j’ai pu m’investir et je réalise que si je n’avais pas souffert moi-même, je ne pourrais pas partager et rejoindre la souffrance des autres. » Elle ajoute, pour conclure : « Je suis sereine, confiante, dans la reconnaissance, et je vis chaque jour comme un grand jour. »

Claudine Assad

Silvia Rubin, sur son balcon avec une vue imprenable sur Moutier. (photo ca)