Mécanos de production, décolleteurs, polymécaniciens et même dorénavant micromécaniciens du CAAJ sont désormais logés sur un étage du Forum de l’Arc. Comme autrefois dans le Centre Professionnel Tornos (CPT), pionnier de la formation duale, pratique et théorique. Souvenirs, souvenirs.
Retour aux sources. En 1961 déjà, les besoins des PME régionales (Tornos, Schäublin, Wahli, Kummer, Bechler et bien d’autres) de disposer d’un lieu commun d’apprentissage deviennent pressants. En 1962, le Canton de Berne reconnaît officiellement la mise sur pied d’une école professionnelle cantonale. Le Centre Professionnel Tornos (CPT) est né et s’installe dans les bâtiments de l’actuel Forum de l’Arc avec une mise en commun des ressources financières cantonales bernoises et privées de Tornos. Un tandem état-privé qui emploie une vingtaine d’enseignants et moniteurs d’apprentissage sur trois étages, avec le rez-de-chaussée. L’affaire cartonne ! Au début des années 1990, le CPT accueille plus de 160 apprentis sous contrat, Tornos employant alors quelque 900 collaborateurs en Suisse.
Zig-zag formateur
Les formations dispensées sur quatre et deux ans aboutissent à des CFC de mécaniciens de précision ou machines, dessinateurs, électroniciens et serruriers de construction. À la fin des années 1990, pour des raisons financières, le Canton de Berne arrête alors le financement de l’enseignement théorique au CPT pour ne continuer à subventionner que l’EPAM à St-Imier et Tavannes. Tornos redevient un centre d’apprentissage et perd le statut d’Ecole professionnelle, puis, après quelques années, le Canton arrête également de financer l’enseignement théorique à l’école de Tavannes. Conséquence : de 130 apprentis (pour cinq formations) et vingt moniteurs en 1996, le CPT passe à quatre-vingt apprentis et six moniteurs. En 2002, en parallèle à la réduction de ses effectifs, Tornos réduit la voilure de son centre : il ne reste que trente-deux apprentis polymécaniciens et deux moniteurs ! La formation de dessinateur est également arrêtée. Mais en 2007, en coopération avec cinq partenaires, Tornos décide de reprendre la formation de dessinateur-constructeur selon un nouveau concept.
L’atelier mythique de 4e année
Après ces balbutiements, le Centre d’apprentissage de l’Arc jurassien (CAAJ) voit le jour à Moutier en 2012, puis avec d’autres antennes à La Chaux-de-Fonds et Couvet. Et pour commémorer son dixième anniversaire, l’établissement prévôtois a déménagé de la rue de l’Est à Moutier à l’étage supérieur du Forum de l’Arc dans l’atelier mythique de 4e année, tenu durant plusieurs décennies – à l’époque dorée du Centre Professionnel Tornos – par Gérald Odiet, papa d’Olivier, rédacteur en chef de La Semaine.
Un système d’apprentissage envié à l’échelle mondiale
Vous avez déplacé toutes vos machines ? « Non, pas toutes. Parmi les conventionnelles, dont une quinzaine à cames, nous en n’avons gardé que trois. Elles ont toutes été remplacées par des machines à commandes numériques CNC. En mécanique on s’est aussi modernisé, car on a la chance de former les micromécaniciens en plus des mécaniciens de production (option décolletage) et polymécaniciens. D’ailleurs notre système d’apprentissage en dual (réd. : école-entreprise) nous est envié à l’échelle mondiale. Notre succès, c’est 98 % de réussite aux examens partiels et 98,5 % aux examens de CFC », souligne Danielle Ackermann, directrice du CAAJ.
Apprentie de première année comme mécanicienne de production durant 3 ans chez MPS à Court, Lana Zaugg se plaît dans ces nouveaux locaux : « J’aime beaucoup la précision, faire des programmes et surtout utiliser mes mains. » Ambitieuse ? « La mécanique c’est ma passion et j’espère aller plus haut avec un diplôme de polymécanicienne. »
Le SIAMS pas impacté
Implanté sur un étage, le CAAJ ne gênera pas le déroulement du prochain SIAMS, du 16 au 19 avril 2024, car le salon international des microtechniques n’utilise pas cet endroit. « Oh, on souhaite quand même trouver une solution pour obtenir un deuxième emplacement sans gêner le SIAMS », songe Danielle Ackermann. Même à l’étroit, le salon saura sans doute remédier à ce challenge.
Roland J. Keller
