Sorvilier n’offre plus ses commodités d’antan au niveau du tissu commercial, mais sa tranquillité est un argument susceptible d’attirer de nouvelles familles et garantir ainsi la pérennité de l’école. Ce constat émane de François Romy, figure emblématique du village qui s’est investi pour la commune bourgeoise durant cinquante-trois ans en occupant pratiquement toutes les fonctions composant la riche palette d’un conseil bourgeois.
Né le 12 novembre 1947 sous le regard bienveillant de Mme Chavaillaz, sage-femme ayant mis au monde près de 4000 nouveau-nés à Reconvilier, François Romy s’est toujours intéressé au monde paysan alors que ses quatre frères ont plutôt lorgné en direction des métiers du bâtiment, de la microtechnique et de l’électricité. Après avoir suivi l’école primaire de Sorvilier durant neuf ans, son père lui a trouvé une place d’apprentissage à Gelterkinden (Bâle-Campagne) sur une ferme laitière qui comptait plus d’une centaine d’arbres fruitiers dont une grande majorité de cerisiers. Après avoir obtenu son CFC d’agriculteur à l’école d’agriculture de Courtemelon en 1965, il a travaillé à la ferme familiale avec son père. Clin d’œil du destin, il a ensuite épousé la fille de M. Anton Cindric, de nationalité croate, avec lequel il avait travaillé en équipe durant l’hiver au sein de la scierie Houmard SA, à Malleray. Atteint dans sa santé en 1990, François Romy a dû mettre un terme à la riche expérience vécue avec son épouse en tant qu’agriculteur indépendant (production laitière, travaux forestiers, gestion de deux employés). En 1993, il a opéré une reconversion dans le domaine du décolletage via un apprentissage de trois ans au sein de l’entreprise Henri Girod à Court. Ce tremplin l’a propulsé dans de nombreuses entreprises de la région jusqu’en 2019.
Fonctions multiples au sein de la bourgeoisie
Sur sa carte de visite, François Romy présente également un riche parcours associatif. Il a occupé la fonction de secrétaire de la Société de tir de Sorvilier depuis 1995 jusqu’à sa dissolution en 2021. Depuis 1993, il assure la présidence du Ski-Club. Ancien président des sociétés réunies du village, dont la dissolution a été prononcée cette année, François Romy s’est également impliqué au sein de la paroisse avec à son actif une période et demie au conseil de paroisse. Sa présidence à l’assurance du bétail est intervenue à une période où la formule en vigueur a beaucoup aidé les agriculteurs à surmonter leur chagrin de perdre une bête. On ne peut raisonnablement pas brosser le portrait de François Romy en passant sous silence son engagement d’une durée de cinquante-trois ans au sein de la commune bourgeoise de Sorvilier. Il a pratiquement occupé toutes les fonctions d’un conseil bourgeois : conseiller, vice-président, secrétaire, président. Aujourd’hui, il a pris du recul et constate que l’avantage de prendre des responsabilités de manière durable dans une administration permet de concrétiser des projets de longue haleine. Revers de la médaille : cette fidélité peut faire de l’ombre à des forces vives disposant du profil requis pour reprendre une fonction qui ne se libère pas.
Un vote qui laisse des traces
On ne trahira pas un secret en précisant que Sorvilier a vécu des moments douloureux liés à la Question jurassienne. Le vote sur l’appartenance cantonale organisé en septembre 2017, dont le verdict a affiché 121 NON contre 62 OUI, laisse encore des traces dans le village aujourd’hui : « Ce vote a créé une forme de malaise et la plaie n’est hélas toujours pas refermée », regrette François Romy en ajoutant que certaines personnes à l’opinion bien tranchée ne s’adressent toujours pas la parole.
Si Sorvilier peut se targuer d’avoir pu maintenir une école, un garage et un restaurant, tel n’est pas le cas de certaines commodités comme la poste où de nombreuses enseignes commerciales (salon de coiffure, laiterie, boucherie, boulangerie, mercerie, épicerie, alimentation, banque, fabrique de petit beurre Kunz et un deuxième restaurant). Invité à trouver un argument de poids qui pourrait inciter de nouveaux habitants à élire domicile à Sorvilier, François Romy évoque l’atout de la tranquillité : « Le fait d’être continuellement sous pression et de vivre dans un stress permanent avec des horaires incroyables joue en faveur des petits villages pour la simple et bonne raison que les gens sont actuellement en quête de tranquillité. Se mettre à l’abri du bruit pour trouver la sérénité, ça n’a pas de prix. Et comme les commodités perdues à Sorvilier se trouvent à quelques minutes de voiture seulement, je ne me fais pas trop de souci pour l’avenir du village. »
Olivier Odiet